Incendie de poulaillers
Les poulaillers ne brûlent plus mais l'incendie a du mal à s'éteindre dans la tête des éleveurs
Emmanuel Prévost, éleveur à Normandel dans l’Orne, a été victime cette semaine d’un incendie criminel qui a ravagé ses poulaillers. Il vient de perdre son outil de travail et ne comprend pas. En duplex, sur BFM TV ce mercredi 18 septembre, il est encore sous le choc. En studio, la télévision a réuni trois invités pour répondre à la question : qui veut la peau des éleveurs ?
Emmanuel Prévost, éleveur à Normandel dans l’Orne, a été victime cette semaine d’un incendie criminel qui a ravagé ses poulaillers. Il vient de perdre son outil de travail et ne comprend pas. En duplex, sur BFM TV ce mercredi 18 septembre, il est encore sous le choc. En studio, la télévision a réuni trois invités pour répondre à la question : qui veut la peau des éleveurs ?
L’affaire fait décidément grand bruit. Il y a quelques jours, Emmanuel Prévost était un simple agriculteur du Perche, connu de ses voisins et des organisations professionnelles locales. Et le voilà, bien malgré lui, projeté sur le devant de la scène. L’incendie de ses trois poulaillers dans la nuit du 16 au 17 septembre a choqué, interpellé, interrogé… Les médias se sont largement emparés du sujet qui est un nouvel épisode lié à ce que l’on appelle l’antispécisme, qui condamne toute forme de discrimination entre les espèces. Les militants de ce courant de pensée combattent activement la domination des animaux par les humains et c’est au nom de ce combat qu’ils ont mené ces derniers mois des actions violentes contre des boucheries.
Cette fois, c’est donc une exploitation avicole qui a été touchée. Les bâtiments étaient vides, en attente de nouveaux lots de volailles, et la famille couchée. Il était 2 h 40 du matin.
Les actes commis sont graves et provoquent une vague d’émoi. Le 18 septembre, le ministre de l’Agriculture se rend sur les lieux du sinistre. Tous les médias, régionaux et nationaux, relaient l’info et, ce même jour, BFM TV réunit sur son plateau pour en débattre Samuel Vandaele, président des Jeunes agriculteurs (JA), Nicole Ouvrard, directrice des rédactions de Réussir-Agra et Sébastien Arsac, co-fondateur de l’association de défense des animaux L214. Qui veut la peau des éleveurs ? Le titre qui s’affiche sur l’écran en grosse lettres bleues montre bien que l’on a franchi un cap. « Vous vous rendez compte de ce qui s’est passé ? », lance Samuel Vandaele. Intrusion, effraction, ce sont les mots qu’il emploie et on le sent choqué.
Emmanuel Prévost, en duplex depuis sa ferme, semble encore terriblement affecté par ce qui vient de se passer. « Les bâtiments ont été forcés, » précise-t-il. Et il se défend. Oui, « on a des volailles dans les bâtiments ». Pour autant, il n’estime pas être un « assassin » comme le prétendent les inscriptions laissées sur ce qui reste des poulaillers après l’incendie. « L’agriculture fait bien son travail », martèle-t-il. Alors pas le choix, il faut « digérer tout ça » et « rebondir».
En studio, Sébastien Arsac condamne aussi les faits qui sont, selon lui, commis par des « personnes aveuglées par la colère ». Il reconnaîtra lors de ce débat qu’il y a « une frange qui peut se radicaliser » et que l’association dénonce, sans pouvoir exercer un réel contrôle. Lui se pose en leader d’un mouvement menant un « combat pacifique » contre « un système productiviste qui montre ses limites », condamne aussi l’incendie des poulaillers et semble regretter la « situation pénible » dans laquelle se trouve l’éleveur.
Une image de « bienveillance » à laquelle ne souscrit pas du tout Nicole Ouvrard. « C’est un peu exagéré », estime-t-elle. Et elle évoque les intrusions récentes dans des bâtiments d’élevages pour réaliser des vidéos signées L214.
Un « boulot de lanceur d’alerte », répond le militant, qui est selon lui « légitime ». Pour lui, c’est le modèle agricole qui est en cause et « les éleveurs en sont victimes ».
Nicole Ouvrard ne partage pas son avis. « L’agriculture française est encore aujourd’hui un modèle d’exploitation familiale », répond-elle. Concernant le bien-être animal, elle rappelle également qu’une réglementation existe en France.
Samuel Vandaele ne décolère pas. « Le jour où on aura tué tous les paysans, on mangera quoi ? », lance-t-il aux téléspectateurs. « Je suis inquiet », avoue-t-il. Emmanuel Prévost est un agriculteur qui « montre ce qu’il fait », en participant notamment aux journées « fermes ouvertes ». Alors il ne comprend pas pourquoi « on lui a cassé son projet de vie ».
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