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Un jour avec Julien Dincq, tondeur de moutons

Julien Dincq est tondeur de moutons en Haute-Vienne et intervient avec sept autres collègues dans les 200 et quelques élevages ovins du département.

Le métier de tondeur est technique et physique, il est primordial d'avoir du bon matériel et en bon positionnement pour se préserver.
Le métier de tondeur est technique et physique, il est primordial d'avoir du bon matériel et en bon positionnement pour se préserver.
© E. Skowron
 

Curriculum

 

 
Un jour avec Julien Dincq, tondeur de moutons
© E. Skowron

 

BTS agricole et production animale

Commence la tonte à 20 ans

Tondeur (statut d’autoentrepreneur) puis éleveur à 25 ans.

7 h

 

 
Un jour avec Julien Dincq, tondeur de moutons
© E. Skowron

 

La journée commence par la préparation du matériel de tonte. Julien Dincq affûte une série de peignes et de contre-peignes, qui serviront pendant la journée. La mallette à outils contient la tondeuse, les peignes et contre-peignes qui s’adaptent sur la poignée de la tondeuse et les outils d’entretien : grattoirs, huile… En plus de la tondeuse, le matériel de tonte se compose du plancher de tonte, de la potence à laquelle s’accroche le moteur de la tondeuse et du cadre pour la laine. L’ensemble de ce matériel, affûteur compris, représente un investissement de 4 000 euros.

8 h

 

 
8h15
8h15 © E. Skowron

 

Une fois le matériel prêt, Julien Dincq se rend chez un éleveur qui a aujourd’hui 400 bêtes à tondre, principalement des agnelles. Une journée de tonte correspond en moyenne à sept heures de travail pour 200 à 250 bêtes. Julien retrouve un collègue, Christophe Riffaud, avec qui il va mener ce chantier. Ils sont huit tondeurs dans le groupe et organisent les plannings ensemble, en travaillant souvent par équipes de deux, « c’est plus sympa ». Ils préparent le chantier de tonte, en installant les tondeuses, tandis que les cadres de laine sont montés par les deux éleveurs. L’éleveur possède une salle de tonte à deux postes, le plancher de tonte n’est donc pas nécessaire. Les deux tondeurs portent une tenue adaptée : « des chaussures en feutre ou en cuir et surtout sans semelle, c’est important d’être bien à plat pour le dos. Le jean est doublé pour amortir les frottements car nous tenons les animaux entre nos jambes ».

8 h 30

 

 
Un jour avec Julien Dincq, tondeur de moutons
© E. Skowron

 

La tonte commence une fois la musique allumée. Le métier de tondeur est physique et technique. « On est toujours penché mais il est important d’être dans une bonne position. Il faut être souple et gainé à la fois pour garder le dos bien droit. Il faut tenir la bête pour qu’elle soit à l’aise, dégager ses voies respiratoires. Une bonne contention facilite aussi la tonte pour nous. Si on a les bonnes positions et la bonne contention, on force beaucoup moins et certains tondeurs travaillent jusqu’à 60 ans. » La méthode de tonte repose sur un enchaînement de gestes précis, les passes, pour garantir le bien-être de l’animal et par extension celui du tondeur. La méthode dite néo-zélandaise est utilisée par la majorité des tondeurs, dont Julien et Christophe. Elle a notamment l’avantage de garder la toison entière. Une fois l’animal attrapé, la tonte commence au niveau du ventre et se termine en moins de deux minutes en bas du dos. Les brebis sont très calmes, « ça va tellement vite qu’elles n’ont pas le temps d’avoir peur, elles se laissent manipuler très facilement » commente l’éleveur. Les éleveurs gèrent les lots et les amènent dans l’aire d’attente de la salle de tonte. Ils gèrent les flux d’animaux dans les deux zones d’attrapage. Ils s’occupent également du ramassage de la laine et de la mise en ballots.

