Fin de dérogation pour le dichloropropène
Les producteurs de carottes de Créance ne veulent pas subir une distorsion de concurrence
Le nématode de la carotte sévit dans la zone de production de Créances dans la Manche. Mais il n’y a plus de remède. L’insecticide qui était utilisé est désormais interdit en France. Il continue pourtant à bénéficier d’une dérogation dans d’autres pays producteurs européens…
Le nématode de la carotte sévit dans la zone de production de Créances dans la Manche. Mais il n’y a plus de remède. L’insecticide qui était utilisé est désormais interdit en France. Il continue pourtant à bénéficier d’une dérogation dans d’autres pays producteurs européens…
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C’est au printemps 2018 que la France a décidé de mettre fin à la dérogation d’utilisation du dichloropropène (1,3 D) sur carottes accordée dans la zone de production de Créances. En 2019, les producteurs se sont donc retrouvés sans solution pour lutter contre le nématode qui sévit sur cette culture.
Le produit est en réalité interdit par l’Union européenne en raison de son dossier sanitaire défavorable. L’insecticide utilisé en fumigant est classé « cancérigène possible ». Mais sans autre alternative pour lutter contre ce ravageur, le pesticide a bénéficié de dérogation pendant 10 ans.
La France a décidé de mettre fin à cette prolongation d’utilisation et d'interdire totalement son usage. Une décision qui a mis très en colère les producteurs de la Manche. L’Agriculteur normand relate la manifestation du 29 avril devant la préfecture du département et la réponse du préfet, dès le lendemain. Le journal départemental rapporte les propos très fermes de Jean-Marc Sabathé : « Cela fait 10 ans que ce produit est interdit, qu’on dit aux légumiers qu’il faut trouver des solutions, à un moment, il faut que ça s’arrête. L’Etat ne changera pas de position, c’est à eux de trouver les moyens d’en sortir ».
De leur côté, les producteurs assurent qu’ils ont investi pour prospecter de nouvelles pistes… qui n’ont pas abouti à ce jour. La solution pourrait venir des semences, mais pas avant la récolte 2022. En attendant, les agriculteurs doivent subir une distorsion de concurrence entre pays producteurs. Car l’Espagne, l’Italie et le Portugal ont renouvelé la dérogation.
Les légumiers de la Manche demandent à l’Etat français de faire valoir la clause de sauvegarde qui interdirait l’importation de carottes étrangères ayant été traitées avec le produit interdit en France. Cette clause est utilisée notamment depuis 2016 pour empêcher la vente sur nos étalages de cerises traitées au diméthoate, insecticide interdit en France depuis février 2016.
« N’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas chez nous », tempête Sébastien Amand, président de la FNSEA, dans le journal départemental. Et de brandir l’étendard économique : 60 producteurs et 1000 emplois concernés. Les producteurs souhaitent « que la problématique soit gérée à l’échelle européenne ».
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