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Bilan des négociations commerciales
Les EGalim n’ont pas modifié les règles du commerce

À l’assemblée générale d’Inaporc, les représentants des collèges composant l’interprofession ont mis en avant l’impact quasiment nul des États généraux de l’alimentation (EGalim) sur les négociations commerciales dans le secteur porcin.

Lancés par le président de la République dès son élection, avec pour objectif de réformer les négociations commerciales pour accorder des marges « justes » et « plus équitables » à tous les maillons de la filière et surtout à la production, les États généraux de l’alimentation (EGalim) ne semblent pas avoir convaincu les représentants des collèges aval de l’interprofession présents lors de l’assemblée générale d’Inaporc à Paris, le 3 juillet dernier. « En pratique, ils n’ont rien changé, estime Emmanuel Commault, le directeur de Cooperl Arc Atlantique. Nous sommes dans la même situation que l’année dernière. Les négociations sont toujours difficiles avec nos clients et la concurrence est toujours présente pour prendre notre place si nous ne sommes pas bien placés en prix. » Ce qui s’est traduit, lors des dernières négociations annuelles entre les industriels et les grandes enseignes, qui se sont clôturées en février, par une baisse des prix de 6,1 % dans le secteur alimentaire selon l’Ania (association nationale des industries alimentaires). « À ce rythme, certaines entreprises de la transformation vont être rapidement en difficulté », affirme Emmanuel Commault.

Les contrats ont été renégociés en juin

Depuis le mois de mars, la hausse du prix du porc liée à la demande chinoise a modifié profondément la donne. Les fournisseurs ont réclamé des ajustements à ces contrats signés juste avant la reprise des cours. « Les distributeurs ont finalement joué le jeu, mais le problème risque de se reproduire cet automne si le prix du porc continue d’augmenter », indique Francis Amand, médiateur des relations commerciales agricoles, qui avait été saisi par Inaporc pour faire le bilan de ces négociations. C’est pourquoi il propose d’inscrire dans les contrats une clause de révision automatique du prix des denrées, indexé sur les cours à la hausse comme à la baisse. « Les acteurs de la filière doivent aussi mettre un peu plus de transparence en fournissant des indicateurs de coût de production. ». Cette transparence préconisée par les EGalim est également souhaitée par les éleveurs, représentés par Paul Auffray de la Fédération nationale porcine. « Les négociations qui se déroulent de façon opaque dans un box sont des pratiques d’un autre âge. La filière a besoin de négociations multilatérales, dans lesquels doit être représentée la production. »

Les transformateurs ne veulent pas trop de transparence

« Difficile à appliquer », objecte immédiatement Bernard Valat, président de la Fict, le principal syndicat de la transformation charcutiers-traiteurs. "Si nous devons mettre en place une indexation, elle doit être également définie sur la base du prix des 24 pièces de découpe qui composent la carcasse." Par ailleurs, il estime que les industriels ne peuvent pas divulguer à tout moment leurs coûts de fabrication. "Ils prendraient un risque énorme de livrer tous leurs secrets, car ils sont aussi fabricants de marques de distributeurs." Prudence également de la part de la grande distribution. " Beaucoup de choses préconisées par les EGalim sont inapplicables ", affirme Gérard Cladière, le président du groupe viande de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). Il estime qu’en pratique, la révision systématique des prix sur un système indexé se révèle impossible à faire tant elle s’avère complexe à répercuter sur les prix au détail. "De plus, elle serait destructrice de valeur et de compétitivité pour toute la filière." De son côté, Emmanuel Commault estime "qu’on ne peut pas changer le mode de fonctionnement des négociations commerciales. Ou alors, on change de paradigme, et on passe d’une économie de marché à une économie planifiée."

Plutôt agir sur la compétitivité de la filière

Le directeur de Cooperl Arc Atlantique souligne que, plutôt que de vouloir s’immiscer dans les négociations commerciales, l’État ferait mieux d’agir pour améliorer la compétitivité des entreprises, « qui constitue le premier pilier de notre plan de filière élaboré à l’interprofession afin de produire à bas coût pour être positionné sur notre marché intérieur, et être compétitif à l’export ». Selon lui, l’État peut réduire les charges qui pénalisent le coût du travail. « Ce coût est actuellement très supérieur à d’autres pays de l’UE comme l’Allemagne ou la Pologne. Il peut aussi faire pression pour supprimer les distorsions de concurrences fiscales, comme la TVA forfaitaire en Allemagne. » Des propos que Paul Auffray illustre de façon originale : « Les producteurs de porcs allemands sont actuellement payés 10 centimes le kilo plus cher que les producteurs français. Dans le même temps, les salaisonniers français achètent des jambons moins chers aux abattoirs allemands. C’est bien la preuve que leur filière est plus compétitive que la nôtre », conclut-il.

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