12 h

 

 
Un jour avec Julien Dincq, tondeur de moutons
© E. Skowron

 

Le repas, offert par l’éleveur, est un moment convivial où l’on discute. Les éleveurs et tondeurs se connaissent généralement bien. « C’est un métier avec des journées fatigantes, donc s’il n’y avait pas une bonne ambiance, ça ne vaudrait pas vraiment le coup. » La majorité des tondeurs sont éleveurs en parallèle, la saison de tonte représentant environ trois mois par an suivant les régions. Julien est éleveur ovin et Christophe éleveur bovin. En France, la saison de tonte commence au printemps, d’avril à juin pour les brebis, puis juillet et août pour les animaux les plus jeunes. Il y a aussi un peu de tonte en automne-hiver pour les agnelages de cette période lorsque la lactation est en bâtiment, afin d’améliorer le confort des brebis. Ce travail saisonnier ne permet pas aux tondeurs d’être en activité sur toute l’année. Les tondeurs à plein temps vont souvent travailler dans l’hémisphère sud, où la saison de tonte, qui va de novembre à février, est inversée avec celle de l’hémisphère nord.

14 h

 

 
Un jour avec Julien Dincq, tondeur de moutons
© E. Skowron

 

« La tonte augmente la capacité d’ingestion des brebis donc une fois tondues, les brebis reprennent du poil de la bête. » La tonte se fait donc avant l’agnelage et la lactation ou avant la lutte. Elle permet aussi de lutter contre les myiases. Le tondeur a un rôle de conseil auprès de l’éleveur pour positionner le calendrier de tonte. Une brebis est d’autant plus facile à tondre qu’elle est dans un bon état corporel et il ne vaut mieux pas tondre pendant la lactation. Si une brebis n’est pas en bon état, elle risque d’avoir froid une fois tondue. Lors de la tonte, les brebis doivent être à jeun pour leur confort et pour éviter au maximum que la laine ne soit souillée. Au cours de la journée, la tondeuse est régulièrement huilée, et les peignes et contre-peignes changés : un peigne sert pour 50 à 80 brebis, un contre-peigne pour 10 à 20 brebis. « Il faut les changer avant qu’ils ne coupent plus. L’hiver, ils s’usent plus vite car la laine est plus froide, tandis qu’en été, la lanoline, la graisse contenue dans la laine, est plus liquide et facilite la tonte. Il y a plusieurs modèles de peignes et contre peignes, qu’on utilise en fonction de la laine. »

17 h

 

 
Un jour avec Julien Dincq, tondeur de moutons
© E. Skowron

 

Fin de la tonte, « un bon chantier qui a un côté festif ». Le métier de tondeur est souvent familial mais ça n’a pas été le cas de Julien. « Je voyais le tondeur venir sur l’élevage de mon père. Il allait s’arrêter et m’a donc formé. J’ai également fait quelques stages organisés par l’Association des Tondeurs de Mouton (ATM). Ces stages sur trois jours permettent d’acquérir les bases de la méthode, notamment la contention de l’animal et puis la technique. Après un premier stage à l’ATM, on peut faire 50 bêtes dans la journée. Ensuite il faut enchaîner les chantiers, pour prendre le rythme et l’habitude musculaire. La première saison de tonte, on peut arriver à tondre 100 bêtes par jour, et si on travaille avec des tondeurs expérimentés et qu’on fait régulièrement des stages de perfectionnement. En progressant, on arrive à faire 200 bêtes à la deuxième ou troisième saison. » Le CSO, certificat de spécialisation ovine, intègre également le stage de tonte de l’ATM dans sa formation. Julien a créé son entreprise individuelle et a fait deux ans de tonte à plein temps avec des saisons en Nouvelle-Zélande, où la tonte s’organise en équipes de six à huit tondeurs. C’est donc l’occasion d’échanger avec plusieurs tondeurs et d’engranger de l’expérience. Julien s’est ensuite installé en ovin avec son père. « En étant tondeur, je vois une centaine de fermes par an, donc je vois une grande diversité de systèmes d’élevage, c’est très enrichissant avant de s’installer ! ».

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