Le groupe Avril va vendre sa branche œuf
Le groupe agroalimentaire Avril, veut vendre sa branche œufs coquille et ovoproduits, ainsi que l’activité porcine pour se recentrer sur la transformation du végétal, sous toutes ses formes.
Le groupe agroalimentaire Avril, veut vendre sa branche œufs coquille et ovoproduits, ainsi que l’activité porcine pour se recentrer sur la transformation du végétal, sous toutes ses formes.
« L'ambition est parfaitement claire, on veut devenir le leader des solutions végétales, qu'elles soient alimentaires, environnementales ou agricoles » a annoncé Jean-Philippe Puig le directeur général du groupe Avril, le mardi13 avril lors d'une conférence de présentation des résultats 2020. Le groupe a stabilisé son chiffre d’affaires à 5,76 milliards d’euros (-0,6% à périmètre constant), tandis que son résultat net part du groupe a progressé d'un peu moins de 70 %, à 59 M€.
Cette ambition passe par la mise en vente de toutes ses activités de transformation animale. À savoir ses œufs vendus en grande distribution (Matines) et aux restaurateurs et professionnels de l’agroalimentaire (Ovoteam). Mais aussi ses activités d’abattage, de découpe et conditionnement de viande de porc. Peu rentables, les branches animales pèsent 8,5% de son chiffre d’affaires (un peu moins de 500 Millions d’euros) et moins d’1% de l’excédent brut d’exploitation (243 millions d’euros). En revanche, Avril gardera la nutrition animale.
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L’opération, prévue avant la Covid et à réaliser dans les prochains mois, concerne six sites en œufs (voir plus bas) et deux sites en porc. Il s’agit d’«alléger notre portefeuille pour concentrer les investissements sur quatre axes», a expliqué Jean-Philippe Puig.
La ligne directrice du nouveau plan stratégique pour 2030 est « d’accélérer la croissance » dans quatre directions : les produits alimentaires végétaux de grande consommation (huiles, condiments, savons…), les ingrédients de spécialités comme les protéines végétales en nutrition animale, en alimentation humaine et en chimie renouvelable. En partenariat avec DSM, le groupe a démarré à Dieppe la construction d’une unité de production de protéines de colza, futurs ingrédients d’un « burger végétal ». Les énergies renouvelables (agrocarburant) sont le troisième axe de croissance. Enfin Avril compte développer les services et solutions pour les exploitations agricoles, comme la nutrition animale et la fertilisation.
Ne pas céder pour n’importe quoi
Pour l’œuf, cette réorientation n’est pas vraiment surprenante. Ayant raté le train de l’œuf alternatif, la branche accuse des pertes lourdes et récurrentes depuis plusieurs années. Depuis 2017, l’œuf coquille Matines est en réorganisation permanente pour rattraper son retard en alternatif (60 % des volumes cette année) et quatre des sept centres de conditionnement ont été fermés (Montdidier dans la Somme le 9 avril dernier).
De plus, la Covid n’a pas arrangé les affaires des ovoproduits d’Ovoteam.
Avec un secteur pesant deux milliards d’œufs, il faudra un repreneur au moins national ou plusieurs pour se partager les outils. Béatrice Germain, directrice de la communication externe, se veut rassurante. « Nous allons prendre le temps d’examiner les projets de reprise, car nous tenons à ce que ces activités se développent encore. C’est ce que nous avons fait en 2014 avec le groupe LDC pour nos activités volailles. » Il n’est donc pas à priori question de vente d’outils « à la découpe. »
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Symptôme d’une filière en difficultés
Cette vente pourrait accélérer l’évolution d’une filière plus que jamais divisée et secouée par le changement de modèle de production.
La filière est divisée par le jeu d’une concurrence franco-française extrême sur les prix qui dégrade la rentabilité des acteurs de toute la chaîne. Les acheteurs des GMS et de la RHF n’ont pas beaucoup d’efforts à faire pour négocier leurs achats. Le dernier round de négociations l’illustre parfaitement.
La filière est secouée par les effets de son manque de cohérence et cohésion dans la transition du modèle cage vers le modèle alternatif. Des élevages alternatifs se créent sans concertation pour remplacer les volumes d’œufs cage dont les cheptels ne diminuent pas autant qu’il s’en installe en alternatif. Résultat, il y a trop d’œufs sur le marché, dans toutes les catégories.
L’exemple de Matines n’ayant pas su prendre assez vite le virage de l’alternatif est l’illustration de ce malaise général.
Avec la vente de Matines, le processus de mutation pourrait encore s’accélérer. L’amont étant hors du périmètre de la vente, les contrats de Sanders avec les éleveurs vont être maintenus. Conservant cette activité, Avril va s’attacher à trouver un partenariat pour la fourniture des œufs, mais rien ne dit que le ou les repreneurs accepteront les œufs de code 3.
Les outils concernés dans l'oeuf
Œuf coquille : pour les magasins
- Environ 1 à 1,1 milliard d’œufs aux marques Matines, Mas d’Auge ou MDD
- Trois centres de conditionnement à Chalamont (01), Brugnens (32) et Naizin (56)
Ovoproduits Ovoteam : pour la restauration hors foyer et l’industrie
- Environ 850-900 millions d’œufs transformés sous 650 références ;
- Quatre sites industriels : solutions liquides à Ambrières (53), omelettes et œufs brouillés à Auneau (28), œufs pochés à Naizin (56), œufs brouillés et durs à Plaintel (22).