Cabinet de gestion PâtureSens
Des conseillers privés pour pâturer comme en Nouvelle-Zélande
PâtureSens propose accompagnements et formations pour tirer au mieux profit de l’herbe pâturée. Exemple de trois éleveurs qui délaissent les bovins au profit des ovins.
En ce froid matin d’avril, une petite douzaine d’éleveurs se retrouve à Laussou en Dordogne chez Olivier Malet, un éleveur bovin laitier bio. Au cœur des discussions des deux jours de rencontres qui démarrent, l’herbe et la gestion du pâturage. « Cette année, il y a eu beaucoup d’herbe tôt puis le froid et le sec ont ralenti la pousse », témoigne l’un d’eux, un café à la main. Ces éleveurs sont persuadés que l’herbe à une vraie valeur et qu’il faut apprendre à l’exploiter au mieux. Se retrouvant régulièrement chez l’un ou l’autre, ces éleveurs bovins et ovins de Dordogne ou du Lot-et-Garonne ont l’habitude d’échanger sur leurs pratiques du pâturage. Réunis dans un GIEE Cap pâturage, ils font appel au cabinet de conseil en gestion du pâturage PâtureSens pour se former et progresser.
Ce cabinet spécialisé a déjà à son actif plus de 2 000 éleveurs formés et plus d’un millier de suivis personnalisés. L’entreprise a été créée il y a trois ans par Shane Bailley qui a repris et développé l’affaire de son père John. « Je suis né dans un élevage ovin de l’Aude et j’ai grandi sur une ferme néo-zélandaise de 6 000 ovins », explique Shane. Avec cette formation pratique de terrain et un master de commerce, le jeune homme de 30 ans conseille désormais les éleveurs qui veulent développer leur pâturage. Avec une dizaine d’autres consultants associés, il aide les exploitants à mettre en place le pâturage de précision sur leur prairie. « Ce sont des conseils de pâturage inspirés des techniques néo-zélandaises mais adapté aux contextes locaux » décrit Shane Bailey.
Un mode d’emploi et un plan de pâture bien réglé
De plus en plus d’éleveurs font appel aux consultants de PâtureSens. Les deux frères Mandavy, installés à Laussou dans le Lot-et-Garonne, sont de ceux-là. Quand ils décident de convertir leur élevage bovin en agriculture biologique en 2014, ils participent à une formation avec leur voisin Patrick Antignac et rencontrent Shane Bailey de PâtureSens. En mars 2015, celui-ci vient une journée sur la ferme et leur conseille en substance de privilégier les bovins sur les ovins. « Nous avions 80 charmoises pour faire de l’agroforesterie sous les noyers dans une parcelle éloignée mais surtout 85 vaches allaitantes, explique Jérôme Mandavy. Nous avons bien réfléchi et, avec notre voisin, nous avons décidé de développer l’ovin au détriment des bovins. » Sur les conseils de Shane, ils traversent la Manche et achètent des béliers Romney et 200 Mules, une race rustique, prolifique et maternelle qui valorise bien l’herbe.
L’hiver 2015-2016 est passé à clôturer les prairies et installer les adductions d’eau en suivant scrupuleusement le découpage du parcellaire dessiné par PâtureSens. « Avec nos remarques, la proposition initiale de PâtureSens a été modifiée trois fois pour que le parcellaire colle le mieux à notre exploitation » explique Jérôme. En plus de ce découpage en 60 parcelles de 0,7 à 0,8 hectare, Shane Bailey laisse un véritable mode d’emploi de l’élevage ovin avec un plan de gestion et des tableaux avec des dates clefs sur les rotations, les agnelages… Ce document d’une quinzaine de pages est souvent consulté par les deux frères jumeaux de 26 ans.
Chicorée, plantain et trèfle pour l’engraissement des agneaux
Les deux frères du Gaec des Fontaines ne regrettent pas leur investissement de 1 000 euros dans le conseil. « Il nous aurait été impossible de faire ce plan tout seul. Et, grâce au pâturage, nous faisons de grosses économies sur les appros et sur la mécanisation » explique Joël Mandavy en précisant qu’ils ont troqué un tracteur contre un quad et un bon chien. Le semis des prairies sera confié à un prestataire. « En nous installant en 2013, trois postes économiques nous gênaient : la fertilisation où l’on ne retrouvait pas ce qu’on mettait, le travail du sol et la mécanisation. Avec le 100 % pâturage et sans bâtiment, le système économique est imbattable si l’herbe est bien gérée ».
