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Maximiser la productivité numérique et contenir les coûts de production

Face à un prix des animaux finis et des bêtes d’élevage toujours aussi morose, le fait de maximiser la productivité numérique de leur cheptel et de valoriser d’abord les fourrages de l’exploitation est la stratégie retenue par le Gaec de Combelles pour contenir l’érosion du revenu.

Au Gaec de Combelles, à Arpajon-sur-Cère, à quelques kilomètres d’Aurillac, c’est d’abord la bonne productivité numérique du cheptel associée à une conduite technique visant à contenir la plupart des coûts de production qui a permis à Karine et Jean-François Bruel de dégager un EBE global de 67 244 euros en 2019. Un chiffre en recul comparé aux années précédentes avec les effets conjugués de la baisse des prix des principales catégories de bovins finis et du léger recul du nombre global de kilos vifs produits.

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Cet élevage naisseur engraisseur a malgré tout produit cette année-là un total de 29 270 kg de viande vive par associé, le positionnant nettement au-dessus du cas type issu du réseau des fermes de référence pour un système de production équivalent. Cet élevage se distingue par un taux de productivité numérique global qui franchit depuis trois ans le cap des 101 % et permet donc de sevrer davantage de veaux que de vaches vêlées. Ce bon ratio est d’abord le résultat d’une conduite d’élevage bien calée, cherchant à optimiser les qualités d’élevage de la Salers grâce des vêlages très groupés et à l’aptitude des animaux de cette race à produire des kilos avec d’abord de l’herbe et du lait.

Pratiquement 75 % des veaux naissent sur le seul mois de septembre. Cela limite les problèmes sanitaires. « En fin d’été et début d’automne, toute notre attention est centrée sur la surveillance du cheptel. C’est une période clé où se joue notre revenu. On surveille beaucoup, même si les facilités de vêlage de la race sont un sérieux atout », souligne Jean-François Bruel. Sur la dernière campagne, un seul veau est mort entre la naissance et le sevrage, mais le taux de mortalité des veaux avoisine généralement 3 %.

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Avec du recul, le choix de cette période de vêlage est analysé comme en phase avec les évolutions du climat avec une sécheresse estivale qui tend à devenir récurrente. Elle permet de sevrer les veaux avant que l’herbe ne se raréfie. Le creux pour l’herbe s’étend de fin juin à fin août et malheureusement parfois plus longtemps. Il correspond à la période où les vaches en fin de gestation ont des besoins alimentaires plus limités. « Nous ne mettons pas d’animaux en estive et en début d’automne, les vaches suitées pâturent les repousses sur prairies après la seconde coupe. » La période de mise à la reproduction démarre à compter du 20 novembre peu après la rentrée en stabulation en associant une quarantaine d’IA à la monte naturelle.

Complémentation modérée avant sevrage

À partir de fin janvier, les veaux sont complémentés à raison de 500 g/tête/jour avec un concentré fermier visant avant tout à les familiariser au contact de l’homme et à les inciter à rentrer dans leurs cases. Au moment de la mise à l’herbe, les lots de vaches suitées sont composés selon le sexe et l’âge des veaux avec zéro complémentation pour les lots de femelles. La trentaine de vaches suitées des mâles les plus lourds bénéficient d’une conduite particulière. De la mise à l’herbe jusqu’au sevrage courant juin, elles vont à l’herbe sans leurs veaux et regagnent matin et soir la stabulation pour les faire téter.

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Cette « tétée assistée » épargne aux veaux le stress de la mise à l’herbe puis supprime pratiquement celui du sevrage. Cela évite également à ces mâles de « cavaler » derrière les mères ce qui se traduirait forcément par des pertes non négligeables côté GMQ. Ces veaux ont à leur disposition deux kilos/tête/jour de concentré et un bon foin à libre disposition. « Chaque mâle de ce lot consomme autour de 200 kg avant le sevrage avec l’an dernier un poids moyen de 392 kg à 8 mois », souligne François Martin, leur technicien Bovins croissance. Les veaux plus jeunes suivent leur mère en pâture mais ne sont pas complémentés à l’herbe. La bonne herbe du Cantal associée au potentiel laitier de leurs mères leur a permis malgré tout permis l’an dernier d’atteindre une moyenne de 370 kg le jour du sevrage.

