Des agneaux 100 % à l’herbe avec le pâturage tournant
En Charente, Jean-Marie et Bénédicte Renard produisent des agneaux 100 % à l’herbe grâce à un système de pâturage tournant.
Sur l’exploitation de Jean-Marie et Bénédicte Renard, à Bois d’Amon en Charente, les agnelages ont lieu de mi-février à début mai. Les agneaux simples pâturent avec leur mère juste après la naissance, dans des lots de 80 brebis et les doubles à partir de huit jours (lots de 50 brebis). L’éleveur a donc en tout sept à huit lots de brebis avec agneaux. Ces lots sont répartis dans des parcelles en pâturage tournant rapide, soit un changement de parc tous les jours avec des parcelles de 1,5 hectare autour de la bergerie. Cette proximité avec le bâtiment facilite la surveillance. Par la suite, les lots avec des agneaux simples sont transférés sur le deuxième site de l’exploitation, à 12 kilomètres du siège. Le pâturage tournant continue ainsi jusqu’au sevrage des agneaux avec des changements de parcelles toutes les 24 à 48 heures. L’objectif de ces changements régulier est de stimuler l’appétit des brebis grâce à l’appétence de nouveaux pâturages. Cette pratique est facilitée par un parcellaire découpé en parcelles de deux à trois hectares et surtout par l’équipement en abreuvoirs automatiques et en tonnes à eau. L’exploitant en possède huit au total soit autant que le nombre de lots ce qui limite les manipulations. Les agneaux sont sevrés entre 3,5 et 5 mois puis les mâles sont séparés des femelles. Les éleveurs répartissent les mâles en trois lots avec un lot en engraissement de 52 agneaux maximum afin de limiter la concurrence, un lot de pré-engraissement où toutes les deux à trois semaines l’éleveur peut réalimenter le stock du lot d’engraissement et un lot d’agneaux de stock qui aliment toutes les deux à trois semaines le lot pré-engraissement. Le lot d’engraissement pâture les parcelles de fauche les plus riches en trèfle.
Les prairies comme unique source d’alimentation
Les éleveurs vendent les agneaux à partir de 3-4 mois pour les plus gros et vendent les derniers à 9-10 mois avec un poids moyen, à la vente de 18,5 à 19 kg de carcasse. Ils fournissent donc des agneaux 100 % herbes mais il regrette que la filière paye les agneaux « comme les autres alors qu’ils sont 100 % herbe et quelle devrait mieux les valoriser ». Pour les éleveurs, l’objectif a toujours été d’être presque totalement autonome sauf cas de sécheresse. Les prairies de l’exploitation sont donc l’unique source d’alimentation du troupeau. Le chargement est fortement réduit (quatre brebis par hectare) d’autant plus que la fertilisation minérale est proche de zéro. Cependant, des apports d’amendement sont régulièrement effectués compte tenu du pH faible du sol. Les exploitants implantent une dizaine d’hectares tous les ans à base de mélange de légumineuses. Les deux tiers de l’implantation sont réalisés au printemps et le reste à l’automne avec un peu d’avoine au semis pour avancer le premier pâturage. L’introduction de nouvelles espèces prairiales et variées a été faite afin "d’adapter les prairies à l’alimentation des animaux". Pour Nathalie Augas, de la chambre d’agriculture de Charente, ce système basé sur un faible niveau de chargement reste tout de même "sensible aux aléas climatiques, mais il est à l’abri des flambées des prix des aliments".