« AgriTech : l’écosystème arrive à un tournant » selon Jérôme Le Roy de La Ferme Digitale
La Ferme Digitale, association regroupant aujourd’hui 120 entreprises de l’AgriTech et la FoodTech dont 86 start-up et près de 3000 salariés, a enregistré 19 levées de fonds en 2022. Un record souligne Jérôme Le Roy son président.
La Ferme Digitale, association regroupant aujourd’hui 120 entreprises de l’AgriTech et la FoodTech dont 86 start-up et près de 3000 salariés, a enregistré 19 levées de fonds en 2022. Un record souligne Jérôme Le Roy son président.
En 2022, les start-up de La Ferme Digitale ont levé plus de 210 millions d’euros, s’agit-il d’un record ?
Jérôme Le Roy : En cumulé nous sommes à plus de 1 milliard d’euros depuis la création de La Ferme Digitale. Ce n’est pas un record car en 2020, Ynsect avait levé 300 millions d’euros. En revanche c’est un réel tournant en nombre d’opérations avec 19 start-up ayant réalisé de belles levées de fonds sur une diversité de thématiques. Cette année prouve la résilience de l’écosystème avec l’entrée dans un nouveau cycle, les meilleures start-up deviennent des leaders et de nouveaux secteurs émergent.
Cette année prouve la résilience de l’écosystème avec l’entrée dans un nouveau cycle
Observez-vous l’arrivée de nouveaux investisseurs ?
Nous constatons une diversité dans les sources de financement avec une part assez importante de réseaux de Business angels et des réseaux d’entrepreneurs qui confirment leur intérêt pour les métiers agricoles et les filières alimentaires. A cela s’ajoutent les fonds d’investissement classiques et l’arrivée de fonds plus gros et de fonds internationaux au fur et à mesure que les start-up accélèrent leur développement en France et à l’international.
Considérez-vous que l’AgriTech est à un tournant ?
Oui on arrive à un tournant pour l’écosystème, nous sommes dans une phase où les entreprises passent à l’échelle industrielle ou internationale, deux étapes très délicates mais décisives pour assurer des emplois et la pérennité de la technologie innovante et la qualité des services. Mais c’est aussi un tournant dans l’émergence de nouvelles innovations que vous pourrez découvrir au Salon international de l’agriculture sur le stand La Ferme Digitale.
Comment imaginez-vous 2023 ?
On voit bien que les enjeux climatiques, environnementaux et alimentaires continueront à être mis sur le devant de la scène. Plus on avance et plus cela devient critique. Il est indispensable de continuer sur une telle dynamique dans la création et la diffusion de solutions adaptées aux problématiques réelles de l’agriculteur, l’agriculture et ce, jusqu’au consommateur. 2023 va être une année où l’on va continuer à voir émerger de nouvelles thématiques autour du carbone, des biotechnologies (transfert de technologie de la recherche aux acteurs type start-up et inversement), du bois, de la viticulture, de l’alimentation.
Nous voulons être un secteur beaucoup plus attractif
Le sujet des talents et du recrutement dans le secteur reste une inquiétude mais aussi une opportunité, il n’est pas si simple de recruter dans l’AgriTech malgré les possibilités de carrières riches et diversifiées. 2023 devrait permettre de mieux affirmer et expliquer les bénéfices réels apportés par les start-up aux agriculteurs ou aux consommateurs et d’attirer plus de monde vers le secteur. Nous voulons être un secteur beaucoup plus attractif. « On peut faire carrière dans l’Agritech comme dans l’agriculture et contribuer à une agriculture durable et performante » : c’est le message que l’on veut faire passer.
La Ferme Digitale va-t-elle se diversifier vers l’alimentation ?
Historiquement nous avons plutôt un tropisme vers l’Agritech mais nous nous diversifions vers la Foodtech, le bois, le vin. On commence à voir arriver de nouveaux candidats à La Ferme Digitale positionnés sur de nouvelles formes d’alimentation à base de fermentation de végétaux, de nouveaux procédés de fermentation lactique ou encore d’élevage d’insectes à destination de l’alimentation humaine et animale par exemple.
