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L’engraissement des vaches 100 % au pâturage est rentable

Engraisser des vaches de réforme avec un régime 100 % pâturage au printemps est possible et rentable. La ferme expérimentale des Bordes a chiffré l’économie réalisée. Il faut cependant, pour réussir, maîtriser la technique du pâturage, et pouvoir s’adapter aux conditions météo de l’année.

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Les vaches ont été abattues à une note d’état corporel autour de 3,5. Sur les trois années d’essai, les croissances moyennes ont été de 960 g/j de GMQ au pâturage.
© Ferme des Bordes

De 2021 à 2023, la ferme expérimentale des Bordes, dans l’Indre, a comparé l’engraissement de vaches de réforme charolaises au pâturage pendant le printemps sans complémentation, et celui en bâtiment avec une ration classique. « La finition au pâturage a donné de bons résultats zootechniques et semble optimale en matière de résultats économiques : le coût alimentaire est réduit de 70 % », a présenté Antoine Buteau d’Arvalis lors d’un webinaire organisé par le Cap filière bovins viande Centre-Val de Loire en novembre. Il était en moyenne de 250 euros par vache en bâtiment contre 75 euros au pâturage.

Dans cet essai, le lot en bâtiment recevait, selon l’année, du foin ou bien de l’enrubannage de valeur moyenne, avec six à sept kilos d’un concentré (composé à 80 % de blé et 20 % de tourteau de colza). Le lot au pâturage disposait de 39 ares par UGB découpés en six paddocks. Aucune complémentation n’a été apportée, sauf en 2022, la pousse de l’herbe ayant été insuffisante sur une période, la moitié des vaches ont reçu 3 kg de blé par jour pendant un mois (les autres ont été abattues avant le début de la complémentation).

La valeur alimentaire de l’herbe a été analysée à chaque changement de paddock. « Entre le 9 avril et le 16 juillet, son taux de MAT est resté entre 14 à 17 %. Sa valeur énergétique n’est pas descendue en dessous de 0,75 UFV/kgMS et a dépassé par moments 1,1 UFV/kgMS », constate Antoine Buteau. À part en 2023 où c’était un peu juste, la qualité de l’herbe était donc toujours supérieure aux objectifs de la ration (besoins des vaches à l’engraissement de 0,85 UFV/kgMS).

Un engraissement en 107 jours en moyenne

Les ingestions mesurées au pâturage et en bâtiment n’ont pas montré de grandes différences d’une année à l’autre ni entre pâturage et bâtiment. Elles naviguaient entre 14 et 16 kg MS par vache par jour. Les lots de vaches ont été engraissés en 107 jours en moyenne pour les deux modalités, et abattues à une note d’état corporel autour de 3,5. Sur les trois années d’essai, les performances des vaches ont été de 960 g/j de GMQ au pâturage contre 1 030 pour celles engraissées en bâtiment. « La différence entre les deux modalités est uniquement liée à l’année 2023 », explique Antoine Buteau. « Pendant les jours de fortes chaleurs, les vaches n’ont pas pris de poids en moyenne et certaines en ont perdu, alors que celles en bâtiment ont eu des croissances plus stables. » Les poids vifs moyens à l’abattage sont au global très proche : 836 kg de moyenne pour celles au pâturage et 839 kg pour celles engraissées en bâtiment.

Les poids de carcasse moyens se sont établis à 437 kgC pour les vaches en pâturage et 440 pour les vaches en bâtiment. Le rendement commercial, la note de conformation et d’état d’engraissement étaient quasiment identiques. Aucune différence significative n’a été relevée sur la couleur du gras (jaune très pâle), la couleur de la viande (rouge assez vif). « On a mesuré un niveau de persillé correct sur les vaches engraissées au pâturage, le même que pour celles engraissées en bâtiment. »

Des carcasses de poids et de qualité équivalentes

Pour engraisser au pâturage, Arvalis conseille de privilégier la période du printemps. « La clé est de maîtriser le pâturage tournant. Les paddocks sont découpés pour être les plus homogènes possible selon la nature des sols et la topographie. On respecte la règle d’au minimum 21 jours de repousse entre deux pâturages, et plutôt 28 jours sur des prairies permanentes, avec sept jours de présence maximum par paddock. » L’institut préconise une entrée à la hauteur mesurée à l’herbomètre de 10-12 cm (hauteur mi-mollet) et une sortie à la hauteur de 5 cm (herbe au talon) sachant qu’on peut aller un peu en dessous au début du printemps, et un peu au-delà dans l’été. « En 2022 et 2023, la pousse avait très fortement ralenti dès fin mai. Il faut arriver à s’adapter aux conditions de l’année, ce qui n’est pas évident. »

(1) Avec un blé aplati à 293 €/t et un tourteau de colza à 209 €/t (moyenne 2015-2023) et en tenant compte pour le lot au pâturage du coût de l’entretien et des clôtures.

Lire aussi : Quelles croissances pour des vaches engraissées 100 % à l’herbe pâturée en été et à l’automne ?

Quels besoins en surfaces fourragères ?

L’engraissement au pâturage permet dans cet essai d’économiser 130 kg de tourteau de colza et 630 kg de blé par vache. « La surface nécessaire pour engraisser 12 vaches au pâturage était de 4 hectares de prairies, en tenant compte du besoin en foin pour la transition alimentaire et d’un peu de blé à leur distribuer en cas de sécheresse estivale », calcule Antoine Buteau. Pour celles engraissées en bâtiment, le besoin en surfaces fourragères pour 12 vaches était de 2,4 ha de prairies pour récolter foin ou enrubannage, et 1,3 ha de céréales, soit un total de 3,7 ha. « Sur les 0,3 ha libéré par l’engraissement en bâtiment, on pourrait produire 1,2 tonne de blé. Mais la différence entre les deux modalités est très faible. »

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