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Réforme de la Pac : les syndicats agricoles divisés suite aux annonces de Julien Denormandie

Alors que FNSEA et JA se satisfont d’une forme de stabilité pour le revenu agricole suite aux arbitrages français de la Pac annoncés le 21 mai par Julien Denormandie, Confédération paysanne et fédération nationale de l’agriculture biologique s’offusquent d’un « statu quo » dénonçant une Pac « qui soutient un modèle agricole à bout de souffle ».

Julien Denormandie
Julien Denormandie, le 21 mai lors du CSO sur la réforme de la Pac.
© Cheick Saidou / agriculture.gouv.fr

Les réactions des responsables professionnels agricoles sont très divisées suite à l’annonce des premiers arbitrages de la déclinaison française de la réforme de la Pac annoncés vendredi 21 mai par Julien Denormandie. Si le ministre de l’Agriculture a assuré porter « une vision ambitieuse de la Pac tout en revendiquant une certaine stabilité dans la répartition des aides », les organisations réunies dans le collectif Pour une autre Pac (dont la fédération nationale d’agriculture biologique, la Confédération paysanne, WWF France ou encore Greenpeace) ont claqué la porte des négociations dénonçant « un statu quo et donc une Pac qui soutient un modèle agricole à bout de souffle ».

Lire aussi : Réforme de la PAC : grandes cultures, élevage, zones intermédiaires... qui sont les gagnants et les perdants ?

Parmi les principaux griefs des associations : le taux de transfert stable entre le premier et le deuxième pilier de la Pac, l’absence d’aide forfaitaire aux petits agriculteurs, ainsi qu’un écorégime identique pour la bio et la HVE.

Lire aussi : Arbitrage français de la Pac : la fédération nationale de l'agriculture biologique claque la porte des négociations

« Le ministre confirme qu'il va aligner les aides à la Bio sur les aides à la HVE, et l'arbitrage de 70 euros par hectare annoncé par le cabinet n'est pas remis en question ; ça veut dire 66% d'aides en moins pour les Bio, une perte moyenne de 132 euros par hectare et par an ! », affirme la Fédération nationale de l'agriculture biologique dans un communiqué. Appelant les agriculteurs bio à se mobiliser le 2 juin à Paris, la Fnab communique sur les réseaux sociaux sur le thème « les arbitrages de la Pac vont nous mettre à poil ».

De son côté la FNSEA a plutôt salué les arbitrages annoncés par Julien Denormandie qui vont, selon le syndicat majoritaire agricole, « dans le sens » d’une « réelle ambition à la Pac pour les agriculteurs et la production agricole française en préservant les équilibres entre les territoires et les productions ». Le syndicat majoritaire souligne en particulier « l'impulsion » et les « orientations majeures » que sont « la mise en oeuvre d’un plan protéines pour le développement des cultures de protéagineux et de légumineuses fourragères, ainsi que la possibilité de renforcer la structuration des filières par des programmes opérationnels ».

Stabilité pour le revenu des agriculteurs

Elle se réjouit également de la « stabilité pour le revenu des agriculteurs » apportée par le niveau de convergence, le maintien du niveau de transfert entre les deux piliers de et la préservation de l'enveloppe ICHN. La FNSEA regrette toutefois un manque « d'ambition » sur le volet de la gestion des risques, duquel elle attendait davantage après les annonces plus tôt dans la semaine du Président de la république en faveur d'une réforme de l'assurance récolte.

Dans le même état d’esprit, La Coopération agricole a salué les premiers arbitrages sur la déclinaison française de la Pac. L’organisation s’est dite particulièrement satisfaite : « de la stabilité du taux de transfert entre le pilier 1 et le pilier 2, soit de 7,53% ; du maintien de l’indemnité compensatoire des zones à handicaps naturels (ICHN) et de l’engagement de l’Etat en complément ; du renforcement de l’enveloppe de soutien aux jeunes installés pour répondre à l’enjeu de renouvellement des générations ; du caractère inclusif et non-discriminant de l’éco-régime, incluant notamment les démarches de haute valeur environnementale (HVE) ».

Pas assez d'ambition sur la gestion des risques

Elle regrette toutefois que « programmes opérationnels, outils de transition et d'efficacité économiques, ne soient pas étendus à davantage de filières pour permettre leur structuration » et que le « cadrage affiché ne permette pas d'affecter plus de moyens à la prévention et à la gestion de l'ensemble des risques ».

Une ambition supplémentaire donnée à l’installation

Jeunes agriculteurs a salué pour sa part « l'ambition supplémentaire donnée à l'installation », avec un budget porté à 117 millions d'euros (soit +67 millions d’euros par an). Le syndicat affiche toutefois sa « déception face à une Pac qui peine à se renouveler et qui remobilise des outils qui ont montré leur limite », même s'il note l'ouverture d'un « chantier sur la définition du véritable agriculteur ».

Du côté des fédérations spécialisées, la fédération nationale des producteurs de lait exprime de son inquiétude. « Sans surprise la convergence se poursuit pour aller à 85% et avec elle le travail de sape des exploitations de petite taille qui constituent la majorité des fermes laitières », peut-on lire dans un communiqué de la fédération. « De plus il manque dans ce PSN le montant de l’aide à l’UGB », poursuit-elle, réclamant « une enveloppe bovine répartie uniformément » sur la base de « une vache est une vache, une UGB est une UGB et tout autre choix sera dévastateur », écrit la FNPL.

Concernant la production bovine, la fédération nationale bovine (FNB) dénonce dans un communiqué le choix fait par le gouvernement :  « de demander aux éleveurs de bovins de race à viande, disposant du plus bas revenu du secteur agricole avec moins de 8 000 euros annuels en 2020, de financer le développement de la production de protéines végétales ». Ce sont, en effet, près de 80% de la hausse des aides couplées aux protéines végétales que le secteur bovin viande financera, à travers le prélèvement de 0,3% par an annoncé sur son enveloppe d’aides couplées, dénonce la FNB. « Ainsi, dans sa communication, le Ministère annonce une baisse globale pour le secteur bovin viande de 3 à 4%. Baisse globale qui correspond à une nouvelle diminution de 15% du revenu des éleveurs », affirme la FNB.

Baisse de 15% du revenu des éleveurs

De son côté la Coordination rurale invite le ministre à poursuivre ses efforts pour que la valeur retourne enfin aux producteurs et que les aides profitent aux éleveurs et non à l’aval de la filière. Le syndicat minoritaire « avait jugé très pertinente l’aide à l’unité de gros bétail (UGB), et se satisfait d’une aide UGB lait et allaitant différenciée et de la suppression de l’approche mixte », écrit-il dans un communiqué confiant s’inquiéter des « futurs arbitrages sur les critères et montants, notamment ceux attribués à l’élevage allaitant ».

Lire aussi : Les ovins/caprins plutôt gagnants dans la future PAC

 

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