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Accusées de tous les maux, les vaches réhabilitées

Dans notre société, les vaches ont mauvaise réputation : elles participent au réchauffement climatique en raison du méthane qu’elles éructent et leur viande et leur lait seraient mauvais pour la santé. Dans son livre « Qui veut la peau des vaches ? » publié chez Terre vivante, Claude Aubert signe une réhabilitation de ces ruminants très documentée.

© Emmanuel Breteau/Terre vivante

Le livre de Claude Aubert, ingénieur agronome, pionnier du bio en France, un des fondateurs de Terre vivante et auteur, s’ouvre avec une lettre du Syndicat des vaches intitulée « La révolte des vaches » dans laquelle les ruminants expriment leur ras-le-bol d’être critiqués !! L’auteur, lui, voit la vache comme une merveille de la nature capable de transformer de l’herbe en lait, en viande et en énergie et qui fournit gratuitement des fertilisants grâce à la bouse et à l’urine. Il rappelle qu’il y a 20 000 ans, nos ancêtres célébraient l’animal aujourd’hui décrié avec des peintures comme celles de la grotte de Lascaux où l’auroch, son ancêtre, est magnifié alors que la langue française d’aujourd’hui regorge d’expressions négatives sur les vaches : « vacherie », « peau de vache », « être vache », « mort aux vaches »…

Dénonciation de « l’industrialisation de l’élevage bovin »

Claude Aubert regrette que la vache pâtisse parfois de conditions de vie dégradées alors qu’elle est dans d’autres cultures sacrée ou adulée : « Elles sont devenues des numéros, dument identifiées par une étiquette accrochée à leur oreille, et sont conduites à l’abattoir dès que leur production de lait commence à baisser » mais tempère « Avec heureusement un petit nombre d’exceptions, notamment chez les éleveurs biologiques et ceux qui transforment eux-mêmes le lait en yaourts ou fromages ».

L’auteur dénonce « l’industrialisation de l’élevage bovin » et s’interroge sur les bienfaits des derniers progrès avec les « robots de traite, de distribution de la nourriture, de ramassage des déjections, de quoi rendre inutile toute intervention humaine et rabaisser définitivement la vache à son rôle de machine. Où est passé le respect des animaux qui nous nourrissent, qui s’imposait il y a quelques dizaines d’années seulement ? ».


Privilégier l’alimentation à l’herbe pâturée

Vaches, herbes et prairies sont le trio gagnant selon Claude Aubert qui estime qu’il faut en même temps maintenir la surface en prairies et diviser par deux notre consommation de viande et précise : « La diminution de consommation de viande doit porter davantage sur la viande de porc que sur celle de ruminants, à la condition qu’ils soient élevés à l’herbe ». Aux détracteurs de vaches qui les accusent d’émettre trop de méthane, Claude Aubert répond, études à l’appui, qu’un des moyens de réduire le plus drastiquement les émissions n’est pas nécessairement de diminuer le nombre de vaches mais de privilégier une alimentation à l’herbe : « L’alimentation à l’herbe pâturée joue un double rôle dans la réduction des émissions de méthane : tout d’abord sur la digestion, puis sur les excréments ». Pour illustrer ses propos, l’auteur livre le témoignage de cinq éleveurs ayant fait le choix de l’alimentation à l’herbe.
 

Longue vie aux vaches

L’auteur conclut : « Non, ceux qui veulent la peau des vaches ne l’auront pas. Il y en aura certes moins, mais on aura l’impression du contraire car elles seront beaucoup plus nombreuses qu’aujourd’hui dans les prairies. Elles donneront moins de lait, et c’est tant mieux car il sera bien meilleur. Elles vivront plus longtemps et certaines d’entre elles, appartenant à des races rustiques, resteront dehors toute l’année. Elles ne réchaufferont plus la planète car elles émettront moins de méthane et séquestreront davantage de carbone sous leurs pieds ».

Revoir l'interview de Claude Aubert au JT de 20h sur la 2ème chaîne de l’ ORTF en 1973

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