La France a une carte à jouer pour devenir leader sur les produits à base de fermentation
Les start-up étrangères qui se sont lancées sur la viande végétale ou la viande de culture subissent aujourd’hui des revers…
En France, nous sommes historiquement moins financés et donc beaucoup plus prudents sur le business plan. Nous avons un secteur agricole fort et une reconnaissance de la valeur de l’alimentation. La France et l’Europe reviennent sur le devant de la scène sur ces sujets.
Nous avons créé l’association pour réunir en notre sein les acteurs au service des métiers agricoles et de notre force de production française. Les Start-up, plus récentes, qui lancent de nouveaux produits ou de nouveaux procédés de production alimentaire font partie du paysage français et international. A La Ferme Digitale, ces start-up commencent à apparaître et nous devons soutenir ces innovations, qui sont issues des forces vives de la recherche française reconnue mondialement.
Cela donne de réelles opportunités pour les acteurs français et européens de devenir leaders.
Récapitulatif des 19 levées de fonds des start-up de la Ferme Digitale en 2022
Nom de la start-up |
Activité |
Montant de la levée |
Investisseurs |
Axioma |
Conception et production de biosolutions pour l’agriculture et les animaux d’élevage |
2.4 millions d’euros |
Business Angels, Sowefund, Naco |
|
Plateforme de financement participatif dédiée à l’agriculture et à l’alimentation |
40 millions d’euros |
Fonds de dette européen |
|
Production de protéines à haute qualité nutritionnelle issues de la transformation de résidus forestiers et agricoles |
12 millions d’euros |
France Relance |
|
Aquaponie en milieu salé |
3 millions d’euros |
France Relance et BPI France |
|
Modèle de ferme aquacole de gambas à faible impact environnemental |
4.9 millions d’euros |
Investisseurs privés, Le Gouessant, Bamboo, Litto Invest, BPI France, Crédit maritime Grand ouest, CIC Ouest |
Connecting Food |
Plateforme utilisant la blockchain pour la traçabilité du champ à l’assiette |
2.7 millions d’euros |
Investisseurs historiques et business angels |
|
Irrigation intelligente |
2 millions d’euros |
Demeter, Banque des Territoires, CMA CGM Ventures |
Onafis |
Solutions numériques pour suivre en temps réel les étapes de vinification du vin |
2 millions d’euros |
Demeter, Atlantique Vendée Innovation, Holnest, Business Angels. |
|
Biostimulants et bioherbicides contenant des peptides naturels |
8.5 millions d’euros |
Fall Line Capital, Supernova Invest, Sofinnova Partners, FMC Ventures, Irdi Capital Investissement |
|
Nouvelles technologies adaptées aux climats tropicaux |
2.2 millions d’euros |
Adicap, Tomcat Factory, Région Guadeloupe, Crédit Agricole de Guadeloupe |
Les grappes |
Place de marché communautaire dédiée au vin |
4 millions d’euros |
Demeter IM |
|
Production de nouvelles protéines pour l’alimentation animale par l’élevage d’insectes |
15 millions d’euros |
Idia Capital investissement, Agri Impact, UI Investissement, Crédit agricole Centre France, Limagrain |
|
Expert numérique du stockage de matières premières agricoles |
10 millions d’euros |
NextStage AM, Idia Capital Investissement, Sparkling Partners, Unilis Agtech, Crédit agricole Brie Picardie |
|
Plateforme d’échange de données avec les matériels agricoles |
1 million d’euros |
Business Angels des réseaux WeLike, Insead, Joj capital, Netangels, Altens Innovation, India Lima, Randalli, BPI France et la région Grand Est |
Poiscaille |
Circuit court de la mer inspiré des paniers de légumes |
8 millions d’euros |
Arkea Capital, Idia Capital Investissement, Quadia, NCI |
Kermap |
Information géographique, analyse et data visualisation pour l’agriculture durable |
1.2 million d’euros |
Sodero Gestion, Earthworm Foundation |
|
Site de e-commerce de vente d’engrais, semences et matériel agricole |
60 millions d’euros |
Temasek, TreïsGroup, Aliment Capital, Eurazeo |
Scanopy |
Cartographie de la vigne par drone et satellite |
610 000 euros |
Cleantech Business Angels, Gadzarts Business Angels, Bourgogne Franche-Comté Angels, France 2030 |
|
Robots agricoles |
32 millions d’euros |
Demeter, CapAgro, Bpifrance, Mirova, M Capital, Aris |