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Chèque alimentaire : l’idée est-elle vraiment enterrée par le gouvernement ?

Bruno Le Maire a annoncé qu’aucun crédit ne serait accordé pour le chèque alimentaire dans le projet de loi de Finances 2023, l’idée est-elle pour autant abandonnée par le gouvernement ?

panier alimentaire chèque alimentaire
© Pixabay

« Aucun crédit ne sera dédié à un éventuel chèque alimentaire dans le budget 2023 (projet de loi de Finances 2023, ndlr) », a indiqué Bercy lundi 12 septembre à l'AFP. Dans une interview le même jour sur LCI, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a déclaré que l’exécutif n’était pas parvenu « à construire un dispositif qui soit opérationnel, efficace, rapide » et « qui ne profite pas aux produits étrangers, aux produits importés ».

Fin juin, Olivia Grégoire, porte-parole du gouvernement, avait annoncé la mise en place dune aide alimentaire d’urgence de 100 euros par foyer et 50 euros supplémentaires par enfant versée à la rentrée de septembre. Un chèque pouvant toutefois être utilisé par les foyers comme bon leur semble. Elle avait par ailleurs affirmé que le gouvernement travaillait en parallèle sur un chèque alimentaire plus qualitatif pour accéder à des produits bio, frais et locaux.
 

L'aide exceptionnelle de rentrée n'est pas dédiée à l'alimentation

La première annonce s’est concrétisée par le versement d’une aide exceptionnelle de rentrée le 15 septembre aux foyers allocataires de minima sociaux (RSA, AAH, ASPA, ASS…), l’APL (aide personnelle au logement), bourse étudiante. Onze millions de foyers seraient concernés, selon le gouvernement, l’aide versée directement sur les comptes des bénéficiaires pouvant être utilisée comme ils le souhaitent et donc pas uniquement pour leurs courses alimentaires.

La réflexion sur un chèque alimentaire à plus long terme, elle, patine, comme s’en est amusé l’émission Quotidien (sur TMC) dans son édition du 12 septembre rappelant le cheminement chaotique de cette idée depuis plusieurs mois, voire années.


Le travail continue entre Marc Fesneau et Jean-Christophe Combe

« L'idée n'est pas rejetée », a soutenu le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, lundi 12 septembre au matin sur l'antenne de Sud Radio. « On est en train d'y travailler avec Jean-Christophe Combe (ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des personnes handicapées, ndlr), puisque c'est une question plutôt de solidarité », a-t-il affirmé.

Il y a encore beaucoup de travail, c'est un sujet complexe

Interrogé au Space par la presse mardi 13 septembre, le ministre de l’Agriculture, a précisé : « on un sujet de mise en pratique : sur quels produits ? sur quelle cible ? Il y a encore beaucoup de travail c’est un sujet complexe ». Selon Marc Fesneau, « ce chèque alimentaire ne sera pas contre l’inflation, l’idée étant plutôt d’en faire un objet de solidarité pour permettre à des gens ayant peu de moyens d’accéder à de l’alimentation de qualité ».


Les syndicats agricoles s'impatientent

Les responsables professionnels agricoles, eux, s’impatientent. La Confédération paysanne organisera le 22 septembre à Tours une rencontre sur « la sécurité sociale de l’alimentation ». « Elus, chercheurs, paysans et mangeurs, venus de toute la France, vont échanger et débattre de ce projet, pour lequel des expérimentations sont déjà en cours localement », confie le syndicat minoritaire agricole.
 

Une idée adoptée avec la loi climat et résilience

Rappelant que l’idée de mise en place d’un chèque alimentaire avait été adoptée le 22 août 2022 dans la Loi climat et résilience (article 259), la Coordination Rurale a rappelé pour sa part dès le 8 septembre dans un communiqué que le chèque alimentaire était à dissocier du chèque inflation et devait, selon lui, servir exclusivement à acheter des produits alimentaires :

• issus de l’agriculture française ;
• bruts ou faiblement transformés ;
• frais, surgelés, en conserve ;
• issus de tous les modes de production ;
• dans tous les points de vente (épicerie, indépendant, marché de plein vent, GMS, etc).

Son fonctionnement pourrait être calqué sur celui « du ticket restaurant ». La Coordination Rurale se dit opposée à l’idée d’en faire « un chèque élitiste » en circonscrivant son éligibilité à des produits bio ou HVE. Le syndicat minoritaire agricole propose de financer le chèque alimentaire par une « taxe sur les produits transformés ou ultra-transformés ».


La FNSEA propose à Marc Fesneau un dispositif « clés en main »

La FNSEA de son côté a rappelé au Space à Marc Fesneau avoir des propositions « clés en main » pour l’application du chèque alimentaire.

Pour le syndicat majoritaire agricole, le chèque alimentaire « complètait pleinement la loi Egalim 2 » et doit concrétiser trois objectifs :

  • Un dispositif urgent, pérenne et ambitieux, à l’impact social élevé
  • Un ciblage des produits locaux et durables permettant la couverture des besoins nutritionnels en intégrant des produits frais, bruts, transformés, issus d’une production agricole locale et durable, d’origine animale ou végétale
  • Pour des circuits de distribution couvant tous les territoires, du circuit court à la GMS, grâce à un outil simple et efficace, opérationnel rapidement.

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