60 hectares ont été plantés avec un mélange de plantain, chicorée et graminées : 45 hectares servent aux pâturages tournants et 15 hectares à la fauche pour l’instant. 15 autres hectares sont implantés en mélange d’été avec chicorée, plantain et trèfle. Ces surfaces servent à l’engraissement des agneaux pendant la période chaude. 40 hectares de pâture sous les noyers devaient aussi être valorisés à terme. En deux ans, le troupeau bovin est passé de 85 à 48 vaches allaitantes et il ne sera que de 25 têtes à terme. En parallèle, le troupeau ovin, avec actuellement 300 brebis, devrait progressivement monter à 600 têtes.
Un cabinet vétérinaire et des fermes de démonstration en projet
Suivant le principe du pâturage de précision, le pâturage est rapide et trois lots se suivent sur une parcelle en restant chacun une journée : d’abord 25 brebis avec des doubles, ensuite 100 agneaux avec des simples puis 18 vaches allaitantes. « Nous redécoupons les lots en petit groupe d’une dizaine pour les agnelages qui ont lieu entre le 20 mars et le 15 avril » explique Joël Mandavy. En se promenant dans les parcelles, Shane Bailey note surtout l’excès d’herbe. « C’est trop haut ! Vous pouvez encore râper, note-t-il. Il ne faut pas avoir peur de charger. Si l’herbe n’est pas mangée, elle ne poussera pas davantage. »
Voisins des frères Mandavy, Patrick et Didier Antignac suivent la même remise en cause. À 55 ans, Patrick n’a pas hésité à délaisser les veaux sous la mère au profit de l’élevage ovin. « On découvre tout de l’élevage et du pâturage, reconnaît l’éleveur, très avide d’échanges et de conseils. Le pâturage demande peu d’investissement mais beaucoup d’accompagnement et de réassurance ». Avec le GIEE Cap pâturage, ils ont d’ailleurs prévu un voyage aux Pays de Galle l’an prochain et ils rêvent d’aller en Nouvelle-Zélande. Quand il présente sa ferme, Patrick plaisante : « j’ai 160 hectares, 100 hectares de trop et deux tracteurs à vendre… » Aujourd’hui, avec 200 brebis de race Mule, un quad, un bon chien et un herbomètre qui ne sert pas encore beaucoup, il espère se simplifier le travail au quotidien. Pour gérer le parasitisme, Pierre-Moran Mouchard, nouveau consultant à PâtureSens, préconise que les brebis ne soient jamais déparasitées. Seuls le sont les agneaux qui, pesés régulièrement, ne grossissent pas assez vite.
Pour le cabinet PâtureSens, le conseil passe par de l’accompagnement individuel mais aussi beaucoup par la formation de groupe. « Avec le document, notre visite et les formations qui permettent de recalibrer le projet, les éleveurs doivent être autonomes au bout d’un an », indique Shane Bailey. Les conseils se poursuivent aussi sur le blog www.je-pature.com et sur le réseau social Facebook où le cabinet est assez actif. Pour l’avenir, les projets ne manquent pas. PâtureSens envisage de reprendre un cabinet vétérinaire afin de pouvoir dispenser des conseils vétérinaires par téléphone sans vente de produit. Les consultants aimeraient aussi créer des fermes de démonstration pour les bovins et ovins, allaitants et laitiers. « Nous n’avons plus à montrer que l’herbe fonctionne, décrit Shane Bailey, même dans les conditions difficiles. Maintenant, il nous faut plutôt montrer la technique du plein air intégral au plus grand nombre. »
Un suivi personnalisé et des formations de groupe
« Un conseil pour mon 100 % pâturage »
« Je me suis installé à plein-temps en janvier en renforçant mon troupeau de blanche du Massif Central et de mouton Charollais par 200 Wairere, une souche néozélandaise de Romney, que je suis allé chercher en Angleterre. C’est une race maternelle, bien adapté au pâturage et qui peut agneler dehors. À l’avenir, quand le troupeau sera entièrement Wairere, mes 360 à 400 brebis vont rester tout le temps dehors. PâtureSens est venu l’an dernier pour voir l’organisation des prairies et me conseiller pour le 100 % pâturage. J’ai calé mes mises-bas en fin d’hiver pour profiter de la pousse de l’herbe au printemps car je vais vendre l’essentiel des agneaux en vente directe de juin à septembre. Quand on sera calé, la bergerie abritera des camping-cars, une salle de tonte et un couloir de contention pour les pesées bimensuelles. »
Combien ça coûte ?
1 000 euros pour démarrer
PâtureSens propose le pack de mise en place à 1 000 euros HT. Le conseiller passe une grosse demi-journée sur la ferme à échanger avec l’exploitant puis il fournit quelques jours plus tard une proposition du parcellaire (taille des parcelles, chemin, abreuvement, clôture…). Le cabinet fournit aussi un plan de pâturage, véritable mode d’emploi personnalisé de l’élevage ovin.