S’installer sans agrandir la surface de l’exploitation
Dans une zone où il est difficile de trouver des terres pour s’installer, l’élevage ovin apparaît comme une opportunité. À condition bien sûr d’être motivé par cette production.
Dans une zone où il est difficile de trouver des terres pour s’installer, l’élevage ovin apparaît comme une opportunité. À condition bien sûr d’être motivé par cette production.
En novembre 2013, Frédéric Laurin s’installe en EARL avec sa mère sur une exploitation céréalière de 80 hectares à Payré dans la Vienne. Son père vient de partir à la retraite mais aucune possibilité d’agrandissement ne s’est présentée au cours des années précédentes. Élevé dans une exploitation de grandes cultures (céréales-colza et tabac), Frédéric a fait ses études en productions végétales mais montrait un intérêt pour l’élevage dès l’adolescence. Les stages réalisés alors qu’il était en BAC professionnel chez des éleveurs ovins l’ont renforcé dans son choix. « J’avais demandé une étude au centre de gestion pour créer un atelier de 600 brebis et elle montrait que c’était viable sans autofinancement, explique Frédéric. Je me suis donc lancé ! ».
« Je me considère comme un éleveur qui produit des céréales »
Les 200 premières agnelles arrivent en janvier 2014. Après plusieurs visites chez des éleveurs en zones céréalières, il choisit de s’installer en race Romane. Une bergerie de 1 800 m² est construite. En 2016, un prêt supplémentaire est demandé à la banque pour construire un hangar de 600 m² et agrandir la bergerie de 400 m². Un parc de contention, une salle de tonte et des parcs pour engraisser des agneaux y sont installés. L’investissement total atteint 335 000 € dont 310 000 € pour les bâtiments. Les annuités s’élèvent alors à 43 000 € (sans compter celles liées au cheptel) une fois les aides liées à l’installation (17 300 €), du plan de modernisation des bâtiments d’élevage (25 500 €) et du plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (33 000 €) déduites.
En 2017, le troupeau compte 700 brebis, soit 100 brebis de plus que le projet initial. Et Frédéric est désormais multiplicateur. « J’ai donné priorité à mon outil de travail. Les résultats techniques sont supérieurs aux prévisions trois ans après mon installation et la marge brute est de 95 € par brebis en 2015. Mais l’exploitation n’est pas encore rémunératrice. Il faut dire que j’ai investi davantage que ce qui était prévu au départ. C’est mon choix car je pense qu’il vaut mieux investir à 25 ans que plus tard ».
Des fourrages conservés à près d’une UF
L’assolement de l’exploitation a beaucoup évolué depuis 2013. Désormais, il n’y a plus que 30 hectares de céréales, toutes autoconsommées. Les prairies dont 10 hectares sont irrigués sont composées de luzerne, de dactyle ou bien de ray-grass hybride semés en pure. Elles sont exclusivement fauchées pour produire du fourrage d’excellente qualité, sous forme d’enrubannage et de foin. Les brebis sont en bergerie toute l’année. « Je suis autonome en énergie et en protéines pour les brebis. Je n’achète que le complémentaire azoté pour les agneaux et de la paille en andains chez des voisins ».
À la fin de l’année 2017, la mère de Frédéric va prendre sa retraite et il travaillera seul sur l‘exploitation. Il s’y prépare. Il envisage de supprimer la surface en tabac, trop gourmande en main-d’œuvre. S’installer en ovins est atypique dans cette zone de plaine de la Vienne où il n’y avait plus de brebis. « Ces dernières années, il y a eu quatre créations de troupeaux comme la mienne dans un rayon de 10 kilomètres autour de chez moi, ce qui représente 2 000 brebis au total" apprécie Frédéric.