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« Nous produisons les cochettes pour notre élevage de 1 400 truies »

La SCEA de Bellevue a investi dans un nouveau bâtiment destiné à élever les cochettes nécessaires au renouvellement de son cheptel reproducteur de 1 400 truies. Elles seront issues d’un noyau de 80 truies de race pure Large-White présentes sur l’élevage.

Dans un bâtiment flambant neuf situé sur le site de naissage de la SCEA de Bellevue à La Landec (Côtes-d’Armor), les premières cochettes croisées Large-White x Landrace destinées au renouvellement, destinées au renouvellement des 1 400 truies de l’élevage, sont élevées avec soin par François Pinsault, le responsable de l’élevage, et son équipe de salariés.

Ce bâtiment comprend deux salles de post-sevrage de 120 places et quatre engraissements de 100 places.

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10 cochettes GGP entrées pour 676 cochettes croisées produites chaque annéeSchéma de production des cochettes en auto-renouvellement à la SCEA Bellevue © SCEA de Bellevue

Après un premier tri en sortie de post-sevrage et un second à 100 kilos basé sur la morphologie et le nombre de tétines, il permet de produire 65 cochettes toutes les cinq semaines, soit 13 par semaine pour des bandes de 65 truies. Elles sortent de ce bâtiment à sept mois d’âge et un poids vif de 140 kilos, pour être logées directement en verraterie, au stade de la synchronisation des chaleurs. Ces cochettes croisées sont issues d’un troupeau de 80 truies de race pure Large-White « grand parentales (GP) » présentes sur l’élevage et réparties dans quatre bandes différentes.

Ces GP sont inséminées avec de la semence Landrace. Elles sont elles-mêmes issues d’un noyau de dix truies Large-White « arrière-grand parentales (GGP) » de haut niveau génétique, achetées chaque année à un organisme de sélection génétique et inséminées avec de la semence Large-White. « Ainsi, l’introduction de seulement 10 cochettes par an dans l’élevage nous permet désormais de produire chaque année 676 cochettes nécessaires au renouvellement des 1 400 truies de l’élevage », explique François Pinsault.

Des raisons techniques et sanitaires

Cette réalisation est issue d’une longue réflexion. « L’idée nous trottait dans la tête depuis une dizaine d’années. 2024 a constitué la bonne fenêtre de tir : les bâtiments de l’élevage construits en 2009 sont amortis, ils ne nécessitent pas encore d’investissements de rénovation lourds, et la conjoncture économique est bonne. »

François Pinsault justifie en premier lieu cet investissement par l’objectif d’accélérer le renouvellement du troupeau. La SCEA achetait jusqu’alors des lots de 80 cochettes croisées de deux âges différents toutes les six semaines, afin d’atteindre un taux de renouvellement de 45 % au minimum. « Mais malgré la réalisation de cet objectif et 5,5 portées par truie réformée en moyenne, il restait environ 10 % de vieilles truies de 8 portées et plus, dont la faible productivité dégradait les performances moyennes de l’élevage. »

La production de cochettes en autorenouvellement permet de réduire le nombre de ces vieilles truies en ayant davantage d’animaux à disposition. Elle répond aussi à un souhait de stabiliser le statut sanitaire de l’élevage. « Ce n’est jamais anodin d’introduire un groupe de 80 animaux dans un atelier de naissage. Chez nous, l’influenza circule en permanence, sans que l’on puisse protéger les animaux par un vaccin puisqu’il s’agit de la souche danoise. Les cochettes provenant de l’extérieur sont rapidement contaminées par ce virus et développent parfois des problèmes respiratoires, voire articulaires. »

Pour faciliter cette stabilisation, le nouveau bâtiment a été volontairement placé à proximité du bloc naissage. « Le statut sanitaire des cochettes ne divergera pas de celui des truies entre leur arrivée en post-sevrage et leur transfert en verraterie. »

Par ailleurs, François Pinsault redoute une interdiction du transport de cochettes si la peste porcine africaine se déclare dans leur région de production. Il constate aussi qu’un séjour prolongé des animaux dans un camion peut provoquer des fissures d’onglons, avec pour conséquence des problèmes d’aplombs. « Ces problèmes sont à l’origine de 10 % des réformes », justifie-t-il. Pour les réduire, le sol des post-sevrages du nouveau bâtiment est constitué en partie de caillebotis béton afin de renforcer les onglons.

La machine à soupe utilisée en engraissement est équipée d’un système de micro-dosage afin d’apporter des compléments minéralisés. « Nous pourrons également maîtriser la croissance des cochettes afin de privilégier le dépôt de gras au détriment du développement musculaire, l’objectif étant d’atteindre une épaisseur de lard dorsal comprise entre 14 et 15 mm à l’insémination. »

Des exigences économiques

Pour mener à bien ce projet, le responsable de l’élevage et ses actionnaires avaient une exigence : « L’impact financier sur le coût de production du porcelet devait être neutre. » L’objectif est atteint : le coût du bâtiment (680 000 €) et les charges supplémentaires (alimentation des cochettes, main-d’œuvre, assurances, énergie…) sont couverts par les charges opérationnelles en moins (valeur génétique et valeur viande des animaux achetés).

Dans ce calcul, l’impact financier de l’amélioration prévue des performances techniques et du statut sanitaire de l’élevage n’est pas pris en compte, « mais il est important », assure François Pinsault. En parallèle à la création du bâtiment destiné à élever les cochettes, la SCEA de Bellevue diversifie ses activités en proposant un module d’expérimentation de 120 places de post-sevrage. Pour ce projet novateur, un partenariat a été établi avec la société Lallemand.

Les vieilles truies dans le collimateur

Sur le premier semestre de 2024, les truies de la SCEA de Bellevue ont sevré 13,70 porcelets par portée, pour 16,56 nés totaux et 15,52 nés vivants. Soit une moyenne de 35,20 porcelets sevrés par truie productive et par an. Des performances plus qu’honorables, mais qui peuvent être améliorées sans faire appel à des truies adoptives, au sevrage précoce ou à la distribution de complément lacté aux porcelets, selon François Pinsault. « On constate que le nombre de porcelets sevrés ne cesse de décroître avec le rang de portée, pour passer sous la barre des 12 à partir du huitième rang.

<em class="placeholder">Le nombre de porcelets sevrés passe sous la barre des 12 dès la huitième portéePerformances des truies par rang de portée (1er semestre 2024)</em>
Le nombre de porcelets sevrés passe sous la barre des 12 dès la huitième portéePerformances des truies par rang de portée (1er semestre 2024) © SCEA de Bellevue

Même si elles ne représentent que 10 % du cheptel, ces vieilles truies pénalisent les résultats techniques de l’élevage. En réduisant leur nombre par un meilleur renouvellement, la productivité devrait mécaniquement s’améliorer. »

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