« J’ai développé la vente directe d’œufs bio »
Carmen Merlet a développé la vente directe pour pouvoir s’installer avec sa mère en pondeuses bio. Elle mise désormais sur la complémentarité entre vente directe et circuit long.
Carmen Merlet a développé la vente directe pour pouvoir s’installer avec sa mère en pondeuses bio. Elle mise désormais sur la complémentarité entre vente directe et circuit long.

Carmen Merlet, 30 ans, n’était a priori pas destinée à être éleveuse. « À Vendrennes en Vendée, ma mère Roselyne élevait des poules pondeuses bio depuis vingt ans et m’avait déjà proposé de m’installer, explique la jeune femme. Mais je m’intéressais plus à la communication et au commerce. J’ai donc fait un master en marketing-communication, puis travaillé quelques années dans ce domaine. »
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Rapidement, l’envie d’entreprendre devient plus forte. « J’ai décidé de m’installer en 2020 avec ma mère qui détenait 4 500 poules avec un contrat de reprise des œufs par la coopérative agricole Cavac. Il lui restait encore deux ans avant de prendre sa retraite. Comme on ne pouvait pas vivre à deux avec 4 500 poules en circuit long, j’ai choisi de développer la vente directe. »
Les ventes d'oeufs ont démarré très vite
À son installation, Carmen a investi 100 000 euros dans la création de l’atelier de conditionnement d’œufs bio et l’achat d’un véhicule de livraison. Elle a commencé à démarcher les GMS, la restauration collective et les magasins spécialisés. « Cela collait bien avec mon profil en commerce et communication, souligne-t-elle. Pour nos clients, nous cochions la case du bio et celle du local. »
Pour se faire connaître, elle est bien évidemment été présente sur les réseaux sociaux. Dans un premier temps, elle a aussi vendu à la ferme un jour par semaine. « Puis, en 2022 il y a eu la grippe aviaire en Vendée. Je n’ai pas pris le risque de faire venir des gens à l’élevage. À la place j’ai installé un distributeur automatique d’œufs. » Implantés devant la boulangerie de Vendrennes, le distributeur et son abri lui ont coûté 30 000 euros.

Carmen vend ainsi 20 % de ses œufs dans un rayon de 80 km, dans plusieurs enseignes de GMS, à des magasins spécialisés, en restauration collective, via notamment le réseau Restoria, et par le distributeur automatique. « La vente directe est rémunératrice, assure-t-elle. En contrepartie, elle nécessite du temps. Je passe 60 % à la vente et 40 % en élevage. Le distributeur, rempli trois à quatre fois par semaine, m’a fait gagner du temps par rapport à la vente à la ferme. »
24 000 pondeuses bio
Au 1er janvier 2025, Carmen a été rejointe par son mari Étienne. « Nous avons racheté les deux bâtiments de pondeuses bio d’un voisin qui partait en retraite, explique-t-elle. Nous allons ainsi passer à 24 000 pondeuses. » C’est un retour dans la famille, puisque ces poulaillers ont été tenus par les parents de Carmen dans les années 2000 et vendus en 2017 pour des raisons personnelles.

L’objectif du couple est de continuer à développer la vente directe. « Le centre de conditionnement a été conçu pour durer et il a beaucoup de capacité, précise Carmen. Sans prendre la place d’autres éleveurs locaux, il y a sans doute encore des possibilités de développer la vente, notamment en restauration collective, du fait de la loi Egalim. »
Toutefois, l’essentiel des volumes sera commercialisé par la Cavac, avec un contrat qui inclut l’achat de l’aliment des poules. « Avec la coopérative, qui recherche des éleveurs en pondeuses, nous savons que tous nos œufs seront vendus, apprécie Carmen. Cela nous apporte de la sécurité. »
L’éleveuse est pour l’instant très satisfaite de son installation. « L’élevage nécessite d’être présent chaque jour. En revanche, il permet de s’organiser comme on veut. C’est important pour nous, jeune couple avec deux enfants en bas âge. Concilier l’élevage, le contact et le commerce me plaît beaucoup. »
De multiples aides à l’installation avicole
Face à une demande croissante et pour assurer le renouvellement des générations, Volineo, le groupement volailles de la Cavac (85), recherche des éleveurs, surtout en pondeuses, en bio et conventionnel, mais aussi en volailles de chair, notamment en poulet.
« Depuis trois à quatre ans, avec le Covid et la grippe aviaire, il n’y a eu que dix à quinze installations par an à Volineo, indique Fabien Picard, directeur économie et projets d’exploitation à la Cavac. L’objectif est qu’il y en ait vingt à vingt-cinq en 2025 et vingt-cinq à trente par an en 2026 et les années suivantes. » Une aide est possible jusqu’à 15 000 euros par UTH, via la dotation Élevage Cavac.
D’autres aides pouvant couvrir 20 à 30 % du montant du projet sont aussi versées par Volineo, sous forme d’aide directe et/ou de contrat boosté pendant dix ans. Les nouveaux éleveurs bénéficient aussi d’un contrat de rémunération qui garantit les marges et d’un suivi par une équipe dédiée (aides aux dossiers administratifs, au suivi de trésorerie, à l’obtention des devis, au suivi de chantier, à l’apprentissage zootechnique). Enfin, un financement partiel du projet par la Cavac est possible sous forme de prêts à 2 % sur dix ans.