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MHE : levée de boucliers de la profession contre le blocage des flux commerciaux

Les responsables professionnels alertent sur les impacts pour les éleveurs des perturbations dans le commerce liées aux mesures de gestion de la maladie hémorragique épizootique (MHE). Des avancées sur les conditions d’export des broutards devraient tomber en début de semaine prochaine.

Elvea France estime que plus le temps passe, plus la pression se fait sentir sur les marchés du maigre. La section de la Fédération Nationale Bovine demande la prise en charge par l'Etat des répercussions des mesures qui pourraient impacter les éleveurs.
Elvea France estime que plus le temps passe, plus la pression se fait sentir sur les marchés du maigre. La section de la Fédération Nationale Bovine demande la prise en charge par l'Etat des répercussions des mesures qui pourraient impacter les éleveurs.
© L. Pouchard

« Le rétablissement des flux est urgent pour limiter les impacts catastrophiques chez les éleveurs », s’alarme Elvea France dans un communiqué du 28 septembre 2023, en réaction aux conséquences des mesures de gestion de la maladie hémorragique épizootique (MHE).

L'organisation demande aux autorités françaises de tout mettre en œuvre pour rétablir les flux commerciaux. « Il est également nécessaire de poursuivre l’action qui avait été demandée pour une "déclassification" de la maladie au niveau européen. »

Elvea France demande la « déclassification » de la MHE

Pour Elvea France, dans la configuration actuelle du marché avec une offre réduite et une demande ferme tant en bovins maigres que finis, la situation ne doit en aucun cas affecter les prix payés aux éleveurs. « Or, plus le temps passe, plus la pression se fait sentir sur les marchés du maigre, avec une opportunité pour les opérateurs de faire baisser les prix » alerte la section de la Fédération Nationale Bovine. 

A quoi pourraient s’ajouter des charges pour les éleveurs de « stockage » des animaux dont la vente serait reportée. Elvea France attend ainsi également la prise en charge par l’État du coût des mesures et répercussions de la gestion de la maladie qui pourraient impacter les éleveurs.

Le Modef demande une aide exceptionnelle au maintien des animaux

Dans un communiqué diffusé la veille, le Modef demande également une aide exceptionnelle au maintien des animaux dans les fermes. « Les petits et moyens producteurs vont être les premiers à faire les frais de cette restriction d’exportation. Cette crise supplémentaire risque d’accélérer la faillite de certains éleveurs », note le syndicat.

La Confédération paysanne appelle à la prudence sur la désinsectisation

La Confédération paysanne réagissait dans un communiqué le 21 septembre 2023, en appelant elle aussi l’Etat à être au rendez-vous pour instaurer un plan d’aide destiné à couvrir les pertes économiques subies par les éleveurs. Et le syndicat appelle à la plus grande prudence par rapport au seul mode de prévention promu par les pouvoirs publics et la filière, c’est -à-dire la désinsectisation des animaux « qui peut causer d’importants dégâts dans l’environnement ».  

La Confédération paysanne s’étonne de ces restrictions drastiques imposées par la réglementation européenne pour une maladie « commerciale, qui cause peu de signes cliniques chez les ruminants ».

La Coordination rurale demande un accompagnement financier sur les impacts sanitaires de la maladie

Dans un communiqué du 4 octobre 2023, la Coordination rurale  "Si les impacts sanitaires sont encore difficiles à appréhender à ce stade, il est certain que la MHE engendre de la morbidité et de la mortalité."

Pour le syndicat, l’État, en l'absence de vaccin, a une responsabilité dans l'accompagnement des éleveurs qui ne disposent que de moyens de lutte très limités.

"Les impacts sanitaires de la MHE peuvent être importants dans les troupeaux foyers lorsque une part significative d'animaux présente des symptômes et nécessite des soins vétérinaires, de l'ordre de 250 € par animal, et pouvant atteindre 600 €, sans compter les animaux morts qui ne pourront pas être sauvés. Les conséquences sanitaires ne se limitent pas à cela, la Coordination rurale s'interroge sur de probables effets sur la reproduction (avortement, baisse de la fertilité, momification, etc.)."

Le syndicat a demandé au ministre la mise en place des années blanches pour les éleveurs impactés par la MHE et la prise en charge des analyses nécessaires à la sortie des animaux de la zone réglementée.

 

 

Dans l'attente d'accords avec les pays partenaires commerciaux

Des décisions sur les conditions d'échanges commerciaux, et notamment d’export des broutards, devraient tomber dans les premiers jours du mois d'octobre. Contacté par Réussir Bovins viande ce jeudi 28 septembre, Michel Fénéon d'Eurofeder indique que « nos partenaires européens sont tous, comme nous, dans la volonté de trouver rapidement des accords bilatéraux ». Ces arbitrages vont cependant dépendre aussi de l’évolution du nombre de foyers de MHE déclarés sur le territoire français.

Pour les animaux qui sont hors zone réglementée, les échanges commerciaux ne sont pas interrompus avec l’Italie et l’Espagne. La MHE circule largement en Espagne et au Portugal. En Italie, la situation est différente car pour l’instant, la maladie est présente en Sardaigne et en Sicile, et pour la circulation des animaux dans le reste du pays, une PCR est requise.

Des bateaux pour l'Algérie étaient en pleine préparation

Concernant les marchés des pays de Maghreb, pour l’heure, l’Algérie a suspendu l’importation de bovins vivants en provenance de France - une mesure « préventive » et « urgente » - annoncée dans un communiqué du 23 septembre relayé sur le site de l’agence de presse africaine Ecofin (source : Agra).

Des bateaux pour cette destination étaient justement en pleine préparation en ce début septembre, au moment de la survenue des cas de MHE en France. « Nous sommes dans l’attente de la réponse de l’Algérie aux conditions que nous avons proposées pour la reprise des échanges » informe Michel Fénéon, aussi président de la Commission import-export à la Fédération française des commerçants en bestiaux (FFCB). Ce marché avait joué un rôle important dans le soutien des cours en 2022 comme auparavant à d’autres périodes.

« La Tunisie et le Maroc avaient fermé leur marché suite à la déclaration de foyers de MHE en France en début de semaine, et la Tunisie vient de rouvrir sous conditions », précise encore le spécialiste. 

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