Les tiques, vecteurs de nombreuses maladies ovines
Anémie, surinfection, vecteurs de maladie… Les tiques ne sont pas à prendre à la légère dans la gestion sanitaire du troupeau.
Anémie, surinfection, vecteurs de maladie… Les tiques ne sont pas à prendre à la légère dans la gestion sanitaire du troupeau.
Les tiques représentent un véritable fléau pour certains élevages. Elles peuvent avoir une action directe par spoliation de leurs hôtes en occasionnant des anémies, une action indirecte par surinfection des plaies de morsure et surtout une capacité de transmettre de nombreuses maladies vectorielles dont les plus connues sont la maladie de Lyme, les piroplasmoses et les anaplasmoses.
Moins d’une dizaine d’espèces de tiques autochtones sont répertoriées en Paca mais elles peuvent occuper tous les milieux depuis le bord de mer jusqu’aux hautes vallées alpines. Depuis 30 ans, leur progression en altitude n’a jamais cessé et leur période d’activité s’étend désormais sur toute l’année.
Un risque pour la santé des ovins et des humains
La menace occasionnée par ces parasites au quotidien est bien réelle et deux faits d’actualité, sans vouloir créer de psychose, apportent une confirmation de plus de leur danger potentiel pour la santé humaine et celle de nos élevages.
La « tique géante » Hyalomma marginatum, est présente en Corse depuis plusieurs décennies mais son apparition en France continentale semble bien plus récente (aux alentours de 2015). Les enquêtes réalisées depuis 2017 montrent sa progression rapide sur le pourtour méditerranéen depuis les Pyrénées-Orientales jusqu’au Var. Le danger représenté par Hyalomma est direct du fait des blessures occasionnées par les morsures multiples sur des zones de prédilection (marges de l’anus, mamelle, scrotum…) mais aussi indirect par la possibilité de transmettre diverses maladies vectorielles (fièvre boutonneuse, piroplasmose équine…). C’est surtout l’un des principaux vecteurs du virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC), maladie humaine aux symptômes sévères et au taux de mortalité élevé dont des cas ont déjà été décrits en 2016 en Espagne, dans la région de Madrid.
Les produits d’animaux infectés sont contaminés
L’encéphalite à tiques est due à un virus (TBEV ou Tick-Borne Encephalitis Virus) qui est transmis à l’Homme principalement par la morsure de tique infectée. La maladie est surtout connue en Europe de l’Est, au Nord du Japon et en Chine. En Europe, plusieurs milliers de cas humains d’encéphalite à tiques sont enregistrés chaque année dont une quarantaine dans la partie est de la France. Un cas inédit de contamination a été récemment mis au jour dans un élevage de chèvres de l’Ain (en avril 2020). Les chèvres et les vaches de cet élevage ont été infectées de façon asymptomatique au pâturage par des tiques mais une quarantaine de personnes a contracté la maladie en consommant des produits laitiers crus issus de ces animaux.
La lutte contre les tiques est actuellement particulièrement difficile car la lutte chimique fait surtout appel à des traitements à base de perméthrines en pulvérisation ou en pour on. Ces traitements n’ont pas d’AMM pour les chèvres et les chevaux et les délais d’attente lait à la posologie tiques sont souvent longs, ce qui empêche leur utilisation dans de nombreux types d’élevage… Leur action n’est jamais efficace à 100 %, ne dure que quelques semaines et leur coût est assez élevé. La lutte biologique sur les milieux à tiques est illusoire et l’utilisation de terre de diatomée ou de médecines alternatives est d’une efficacité limitée. La lutte génétique, prometteuse contre certains insectes, sera compliquée à mettre en œuvre sur ces acariens.