"Notre élevage de porcs est autonome en protéines"
Les associés du Gaec du Bertrand dans l’Indre ont choisi l’autonomie alimentaire pour leur élevage de 240 truies naisseurs-engraisseurs. Ils ont intégré le soja dans leur assolement et récupèrent des tris de semences de lentilles et de pois grâce à leurs capacités de stockage.
Les associés du Gaec du Bertrand dans l’Indre ont choisi l’autonomie alimentaire pour leur élevage de 240 truies naisseurs-engraisseurs. Ils ont intégré le soja dans leur assolement et récupèrent des tris de semences de lentilles et de pois grâce à leurs capacités de stockage.
Avec ses 335 hectares, le Gaec du Bertrand de Preuilly-la-ville, dans l’Indre, nourrit quasiment en autonomie l’élevage NE de 240 truies qui compte 1 470 places d’engraissement sur paille en label rouge et 430 sur caillebotis. « Notre stratégie a toujours été de privilégier l’autonomie alimentaire pour maîtriser les 70 % du coût de revient que représente l’alimentation.
Notre objectif est d’atteindre les 100 % sauf bien sûr pour le minéral et le 1er âge, quoique nous ayons commencé à en fabriquer avec notre soja toasté cette année », détaillent Ludovic et Anthony Bourbon, les frères jumeaux de 36 ans associés avec leur père Philippe depuis 2010 et leur frère Fabien installé en 2015. La première fabrication à la ferme avait été créée par leurs grands-parents. Le volume d’aliments fabriqués atteint désormais 2 500 tonnes par an pour 6 200 porcs vendus. L’autonomie a progressé au fil des années. « Lorsque Fabien nous a rejoints en 2015, il a repris des surfaces à 14 kilomètres d’ici. Nous avons acheté une autre exploitation en 2021. » Installés dans la petite région du Boischaut, en limite de la Vienne et de l’Indre-et-Loire, l’irrigation constitue un plus. « Nous y avons investi dans un forage et un enrouleur pour une soixantaine d’hectares de maïs. Ces installations sont aussi utilisées pour la culture de soja », explique Anthony.
Plus un seul kilo de tourteau de soja
La flambée des prix des tourteaux les conforte dans leur choix de valoriser leurs propres protéines en sus de leurs céréales. Le cahier des charges label rouge exige du soja PCR négatif, ce qui rend selon eux d’autant plus nécessaire d’éviter d’acheter du tourteau de soja importé au regard de la prime non OGM qui a flambé ces deux dernières années.
Outre le pois, dont ils cultivent généralement de 25 à 30 ha, sauf cette année à cause d’un problème climatique, ils insèrent la culture de soja dans leurs rotations pour la troisième année consécutive. « Cette nouvelle culture valorise l’investissement en irrigation. Elle a de nombreux avantages agronomiques. Très bon précédent du blé, le soja contribue aussi à l’allongement de notre rotation. Il facilite ainsi la gestion du désherbage. Et il ne demande que très peu d’intrants », résume Anthony, en charge des cultures.
2 200 tonnes de capacité de stockage
Outre leurs productions, les éleveurs saisissent des opportunités locales proposées soit par la coopérative, soit par des négociants. Cette année, le Gaec a par exemple pu acheter 500 tonnes de brisures de pois à 20 % de protéines ainsi que des écarts de tris de lentilles à 23,5 % de protéines. Le nombre important de cellules de stockage leur permet de réaliser de telles opérations. Au total, sur son site historique, le Gaec dispose de 2 200 tonnes de stockage pour ses matières premières (15 cellules, dont trois stockages à plat et le silo de maïs humide) et de 8 cellules de produits finis. Toutes les terres ne sont pas destinées à alimenter l’élevage de porcs. Les éleveurs vendent chaque année leur excédent de maïs (une centaine de tonnes), tout leur colza et leur tournesol. Exceptionnellement cette année, ils viennent de vendre un peu de blé. « Nous avons fait les comptes pour nos besoins et nous profitons des prix hauts, même si c’est la première fois que nous faisons cela avant la récolte », indique Ludovic.
Du maïs humide incorporé dans les aliments distribués à sec
En 2021, le Gaec du Bertrand a confié à Charente élevage service la construction d’un silo tour de 500 tonnes pour conserver du maïs sous forme humide et l’incorporer jusqu’à 18 % dans des aliments distribués à sec, aussi bien sur des aliments d’engraissement que pour les truies et les porcelets. Le Gaec réduit ainsi l’empreinte carbone de son élevage en se passant des trajets jusqu’au séchoir de la coopérative et du séchage, le coût du silo par an (27 €/t) représentant de plus quasiment le coût du séchage.
En chiffres
Un assolement pour satisfaire les besoins de l’élevage
« Le soja toasté est bien valorisé »
Jean-Claude Teiton, technicien Cirhyo