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Agriculture en Europe : les prédictions funestes d’une étude cachée

L’étude du centre commun de recherche européen, sortie sans aucune promotion en plein été, fait couler de l’encre en cette rentrée. Elle prévoit que la stratégie de la Ferme à la table et le plan biodiversité, accompagnés de la nouvelle Pac, conduisent à une baisse de production agricole européenne et à une hausse des importations.

Quel que soit le scénario envisagé, tous les secteurs connaîtront une diminution de leur production oscillant entre 5 et 15%, l’élevage étant le secteur le plus durement touché, selon l'étude.
Quel que soit le scénario envisagé, tous les secteurs connaîtront une diminution de leur production oscillant entre 5 et 15%, l’élevage étant le secteur le plus durement touché, selon l'étude.
© Pixabay

Mis à jour le 23 septembre 2021

Le rapport est sorti en plein milieu de l’été, sans communication, perdu dans le tentaculaire site internet de l’Union européenne. Et comme l’écrivait Les Marchés dès le 11 août, la Copa-Cogeca a été la première organisation à s’émouvoir du contenu du rapport sur l’impact des stratégies en faveur de la biodiversité et de la Ferme à la table sur l’agriculture réalisé par le Centre commun de recherche (CCR).

Un rapport technique

Un rapport technique entouré de nombreuses précautions (ses auteurs écrivent notamment qu’il ne s’agit pas d’une analyse d’impact exhaustive, certains objectifs n’étant pas pris en compte et le modèle utilisé, Capri, comportant certaines limites) dont les résultats n’en sont pas moins édifiants. « Quel que soit le scénario envisagé, tous les secteurs connaîtront une diminution de leur production oscillant entre 5 et 15%, l’élevage étant le secteur le plus durement touché », souligne la Copa-Cogeca dans un communiqué. Un résultat qui n’est pas sans rappeler les simulations réalisées dès le début de l’année 2021 par le Département américain à l’Agriculture qui tablaient sur une réduction de 12% de la production européenne et une hausse de 17% des prix alimentaires.

Lire aussi : (Mis à jour) La stratégie De la ferme à la table vue par les Américains

Toujours est-il qu’avec la rentrée, le rapport fait parler à nouveau de lui jusqu’au sommet de l’Etat. « Le rapport que nous demandions et attendions avec impatience sort en plein été dans le silence le plus total ! », s’est indigné Bernard Lannes, président de la Coordination rurale, le 26 août dans un communiqué, appelant Emmanuel Macron à ouvrir les yeux sur cette triste réalité et à mettre sa présidence au Conseil de l’Union européenne au service d’une remise en cause de la Pac. Mercredi 1er septembre le syndicat agricole en remettait une couche en décryptant le fameux rapport.

Entre temps, Christiane Lambert réagissait sur twitter à un article de L’Opinion sur le sujet poussant Julien Denormandie à sortir de sa réserve. « Soyons clairs : cette étude doit interpeller les Etats européens, ce que je fais sans relâche. Pour accélérer les transitions, il faut protéger ceux qui la font avec les mêmes normes aux produits importés. C’est ma priorité, que je porterai lors de la Présidence française de l’UE. #clausemiroir » écrit-il.

Le sujet devrait être abordé ce jeudi 2 septembre lors de la rencontre entre Christiane Lambert, Julien Denormandie et Jean Castex.

Lire aussi : Une nouvelle étude prévoit une forte baisse de la production agricole européenne

Que dit l’étude du CCR ?

Mais revenons sur cette étude du CCR. Comme le souligne Agrapresse l’étude du CCR évalue les impacts de quatre mesures incluses dans la stratégies De la ferme à la table et Biodiversité : baisse des phytosanitaires de 50% d’ici 2030, recul de 20% des engrais, augmentation des surfaces bio à 25% de la SAU et 10% d’infrastructures écologiques. L’impact de ces mesures est analysé selon trois scénarios : Pac inchangée (2014-2020), nouvelle Pac (proposition législative de 2018) et nouvelle Pac et plan de relance européen.

Pour les scénarios Nouvelle Pac et Pac avec plan de relance, toutes les productions seraient en recul en volume à l’horizon 2030, les plus affectées étant les productions carnées avec un recul jusqu’à 15% pour la volaille, le porc et le bœuf. Le secteur laitier perdrait plus de 10% de production, les céréales environ 13%, les oléoprotéagineux 12% et les fruits et légumes environ -7%. Cette baisse de production liée à une diminution des surfaces et des rendements s’accompagnerait d’une hausse des prix pour les agriculteurs mais avec globalement une perte de revenus par exploitations, à l’exception notable des secteurs porcins et des fruits et légumes.

Céréaliers et éleveurs laitiers pénalisés

Les céréaliers perdraient plus de 5000 euros de revenu (subventions comprises) par exploitation de même que les éleveurs laitiers. Les effets semblent en revanche plus limités pour les oléoprotéagineux, la volaille, le bœuf et les ovins. « Le secteur agroalimentaire devra traverser une transition difficile. Cette étude – avec toutes ses limites- montre l’ampleur du défi », notent les auteurs.

Baisse des émissions mais hausse des importations

Et tout ça pour quoi ? Les politiques européennes pourraient réduire les émissions agricoles de gaz à effet de serre de plus de 28%, note l’étude. Mais ces baisses de production s’accompagneraient d’une hausse des importations et donc d’un report de ces émissions sur les pays tiers. L’étude pointe notamment une hausse des importations d’oléoprotéagineux, de fruits et légumes, de bœuf et dans une moindre mesure d’ovins.

D’où la nécessité soulignée par les auteurs de rédiger avec soin les textes juridiques de la Pac afin de s’assurer que les conséquences indésirables, telles que l’augmentation des émissions des pays tiers, soient évitées.

 

 

 

 

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