Importance de la bascule

« Chez nous, la bascule est l’outil le plus important. Le fait d’avoir investi dans un parc de tri-pesée bien conçu et idéalement positionné facilite ce travail et incite à peser plus fréquemment en améliorant ainsi le suivi des lots », ajoute Jean-François Bruel. Les sept à huit meilleurs mâles sont régulièrement vendus pour la reproduction et après avoir trié une bonne vingtaine de génisses pour le renouvellement du cheptel, un nombre sensiblement équivalent est vendu pour l’élevage peu après le sevrage. « On ne cherche pas à les vendre plus âgées. À cet âge elles n’ont pas encore occasionné de frais et notre chargement est déjà important. On ne peut pas conserver d’animaux supplémentaires », souligne Jean-François Bruel. Au printemps, un lot d’une dizaine de vaches est mis à l’engraissement avec ou sans leurs veaux de façon à limiter le temps entre le dernier acte productif et la vente pour la boucherie.

« Nous avons toujours engraissé nos mâles en produisant des animaux plus ou moins lourds selon les opportunités du marché. Notre bâtiment d’engraissement est amorti. » Les ventes se sont étalées cet hiver de fin novembre à fin février en partenariat avec le groupe coopératif Altitude qui cherche à mettre en place une filière pour des JB suffisamment finis dont les carcasses n’excéderaient guère les 390 kg. Ils ont été engraissés avec une ration associant ensilage de maïs, blé concassé, 1,5 kg de correcteur azoté (tournesol + colza) à 35 % et du foin de luzerne. L’objectif n’a pas été de viser les croissances records mais d’avoir une ration économique (1,50 euro/jour) qui se traduit par des GMQ oscillant entre 1 300 et 1 400 grammes. Le fait d’avoir opté pour un taux de renouvellement avoisinant 20 % permet ensuite de ne pas avoir de vaches trop âgées. Une bonne moitié des réformes sont de ce fait susceptibles d’être valorisées dans le cadre du label rouge. L’un dans l’autre, le prix moyen des vaches finies peine pour autant à passer le cap des 4 euros du kilo carcasse.

Maximiser l’autonomie alimentaire

Malgré le chargement important, la volonté a toujours été de maximiser l’autonomie alimentaire avec 10 hectares de maïs ensilage, 10 de blé et 18 d’une association luzerne + dactyle complétée par quelques hectares de ray-grass trèfle. La rotation est bien calée. Après un maïs vient un blé suivi d’une dérobée ray-grass trèfle violet puis un maïs, un blé et cinq années de prairies temporaires (dactyle + luzerne). « Pour le maïs, j’utilise des indices 300 en ensilant fin septembre. À une époque j’avais étudié la possibilité de faire du méteil grain pour réduire les achats de tourteaux mais c’est un produit à mes yeux trop hétérogène d’une année sur l’autre pour avoir des rations d’engraissement bien calées. » La mise à l’herbe a lieu selon les années entre fin mars et début avril et les lots sont en pâturage tournant ou rationné au fil. Tous les fourrages sont analysés. L’herbe est ensilée autour du 20 mai compte tenu des 700 mètres d’altitude.

Les charges de mécanisation sont contenues. L’exploitation possède en propre deux tracteurs de 100 cv et tous les gros travaux sont réalisés avec du matériel en Cuma. « On avait acheté une mélangeuse en 2004 mais on ne l’a pas renouvelée. Depuis 2016 on est revenu à une distribution avec une désileuse. Les performances des animaux ne s’en sont pas dégradées pour autant. Je ne regrette qu’une chose : la possibilité de peser précisément la ration. »

En chiffres

•117 ha de SAU répartis entre 10 ha de blé, 10 de maïs ensilage, 18 de prairies temporaires (principalement luzerne + dactyle) et le reste en prairies permanentes.

•2 UMO pour un Gaec entre époux

•100 mères en système naisseur engraisseur presque exclusivement conduit en race pure.

Avis d’expert - François Martin, Bovins croissance Cantal

"De bons GMQ avec de l’herbe et du lait"

« Le point fort d’un système salers bien conduit, c’est la productivité numérique et la possibilité pour les veaux de faire des croissances d’abord avec de l’herbe et du lait. Sur cet élevage, les objectifs de sélection sont clairement axés sur le potentiel de croissance, les qualités maternelles et la docilité. Avec seulement 5 % de vaches âgées de plus de 10 ans, le troupeau est plus jeune que ce qui est classiquement observé en Salers. Compte tenu des performances et du niveau génétique, toutes les génisses pourraient être mises à la reproduction pour du vêlage à 2 ans mais Jean-François redoute d’être pénalisé pour le poids de ses vaches de boucherie dans la mesure où celles qui ne donnent pas satisfaction après le premier vêlage sont rapidement réformées. Comparativement au cas type pour un système de production équivalent, le Gaec de Combelles a une meilleure productivité (+ 9 t de viande vive par UMO et + 60 kg/UGB) et un coût de production inférieur : 395 euros pour 100 kg de viande vive contre 479 pour le cas type. Tous les postes de charges sont inférieurs en dehors de la mécanisation qui est 6 euros/100 kg de kilo vif plus élevé. »

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