Méteils et dérobées pour sécuriser son système fourrager
En région Centre-Val de Loire, les méteils, associations de céréales, légumineuses et protéagineux, constituent un levier d’adaptation aux changements climatiques.
En région Centre-Val de Loire, les méteils, associations de céréales, légumineuses et protéagineux, constituent un levier d’adaptation aux changements climatiques.
Face aux épisodes récurrents de sécheresse et de canicule qui frappent le monde agricole, méteils et dérobées estivales permettent de constituer des stocks et ainsi sécuriser son système fourrager. En effet, ils pourraient fournir 30 à 40 % de marge de sécurité supplémentaire. Semés à l’automne, en même temps que les prairies, les méteils permettent d’obtenir une récolte précoce au printemps et sécuriser l’implantation de prairies sous couvert. Le méteil doit être rentable en associant valeurs alimentaires et rendement sans pénaliser la culture qui suivra.
Quelles espèces choisir pour un haut rendement ?
La récolte précoce permet d’avoir un compromis entre un rendement optimal et une valeur alimentaire qui couvre les besoins des animaux. D’après les résultats de la ferme expérimentale des Bordes dans l’Indre, le sorgho multi coupe reste le plus intéressant, avec un rendement allant de 5 à 8 tonnes de matière sèche par hectare. « Attention au fil avant et arrière dans la gestion du pâturage pour éviter les refus », précise Pauline Hernandez, conseillère fourrages à la chambre d’agriculture de l’Indre. Le moha procure également de hauts rendements mais nécessite une attention particulière car il a une croissance rapide. Le teff grass, quant à lui, valorise bien la fertilisation.
Les dérobées estivales
Les dérobées estivales peuvent être mises en place après des fourrages récoltés au printemps, tels que des méteils ou sur des prairies temporaires. Un semis précoce, mi-avril, confère une bonne implantation et une levée optimale. On peut les semer jusqu’à début juin mais attention au manque d’eau. En effet, les couverts sont très variables selon la pluviométrie. « C’est un coup de poker, on est jamais sûr d’avoir le rendement escompté », affirme Pauline Hernandez. On estime qu’une année sur deux est favorable aux dérobées. Ces cultures intermédiaires sont aussi intéressantes pour la maîtrise du salissement de la parcelle et constituent un bon précédent aux céréales d’hiver.
L’intérêt des légumineuses dans les cultures dérobées
Une proportion importante de légumineuse dans le fourrage augmentera la teneur en énergie et en protéines au détriment du rendement. Une récolte très précoce est à envisager afin d’éviter les problèmes de verse. Ici encore, tout est question de compromis entre récolte très précoce et potentiel maximal de la légumineuse. Dans ce cas, on joue sur la précocité des variétés. La vesce velue, utilisée en culture dérobée sous pâture, connaît une croissance rapide et importante. Si la vesce est prisée pour sa rusticité, les coordinateurs du programme Herbes et Fourrages alertent cependant sur sa toxicité. « On a eu des cas de toxicité en Indre-et-Loire en bovins lait donc il faut faire attention », alerte Bruno Rollet, conseiller ovin à Ovins Berry Limousin.
De nouvelles espèces prometteuses
Concernant l’appétence au pâturage, de nombreux tests mettent en avant des graminées telles que le moha, le teff grass ou encore le millet. Cependant, l’expérience étant différente d’un éleveur à l’autre, il est nécessaire de tester ces différentes espèces pour trouver celle la plus adaptée à son système. Le blé égyptien, de la famille du sorgho, constitue une piste intéressante. L’association maïs-labLab est aussi envisagée pour augmenter la teneur en matières azotées totales de son ensilage. Après des essais dans le département de l’Indre-et-Loire, dont les résultats devraient paraître prochainement, la recherche sur de nouvelles variétés continue.