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Les laiteries belges cherchent encore activement du lait français

Face aux fortes pressions que subit l’élevage laitier, pour sécuriser leurs approvisionnements, les pays nordiques cherchent du lait de plus en plus vers le sud. En conséquence, la Belgique, avec la coopérative Milcobel en tête, cherche désormais à rallier des producteurs de lait français.

Un avantage à cette potentielle « guerre du lait » : « Les prix payés aux producteurs vont augmenter », estime Christophe Lafougere, directeur général du Gira.
Un avantage à cette potentielle « guerre du lait » : « Les prix payés aux producteurs vont augmenter », estime Christophe Lafougere, directeur général du Gira.
© Milcobel

« Si nous ne voulons pas nous faire piquer du lait, il va falloir ajouter de la valeur », lance le consultant Christophe Lafougere, directeur général du Gira lors de la conférence les marchés mondiaux organisée par l’Idele le 7 juin. En ligne de mire : certaines laiteries belges qui collectent désormais bien au-delà des seuls territoires transfrontaliers.

Dans la presse agricole départementale du nord de l’hexagone des encarts publicitaires de Milcobel ont fait leur apparition. On peut y lire : « Pour la croissance de son activité internationale, Milcobel recherche 100 millions de litres supplémentaires pour la production de mozzarella et donc de nouveaux éleveurs laitiers. Intéressé ? » L’objectif est clair : avoir assez de lait pour faire tourner ses usines.

Les Belges en France, les Hollandais en Belgique

Car si les Belges viennent chercher du lait en France, en Belgique, ce sont les Néerlandais et les Danois qui démarchent les producteurs. « Nous ressentons la pression des pays nordiques pour venir chercher du lait dans nos régions, témoigne Marc De Bock, directeur régional pour la collecte française de la coopérative belge. Beaucoup d’usines ont réalisé des investissements dans la transformation et cherchent à garantir leur approvisionnement en lait. »

 

Marc De Bock, directeur régional pour la collecte française chez Milcobel : « Chez nous en Belgique, les journaux agricoles sont remplis d’encart de laiteries qui cherchent du lait »

Les prévisions du Gira vont également dans ce sens. « Nous supposons que les laiteries néerlandaises iront chercher du lait en Belgique ou dans le nord-ouest de l’Allemagne, au royaume de DMK pour compenser la baisse du cheptel et de la production », prévoit Christophe Lafougere.

La pêche s’avère plutôt bonne

« Nous avons pas mal de demandes de producteurs français », assure Marc De Bock. Une cinquantaine de producteurs et 55 millions de litres de lait sont déjà collectés par Milcobel qui opère en France depuis 1993. Plus d’une vingtaine serait en cours de préavis auprès de différentes laiteries pour rejoindre la coopérative belge en 2024.

Elle propose deux types de formules aux éleveurs laitiers français qui voudraient se lancer dans l’aventure. La classique est d’adhérer en tant que coopérateur avec une participation aux parts sociales de 75 €/1000 litres qui sera directement prélevée pendant plusieurs années sur les ristournes. La seconde est une relation contractuelle d’un ou deux ans. Dans les deux cas, pas de quotas A et B. « Chez nous, vous livrez ce que vous voulez. » À l’inverse de ce qui se pratique, ou s’est pratiqué, en France, Milcolbel inclut des primes aux volumes. « Plus vous produisez plus vous êtes payés car la collecte coûte moins cher », explique Marc De Bock.

Une très forte volatilité des prix

« Le problème pour nous, c’est le délai des préavis. Dans les pays nordiques, nous n’avons pas l’habitude d’être liés pour aussi longtemps. » En Belgique, c’est trois mois. Bien loin des engagements entre producteurs et laiteries français.

Le bémol côté producteur français, c’est la volatilité des prix belges, bien plus forte que dans le système français qui a tendance à les lisser. Le prix du lait moyen payé aux producteurs de Milcobel sur l’année 2022 a été de 548,3 €/1000 litres en incluant les primes et ristournes. Bien au-dessus des prix que nous avons connus dans l’hexagone. Renversement de conjoncture en 2023, la coopérative paye désormais 30 à 40 euros en dessous des prix français.

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