Les parasites ne s’arrêtent pas aux frontières
Les parasites des cultures vivent à l'heure de la mondialisation. Malgré les contrôles sanitaires, ils parviennent à traverser les frontières. La mouche Drosophila suzukii, véritable menace pour les producteurs de cerises, en est un vibrant exemple.
Drosophila suzukii, cette petite mouche commence sérieusement à faire parler d’elle et on s’en serait bien passé. Découverte au Japon en 1916, avec un nom pareil on s'en doutait, elle aurait pu rester dans son Asie d’origine. Mais non ! On la retrouve aux Etats-Unis où elle passe de la côte ouest à la côte est dans les années 2008-2010. Hélas, le périple n’était pas terminé. En 2009, la petite mouche vole vers l’Europe et est observée en Italie, en Espagne et hypothétiquement en France, dans la région de Montpellier. En 2010, sa présence est confirmée sur le territoire français où elle devient une menace pour les vergers de cerises. Ce 15 février, la FNSEA* a demandé au ministre de l’Agriculture de réfléchir à toutes les solutions de lutte possibles. Il y a urgence, car la nouvelle campagne débute dans 3 mois. Pour les producteurs, le seul remède envisageable est le traitement au diméthoate, mais l’utilisation de ce produit est interdite en France depuis 2016.
L’enseignement que l’on retient de cette navrante histoire de mouche est qu’une fois rentrées, il est difficile de repousser les petites bestioles. Les exemples de ce type sont nombreux. Il faudrait donc les empêcher d’arriver. Mais pas si facile. En matière de sécurité sanitaire, les contrôles aux frontières existent, mais certains « envahisseurs » arrivent à passer entre les mailles du filet. Profitant de l’activité humaine et de la multiplication des échanges commerciaux, ils entrent clandestinement à la faveur de pots de fleurs, de bois, ou même de semelles de chaussures ou de bagages.
Pour les 87 agents français du Sivep, le Service d’inspection vétérinaire et phytosanitaire aux frontières, il y a donc du pain sur la planche. Les 81 100 contrôles effectués en 2015 sur des produits d’origine animale, des aliments pour animaux d’origine végétale ou des végétaux et produits végétaux, ont conduit à 801 refus d’entrée. Mais pas facile de faire barrage à tous ces organismes vivants qui n’ont même pas peur du gendarme !
* Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles