Les truies confiantes sèvrent plus de porcelets
L’Ifip et l’Anses prouvent que les truies qui perçoivent favorablement l’éleveur ont de meilleurs résultats techniques.
L’Ifip et l’Anses prouvent que les truies qui perçoivent favorablement l’éleveur ont de meilleurs résultats techniques.
Des chercheuses de l’Ifip, de l’Anses et de l’Idele ont démontré que les truies qui obtiennent une bonne note à un test de confiance (voir encadré) ont significativement plus de porcelets que les truies méfiantes à la mise bas (+ 0,6 né totaux par portée et + 0,7 né vivant) et au sevrage précédent (+ 0,3 porcelet sevré). Ce test a été réalisé dans 52 élevages sur plus de 1 700 cochettes et truies en début, milieu ou fin de gestation. Les valeurs moyennes de ce test mesurées en élevage vont de 0,4 (troupeau peureux) à 3,2 (troupeau confiant). Les chercheuses ont identifié trois types de facteurs explicatifs de la confiance des truies : les conditions d’élevage, la durée de présence de la truie dans l’élevage et l’attitude de l’éleveur lui-même. Les notes du test de relation homme-animal sont significativement plus élevées pour les truies en système DAC et/ou sur paille (truies plus confiantes) : la nécessité d’entrer dans les cases pour la surveillance ou le paillage contribue à renforcer la relation entre l’éleveur et ses animaux. Les cochettes sont en moyenne plus confiantes que les truies. La note du test se dégrade régulièrement au cours du temps, en particulier à partir de la quatrième gestation. Tout se passe comme si la confiance gagnée par des pratiques favorables à l’arrivée des animaux (apprivoisement en quarantaine) était progressivement perdue. Moins d’interactions positives, plus d’interactions perçues négativement par les animaux comme les vaccinations ou certains déplacements, pourraient conduire à des animaux moins confiants. On constate d’ailleurs que les notes sont plus faibles en fin de gestation qu’en début.
Les éleveurs animaliers ont de meilleurs résultats
L’attitude de l’éleveur joue aussi un rôle majeur sur la confiance des animaux. À partir de leurs propos, les chercheuses ont regroupé les 52 éleveurs selon la place qu’occupe la relation aux animaux dans leur métier : secondaire, utile ou centrale. Ceux qui ont des pratiques d’apprivoisement des cochettes en quarantaine et ceux pour lesquels la relation avec les animaux est centrale dans leur métier ont les animaux avec les notes les plus élevées et donc les plus confiants. Leurs truies sèvrent près d’un porcelet de plus par portée (13 contre 12,1 pour les autres groupes d’éleveurs en moyenne annuelle), pour des nombres de porcelets nés totaux par portée similaires. Ces éleveurs expriment le plus de plaisir à travailler avec les animaux. La plupart déclarent avoir des contacts physiques quotidiens avec les truies. Ceci pourrait traduire une plus grande attention et une réactivité plus rapide aux signaux émis par les animaux, avec comme résultat plus de porcelets sevrés. Par contre il n’existe pas de lien entre la note de confiance des truies et le genre (éleveur/éleveuse) ou la taille de l’élevage : les chercheuses de l’Ifip et de l’Anses n’ont pas observé de différences entre les élevages de moins de 200 truies ou de plus de 500 truies.
Un test RHA (relation homme-animal), pour mesurer la confiance des truies en groupe
L’opérateur entre tranquillement dans la case et en fait le tour. Le test se fait ensuite en trois étapes de dix secondes.
Les truies sont notées de 0 (truie peureuse qui ne se laisse pas approcher) à 4 (truie confiante qui accepte un contact prolongé). À chacune de ces étapes, si la truie s’éloigne sans revenir dans les 10 secondes, elle reçoit une note RHA de 0, 1 ou 2 selon l’étape considérée. À l’étape 3, si la truie ne se laisse pas toucher plus de 5 secondes mais reste à proximité, elle reçoit la note 3. Si elle se laisse toucher plus de 5 secondes, la note est de 4.
Mes conseils
Valérie Courboulay, Ifip-Institut du porc
Repères
L’objectif du projet Rhaporc est d’analyser la relation homme-animal en élevage porcin, son importance pour l’éleveur, les animaux, les résultats de l’élevage et de proposer des pistes aux éleveurs pour améliorer cette relation. Il s’appuie sur la construction d’outils permettant d’analyser les pratiques des éleveurs avec leurs animaux en les inscrivant dans le cadre contraint de l’élevage et en les évaluant du double point de vue de l’homme et de l’animal.