Résultats technico-économiques en poulet : Auvergne Rhône-Alpes mesure toutes ses charges
Les résultats provisoires de gestion technico-économique pour poulets de chair dans la région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) ont été présentés fin 2024, à Valence, dans la Drôme, en poulet standard et label rouge. Ces enquêtes ont induit un autre mode de raisonnement sur l’efficience économique des ateliers.
Les résultats provisoires de gestion technico-économique pour poulets de chair dans la région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) ont été présentés fin 2024, à Valence, dans la Drôme, en poulet standard et label rouge. Ces enquêtes ont induit un autre mode de raisonnement sur l’efficience économique des ateliers.

Depuis 2020, des indicateurs régionaux en poulet de chair et poulet label rouge sont recueillis dans des exploitations majoritairement situées dans l’Ain et la Drôme. L’enquête sur les marges est réalisée avec le soutien financier du Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, la coopération de l’Itavi et des chambres d’agriculture. En 2023, l’échantillon s’est étoffé et concerne les départements de l’Ain, l’Allier, le Puy-de-Dôme et la Drôme. Il a concerné 95 lots pour 20 ateliers en poulet standard et 113 lots pour 44 ateliers en poulet label pour 2023.
Lire aussi : L’enquête avicole Sud-Est intègre toutes les charges
Les résultats distinguent les performances techniques et l’état détaillé des charges. Pour le poulet standard, la performance est globalement similaire aux indicateurs techniques nationaux, mais on note un écart sur les durées de vides, plus courts de 17 % (moyenne de 13 jours) mais des pertes supérieures de 18 % (moyenne de 4,6 %) aux résultats nationaux. Les mêmes tendances sont observées pour les poulets label.
Charges de production de poulet Label rouge (en centimes d’euro par mètre carré et par lot) | |||
2019 | 2022 | 2023 | |
Frais de santé | 119,40 | 187 | 206,64 |
Chauffage | 106,40 | 115 | 118,61 |
Enlèvement | 49,20 | 57 | 51,24 |
Litière | 22,90 | 29 | 42,28 |
Électricité | 29,50 | 32 | 41,18 |
Prestation nettoyage/désinfection | 48,60 | 42 | 40 |
Eau | 22,10 | 20 | 33,18 |
Désinfection/désinsectisation | 20,20 | 20,20 | 25,72 |
Cotisations au groupement | 24,50 | 24,50 | 24,85 |
Fuel | 21,10 | - | 18,10 |
Traitement eau & analyses | 15,30 | 13 | 11,23 |
Divers | 8,90 | 9,12 | 9,33 |
Total charges variables | 488,10 | 548,82 | 622,37 |
Frais de gestion | 80 | 80 | 81,44 |
Assurance | 64 | 64 | 64 |
Entretien | 24 | 24 | 33,96 |
Rémunération main d’œuvre | 654,45 | 751,67 | 760,15 |
Total charges fixes | 822,45 | 919,67 | 939,55 |
Total charges pour production | 1310,55 | 1468,49 | 1561,92 |
Rémunération forfaitaire main d’œuvre exploitant(1) | 654,45 | 751,67 | 760,15 |
(1) Base forfait : 2 133 m² pour 1 UTH et 3,4 lot/an |
Augmentation des charges variables en élevage de poulet
L’évolution des charges affectables (en euros par mètre carré et par lot) a été enregistrée de 2020 à 2023.
En production standard, les charges variables ont encore augmenté de 4 % en 2023 par rapport à 2022 (+ 0,20 euro par mètre carré et par lot). Les plus importantes concernent les frais de santé et de désinfection, le chauffage et l’électricité qui a fortement augmenté (+ 32 %), portant son coût à 0,75 euros par mètre carré et par lot.
Charges de production de poulet standard | ||||
2020 | 2021 | 2022 | 2023 | |
Frais de santé | 92,71 | 111,79 | 114,90 | 118 |
Chauffage | 90,08 | 68,73 | 94 | 98 |
Électricité | 45,63 | 53,40 | 57 | 75 |
Enlèvement des volailles | 69 | 75,91 | 71 | 67 |
Désinfection/désinsectisation | 31,49 | 24,79 | 32 | 38 |
Prestation nettoyage/désinfection | 36 | 36 | 36 | 36 |
Litière | 35 | 36 | 37 | 33 |
Divers | 10,78 | 15,85 | 21 | 21 |
Eau | 12,57 | 11,41 | 12 | 17 |
Traitement eau & analyses | 18,59 | 15,55 | 21,84 | 14 |
Fuel | 2,42 | 1,73 | 01,26 | 01 |
Cotisations au groupement | 3,78 | 0,29 | 0,27 | 0,27 |
Total charges variables | 448,06 | 451,47 | 498,26 | 518,27 |
Frais de gestion | 19 | 19 | 19 | 19 |
Assurance | 37 | 38 | 46 | 54 |
Entretien | 18 | 19 | 19 | 19 |
Rémunération main d’œuvre | 228,71 | 236,15 | 249,44 | 259,58 |
Total charges fixes | 302,71 | 312,15 | 333,44 | 351,58 |
Total charges pour production | 750,78 | 763,62 | 831,71 | 869,85 |
Rémunération forfaitaire main-d’œuvre exploitant(1) | 760,15 | 760,15 | 760,15 | 760,15 |
(1) Base forfait : 3 000 m² pour 1 UTH et 7 lots par an |
Pour l’échantillon Label rouge, ce sont les frais de santé également qui dominent les charges variables avec 2,066 euros par mètre carré et par lot (+ 11 %), ensuite vient le chauffage, l’augmentation de l’électricité affecte moins ces élevages (0,412 euro par mètre carré et par lot) mais l’augmentation du coût de l’eau est plus forte (+ 66 %). Il faut noter que des charges variables montrent de forts écarts expliqués par des pratiques variées de ce large échantillon d’ateliers label. Cela concerne l’enlèvement avec entraide ou prestation, le nettoyage avec ou sans prestation, une politique de cotisations groupement différente, l’inclusion ou non d’anticoccidiens dans l’aliment, des litières à quantité et matériels variables.
