« La majorité des enfants végétariens va avoir une carence », s’inquiète un médecin-nutritionniste
Réagissant à une étude canadienne largement relayée dans les médias, Patrick Tounian, chef du service de nutrition pédiatrique de l’hôpital Trousseau à Paris s’est inquiété ce matin sur France culture des carences en fer chez les enfants et adolescents qui ne mangent pas assez de viande.
Réagissant à une étude canadienne largement relayée dans les médias, Patrick Tounian, chef du service de nutrition pédiatrique de l’hôpital Trousseau à Paris s’est inquiété ce matin sur France culture des carences en fer chez les enfants et adolescents qui ne mangent pas assez de viande.
« Oui on peut être végétarien et avoir une croissance normale mais la majorité des enfants aura une carence », c’est ce qu’a déclaré Patrick Tounian, chef du service de nutrition pédiatrique de l’hôpital Trousseau à Paris, ce matin sur France culture dans l’émission La Question du jour. Le médecin était invité à réagir à une étude canadienne publiée début mai dans la revue Pediatrics dans laquelle près de 9000 enfants de 6 mois à 8 ans ayant adopté un régime végétarien ont été suivis.
« Cet article très médiatisé éclipse la réalité », estime Patrick Tounian qui affirme avoir vu des milliers d’enfants carencés en fer durant ses trente-deux ans de carrière.
« Quand on ne mange pas assez de viande, on est moins intelligents »
Alors que la presse grand public en a fait un écho plutôt positif (« Selon une étude, les enfants ayant un régime végétarien sont en bonne santé », titre Elle ; « selon une étude les enfants végétariens grandissent comme les autres », titre pour sa part Libération par exemple), le chef du service nutrition pédiatrique de l’hôpital Trousseau rappelle que « le principal intérêt de la viande c’est qu’il amène du fer bien assimilé ». « Or en France et en Europe, un tiers des enfants, notamment des adolescents, sont carencés en fer et un tiers des femmes aussi », poursuit-il. La carence en fer induit une anémie, donc une fatigue, une augmentation de la susceptibilité aux infections, des troubles psychiatriques comme l’hyperactivité et des troubles cognitifis, selon Patrick Tounian qui déclare même « quand on ne mange pas assez de viande, on est moins intelligents ».
Deux portions de viande recommandées par jour
Le biais de l’étude canadienne, selon lui, 80% des enfants étudiés auraient moins de quatre ans. « Et avant quatre ans, c’est le lait de croissance qui assure les apports en fer ». Le médecin rappelle alors que « la société française de pédiatrie recommande de poursuivre le lait de croissance de trois à six ans, et quand ils arrêtent le lait de croissance c’est deux portions carnées par jour ». « Ce n’est pas que l’on entend ici ou là et c’est ce que je déplore », lâche Patrick Tounian, regrettant notamment « la tendance au retrait de la viande en cantine ». « C’est catastrophique », selon lui.
« Si les parents et adolescents veulent être végétariens, il faut qu’ils consultent un médecin compétent pour savoir quel complément prendre pour ne pas être carencés », insiste-t-il conscient que son intervention risque d’être critiquée.
Le spécialiste est notamment critiqué par les associations végétariennes et environnementalistes pour avoir collaboré avec le Cniel (interprofession du lait) ou pour être régulièrement cité par la filière viande.