Moisson 2024 - Les participants de la Bourse de Strasbourg attendent le maïs pour sauver la campagne commerciale
A Strasbourg, les professionnels des grains présents à la journée de bourse attendent beaucoup du maïs pour sauver leur collecte 2024. La ville est candidate pour accueillir l'édition 2029 de la Bourse de commerce européenne, qui se tient cette année à Paris.
A Strasbourg, les professionnels des grains présents à la journée de bourse attendent beaucoup du maïs pour sauver leur collecte 2024. La ville est candidate pour accueillir l'édition 2029 de la Bourse de commerce européenne, qui se tient cette année à Paris.
« La dernière édition de Bourse de Strasbourg a eu lieu il y a deux ans, et c’est donc un vrai plaisir de vous retrouver ici et de voir la multiplicité des métiers représentés. Le marché des grains reste très dynamique en 2024 même avec une récolte en blé calamiteuse. Les maïs sont cependant prometteurs même s’il faudra voir la qualité sur la fin de campagne. Tout cela est à mettre en perspective avec un environnement de plus en plus contraignant que ce soit sur les plans sanitaire, environnemental, sécuritaire ou encore réglementaire et législatif. » Ce sont par ces paroles que Antoine Wuchner, président d’ABC Association de la bourse de commerce de Strasbourg, organisatrice de la bourse aux gains, a inauguré cette journée d'échanges, qui a eu lieu le 8 novembre à Strasbourg.
Et l’immense majorité des participants (producteurs, collecteurs, négociants, courtiers, sociétés de services et de logistique/transport de la filière des grains) a confirmé ces propos. « Dans les champs, ça sème mais cela va peut-être durer jusqu’au 15 décembre. Attention à l’effet domino des retards avec des récoltes tardives qui mécaniquement entraîneront des semis tardifs derrière », commente un participant, qui préfère regarder ce qui est à venir que d’évoquer la campagne de récolte qui s’achève. « C’est un marché très compliqué, résume un gros faiseur états-unien installé en France, en blé en particulier. De plus les arbitrages sont incessants entre filière alimentaire, filière nutrition animale et filière non alimentaire comme la méthanisation ».
Le maïs sur une tendance positive
Mais le grand point positif du moment, c’est le maïs. « Les taux d’humidité sont assez faible. Les récoltes ont débuté dans certains endroits. Le maïs va sauver les blés. En tout cas, les volumes sont bons il faudra surveiller la qualité. Attention aux semis d’après », précise un autre. Les échos sont positifs concernant les rendements, confirmant les témoignages recueillis par la rédaction de La dépêche Le petit meunier lors des dernières semaines et par les derniers chiffres publiés le 12 novembre par Agreste au sujet de la récolte : 14,624 Mt pour la production 2024-2025 contre 12,985 Mt en 2023-2024 (+12,6 % d’une année sur l’autre ; +9,9 % par rapport à moyenne quinquennale) ; le rendement ressort à 90,8 q/ha cette année contre 98,8 q/ha l’an passé ; les surfaces cultivées s’élèvent à 1,611 Mha en 2024 contre 1,315 Mha en 2023. « A l’échelle nationale, il reste encore pas mal de maïs sur pied. Et on ne sait pas quand on va terminer. Mais on a de bons rendements. Certes, il y a des frais de séchage en plus, mais fort heureusement, les prix du gaz ont décroché », témoigne un des intervenants.
« En tournesol, on se demande si l’on doit récolter ou négocier avec des méthaniseurs », s'interrogent les professionnels.
En revanche, les retours sont très différents pour ce qui concerne le tournesol. « On n’en parle pas, c’est une campagne à oublier. On se demande si l’on doit récolter ou négocier avec des méthaniseurs » avouent les participants. « Pour le tournesol, guère de miracle : ce n’est pas bon ! », affiche plus clairement un autre intervenant. Là encore, cela confirme les échos recueillis par l’équipe de La Dépêche Le petit meunier ces dernières semaines auprès des opérateurs et acteurs du marché.
Lire aussi : La production française de tournesol 2024 attendue à 1,7 Mt par Agreste
Côté soja, moins de commentaire mais il apparaît que la situation est plus positive : « le soja est humide, parfois trop, mais ce n’est pas trop mal ».
Les acteurs de la filière souffrent
Les transporteurs et logisticiens, bien représentés sur cette bourse, ne sont pas à la fête non plus. Sur la partie fluviale, « ce n’est pas l’eau qui manque, et pour cause après les pluies d’octobre, mais les bateaux sur le Rhin sont difficiles à trouver », en particulier la bonne disponibilité au bon moment. Les sociétés de transport par la route pointent le manque de chauffeurs routiers. « On va bien visiter nos clients mais pas pour des choses agréables. On leur parle de pénalités, de compensation, d’annulation… », observe un autre acteur du transport.
Ce qui n’empêche pas les professionnels du grain de garder un œil rivé sur les marchés mondiaux : on a bien noté que la Chine avait beaucoup acheté de marchandises états-unienne ces dernières semaines, en soja notamment. « Il faudra voir les exécutions de ces volumes déjà achetés et regarder de plus près les annulations », précise cependant un courtier. C’est tout le problème des sanctions commerciales à venir et annoncées par le nouveau président élu des Etats-Unis le 5 novembre.
Thierry Michel et Kévin Cler
Strasbourg candidate pour accueillir la bourse de commerce européenne en 2029
Pour ce qui concerne les activités d’ABC Association de la bourse de commerce de Strasbourg (organisatrice de la bourse aux gains), « j’ai le grand plaisir de vous annoncer que Strasbourg est candidate pour accueillir la Bourse européenne des grains de 2029. Nous le saurons en décembre, lors de la réunion de l’Association européenne des bourses de grains à l’occasion de la Bourse européenne qui se déroulera à Paris au Grand Palais » a annoncé Antoine Wuchner, président d’Abc, le 8 novembre. La bourse européenne avait déjà choisi Strasbourg en 2000. Par ailleurs, l’Association strasbourgeoise a multiplié les initiatives en 2024, dont celle qui a consisté à mettre en place plusieurs groupes de travail sur différentes thématiques (Egalim, législation des transports, compétitivité régionale, data, mycotoxine, carbone…). « Une quinzaine de réunions et plusieurs documents issus de ces réunions ont été produits à l’attention de nos membres ».
T. M.