Viande cellulaire : une proposition de loi veut interdire sa production en France
Une proposition de loi portée devant l’Assemblée nationale par le député des Ardennes Pierre Cordier, apparenté Les Républicains, vise à interdire la production et la commercialisation de viande cellulaire en France.
Une proposition de loi portée devant l’Assemblée nationale par le député des Ardennes Pierre Cordier, apparenté Les Républicains, vise à interdire la production et la commercialisation de viande cellulaire en France.
[modifié le 7 décembre à 17h10]
« Dans l’intérêt de la santé humaine, de la santé animale et de l’environnement, il est interdit de produire, de transformer et de commercialiser de la viande de synthèse sur l’ensemble du territoire national », voici ce que stipule la proposition de loi déposée par le député Pierre Cordier, le 5 décembre à l’Assemblée nationale.
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Steak, poulet et froid gras cellulaires
En préambule de leur exposé, les signataires, des élus du groupe LR et apparentés, ont déroulé l’historique de la viande cellulaire. Le premier steak confectionné à partir de cellules souches a été présenté à la presse dans un restaurant londonien le 5 août 2013. En décembre 2020, l’entreprise Eat Just a obtenu l’autorisation de la Singapore Food Agency de produire en laboratoire et de commercialiser des « bouchées de poulet cellulaire » dans un restaurant à Singapour. En 2022, l’entreprise Upside Food a obtenu des autorités sanitaires américaines, la pré‑autorisation de mise sur le marché de poulet cellulaire et l’entreprise Gourmey a levé 48 millions d’euros pour produire, en France, un « foie gras » cellulaire.
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Les sénateurs ont notifié leur opposition dans un rapport
Les signataires ont rappelé : « Dans son rapport intitulé « Aliments cellulaires : être vigilant pour mieux encadrer et maîtriser la technologie » publié le 5 avril 2023, la mission d’information sur la « viande in vitro » a clairement réaffirmé son opposition anthropologique, éthique et culturelle au développement des aliments cellulaires. La vision purement utilitaire de l’alimentation est en effet à l’opposé de la tradition française qui voit d’abord dans l’alimentation un fait culturel et social ».
« Remplacer de la malbouffe par une autre malbouffe n’est pas un progrès ! » martèlent les signataires
Selon eux, « Les entreprises du secteur se justifient en précisant que leurs produits sont destinés à se substituer à la viande importée bas de gamme, produite dans de mauvaises conditions environnementales et de bien‑être animal. Mais remplacer de la « malbouffe » par une autre « malbouffe » n’est pas un progrès ! ». Les signataires dénoncent aussi une «menace réelle pour l’élevage ».
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Les signataires attendent une position claire du ministre de l’agriculture
Tout en rappelant que l’Italie vient d’interdire la production le vente, l’importation et l’exportation de « viande de synthèse », les signataires regrettent que les ministres français chargés de l’agriculture et de l’alimentation ne se soient toujours pas « prononcés contre cette technologie ». Ils dénoncent par ailleurs le financement de Bpifrance, la banque publique d’investissement, de deux entreprises françaises de ce secteur, Vital Meat et Gourmey, à hauteur d’environ 6 millions d’euros sous forme de prêts, d’avances remboursables ou de subventions, « ce qui démontre malheureusement les hésitations des pouvoirs publics ».
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Qu’en pensent les syndicats agricoles ?
Le président de la commission Chaine alimentaire de la FNSEA, Arnold Puech d'Allissac, a expliqué à Agra Presse en avril que le syndicat « ne voit pas l'intérêt pour les agriculteurs » mais estime avoir « encore besoin d'éléments pour être éclairé ». De leur côté, la Confédération paysanne et la Coordination rurale sont fermement opposées au « développement de la viande cellulaire ».
La FNB satisfaite de ce cette proposition de loi
Par le biais d'un communiqué, la Fédération nationale bovine (FNB) "salue cette initiative politique". "De fait, veut-on des aliments issus de multiplications cellulaires en réacteurs industriels d’incubation, avec des substrats de croissance mêlant tout en ensemble de substances ?Pense-t-on réellement que c’est là une perspective à proposer pour la consommation de nos concitoyens, alors que des interrogations sur la santé humaine sont posées, et que reste à mettre à plat le réel bilan environnemental de ces installations ? Faut-il participer à déstructurer les produits de notre alimentation, et promouvoir « l’usine TRICATEL» à la façon du film "L’aile ou la cuisse", alors que notre pays est renommé aux yeux du monde pour sa culture gastronomique ? " s'interroge-t-elle avant d'encourager les parlementaires à examiner favorablement cette disposition.