Pour améliorer le dispositif en 2025, il est prévu de se pencher plus avant sur l’évolution et la variabilité de certaines charges et de mieux connaître l’état du parc bâtiment (surface, âge…), en prenant en compte les taux et le montant des rénovations. Les disparités sont telles entre bâtiments neufs et rénovations qu’il est délicat de proposer des moyennes représentatives.
Un réseau national en 2025 des élevages de volailles
Dans la région Aura en 2025, les enquêtes vont désormais concerner six départements au lieu de quatre, rejoints par l’Ardèche et l’Isère. Mais la principale nouveauté résidera dans l’intégration à Inosys réseaux avicole et cunicole.
Le dispositif devrait permettre d’ici fin 2025 de publier les premiers résultats obtenus selon une méthode unifiée à l’échelle nationale et basés sur des échantillons plus conséquents. Il est prévu que soient possibles des extractions régionales permettant des comparaisons interrégions. Cet outil devrait également permettre de réaliser des simulations.
« La rémunération des éleveurs n’est pas la variable d’ajustement »

Hélène Bombart, éleveuse et présidente de l’interprofession avicole régional (Afivol), milite depuis longtemps pour le développement d’une connaissance fine des coûts de production par atelier, qui inclut la rémunération des éleveurs.
« Toutes les charges, même les plus petites, doivent être prises en compte par les éleveurs, afin de pouvoir calculer au plus près la rentabilité de leurs ateliers. Les petites charges mises bout à bout représentent quelques centimes par mètre carré et par lot, je pense à la comptabilité, aux cotisations professionnelles, au carburant, aux frais bancaires, etc. Il ne faut pas oublier non plus la mécanisation, dont les coûts sont très variables selon les exploitations. Il nous faut coller à la réalité en prenant en compte les amortissements ou bien en se référant aux barèmes d’entraide. Et bien entendu, le coût du travail doit constituer une ligne de charges afin que le revenu des éleveurs ne soit pas optionnel, ou ce qui reste s’il reste quelque chose. Avec Inosys, grâce à la prise en compte des données comptables, j’espère que toutes les charges seront retenues y compris la rémunération à un niveau satisfaisant pour les forfaits définis. Ces données nous permettent de négocier avec les opérateurs dans un premier temps ; la marge poussin/aliment qu’ils nous proposent doit couvrir toutes nos charges y compris la rémunération de l’éleveur qui ne peut être une variable d’ajustement. J’invite les éleveurs à entrer dans ce réseau de suivi de leurs charges et résultats. »
Réseau Inosys : Des données pour simplifier et négocier
Basé sur des valeurs comptables à la sortie de l’exploitation, le calcul des charges qui sera réalisé par le réseau Inosys devrait être un outil intéressant, à plus d’un titre.
À pleine capacité, le nouveau réseau national Inosys effectuera un suivi annuel dans 675 fermes avicoles, dont 435 en chair, 90 en ponte et 115 en palmipèdes à foie gras. Le réseau est coanimé par l’Itavi et les chambres d’agriculture. La saisie des données est effectuée par le conseiller sur le mdoèle du logiciel Diapason utilisé en ruminants, leur exploitation réalisée par l’Itavi.
Selon Vincent Pedro, du service économique de l’Itavi, les données seront notamment utilisables pour le calcul de la valeur marchande objective. Cette VMO est la base de calcul des dossiers d’indemnisation des animaux abattus sur ordre de l’administration dans le cadre de la lutte contre l’influenza aviaire.
Les éleveurs bovins rentrés dans le réseau de références y ont trouvé un intérêt personnel, grâce au suivi de leur coût de production et à la recherche d’améliorations. Cela a un effet stimulant. Hélène Bombart, éleveuse, a toujours défendu que la connaissance de toutes les charges d’un atelier permettait de mieux négocier les contrats d’élevage.
Enfin, d’aucuns espèrent que le travail visant à mieux connaître le coût de la matière première agricole (MPA) puisse à terme influencer les négociations commerciales entre acteurs agricoles, agroalimentaires et grande distribution. Alors que l’on annonce une nouvelle loi EGalim pour 2025, un rapport sénatorial propose de donner plus de poids aux indicateurs de référence.
Intégrer d’autres charges dans EGalim
La loi EGAlim 2 avait pour objectif de rendre non négociable le prix des MPA. Actuellement, l’évolution du prix des MPA en aviculture est suivie par l’indice matières premières (1) de l’Itavi (un par production), qui sert de référence dans la majorité des contrats.
Matthieu Désolé, chargé d’études socio-économiques à l’Itavi, précise que cet indice est par simplification considéré comme l’indice des MPA par les opérateurs économiques. Il rythme l’évolution des prix négociés entre les opérateurs de l’aval et la grande distribution.
Cependant, la hausse des matières premières industrielles (MPI) ainsi que celle d’autres coûts n’ont pas toutes été répercutées. Durant les négociations, des désaccords demeurent sur ce qui est à considérer comme MPI ou MPA, par exemple l’énergie en élevage. Les délais de répercussion des hausses ou des baisses sont un autre sujet de discussions.