« Oui à l’élevage, mais pas industriel ! » militent 50 organisations au salon de l'agriculture
Le Collectif Nourrir a présenté ce 1er mars au salon de l’Agriculture sa vision commune « pour réconcilier élevage et environnement ».
Le Collectif Nourrir a présenté ce 1er mars au salon de l’Agriculture sa vision commune « pour réconcilier élevage et environnement ».
« L’élevage est indispensable pour relever les défis actuels dont celui du changement climatique mais tous les modèles d’élevage ne se valent pas. Nous sommes contre l’industrialisation de l’élevage », ainsi Mathieu Courgeau, éleveur laitier en Vendée et coprésident du Collectif Nourrir, s’exprime le 1er mars au salon de l’Agriculture. Ce collectif qui rassemble 50 organisations dont la Fnab, le réseau Civam, la Confédération paysanne, CIWF France, Welfarm, Greenpeace, Oxfam, FNH, FNE ou encore Générations futures présente porte de Versailles à Paris une note sur leur vision commune de l’élevage.
Aucune des 50 organisations n’est contre l’élevage
« On nous accuse d’être anti-élevage mais aucune des 50 organisations n’est contre l’élevage » tient à préciser Elyne Etienne, responsable agriculture et alimentation de la Fondation pour la Nature et l’Homme qui met notamment en avant les impacts positifs des pratiques agroécologiques et des prairies permanentes.
« Nous nous opposons aux productions animales industrielles, c’est désastreux pour les paysans, néfaste pour les animaux et l’environnement », déclare Agathe Gignoux responsable des affaires publiques de l’ONG CWIF.
Qu’est-ce qu’un élevage industriel pour ce collectif ?
Pour le collectif, « un élevage industriel est un élevage à forte densité, ayant une utilisation intensive des facteurs de productions (travailleurs, intrants), ayant recours à la claustration, et absence d’accès à l’extérieur avec une génétique tournée vers la surproduction », définit ainsi Agathe Gignoux.
Qu’est-ce qu’un élevage paysan ?
A l’inverse, le Collectif Nourrir définit l’élevage paysan comme un élevage autonome dans l’alimentation et le soin des animaux, valorisant l’herbe, avec un nombre limité d’animaux par actif sur la ferme et une limitation du recours aux antibiotiques, pesticides et engrais minéraux. « Les systèmes d’élevage ou polyculture-élevage qui s’ancrent dans cette démarche respectent souvent le cahier des charges de l’agriculture biologique », peut-on lire dans la note distribuée au salon de l’agriculture.
J’ai 58 hectares et 60 vaches, je gagne 2000 euros par mois
Aurélien Leray, président du réseau Civam et éleveur de vaches laitières en Bretagne, met en avant l’exemple de sa ferme. « J’ai 58 hectares et 60 vaches qui pâturent 12 mois de l’année, en plein air intégral. Je suis en monotraite, je travaille 35 heures par semaine et gagne 2000 euros par mois avec un vrai plaisir au travail et du temps disponible », affirme-t-il.
Les six recommandations du collectif pour faire évoluer l’élevage
Pour aider l’élevage français à s’orienter vers de modèle, les 50 organisations réclament des mesures politiques fortes. Leurs recommandations présentées dans la note rendue publique au salon de l’agriculture :
- Adopter un moratoire sur les créations ou extension d’élevages industriels entrant dans les Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) soumises à autorisation et les systèmes d’élevages avec des cages : « soit 3300 élevages surtout dans le Grand ouest dont 75% en volaille, 2% en bovin et 23% en porcin » précise Agathe Gignoux de CIWF qui ajoutent que « 30% des poules sont encore en cage ».
- Réformer les aides de la Pac « pour assurer un soutien renforcé aux élevages vertueux, en particulier aux élevages biologiques ».
- Défendre le plein air et le pâturage, et adapter les normes de biosécurité aux élevages plein air.
- Encourager les installations et les transmissions en élevage paysan en adaptant les aides à l’installation (avec un bonus significatif notamment pour les installations en élevage biologique, agroforestiers et en système polyculture-élevage).
- Encourager la diminution de la consommation de viande et de produits laitiers issus de structures industrielles tout en encourageant la consommation de protéines végétales.
- Mettre en place des outils de régulation des marchés (maîtrise de l’offre notamment) et de protection économique (interdiction des importations de produits animaux qui ne respectent pas les règles appliquées à l’agriculture européenne).
Des propositions qu’ils comptent notamment mettre en avant dans le cadre de la future loi d’orientation agricole.