Nouvelle espèce en France
Le chacal doré est-il une menace pour les animaux d’élevage ?
Repéré récemment à plusieurs reprises en France, le chacal doré est un canidé originaire d’Arabie et du Moyen-Orient. Mais doit-on s’inquiéter de sa présence ?
Repéré récemment à plusieurs reprises en France, le chacal doré est un canidé originaire d’Arabie et du Moyen-Orient. Mais doit-on s’inquiéter de sa présence ?
Le chacal doré (Canis aureus) est un mammifère appartenant à la famille des canidés, comme le loup, le chien ou encore le renard. Malgré son nom, le chacal doré n'est pas étroitement lié aux autres espèces de chacal : des études morphologiques et moléculaires indiquent une plus grande affinité avec le loup gris et le coyote. Mais s’il est génétiquement proche du loup, il est de taille plus modeste, proche de celle du renard. Il a cependant une queue plus courte et très touffue. Son pelage est plutôt fauve avec quelques nuances grises mêlées de noir (visibles sur le dos et les oreilles) et deux bandes de couleur claire sur le cou.
Originaire d’Arabie, d’Inde, du Moyen-Orient et de Turquie, il a ensuite colonisé le sud de l’Europe il y a plusieurs millénaires puis le canidé s’est établit en Hongrie, Roumanie, Bulgarie… jusqu’au nord-est de l’Italie. En 2011, des pièges photographiques posés pour le suivi de la faune dans les Alpes révèlent son passage en Suisse. En France, un individu a été photographié par un piège automatique dans le Chablais, en Haute-Savoie fin 2017. Depuis, il a été repéré fin 2020 dans les Bouches-du-Rhône et dans les Deux-Sèvres. La colonisation de nouveaux espaces se fait par les jeunes adultes qui quittent le clan pour partir vers d’autres lieux, souvent en réalisant plusieurs centaines de kilomètres.
« Les attaques sur les cheptels sont rarissimes »
L’arrivée récente du chacal doré sur le sol français doit-il inquiéter les éleveurs ? Non si l’on en croit une publication de France Nature Environnement (FNE) qui explique que dans les pays européens où il est bien installé, les attaques sur les cheptels sont rarissimes. « Il y a donc peu de raisons de s’inquiéter de son arrivée, d’autant plus lorsque des moyens de protection des troupeaux et des poulaillers face au loup et au renard sont déjà correctement mis en place » souligne FNE qui note le côté positif de son apparition : « On lui reconnaît un rôle essentiel dans l’équilibre écologique par sa consommation de rongeurs et d’animaux affaiblis ou malades et par le nettoyage des carcasses qu’il opère, contribuant à réduire la propagation de nombreuses maladies ».
En fait, la taille modeste du chacal doré ne lui permet pas de s’attaquer à de grandes proies. Il se nourrit de petits mammifères, comme des rongeurs ou des lièvres, des oiseaux et leurs œufs qu’il trouve au sol, de reptiles et d’amphibiens, d’insectes et de fruits. Le canidé est un chasseur opportuniste : au fil de ses déplacements, il se nourrit des proies qu’il trouve sur son parcours. Il a une capacité d’adaptation certaine puisqu’il s’accommode facilement de milieux divers, qu’il s’agisse de paysages secs ou de zones humides, « à l’exception de la haute montagne et des zones d’agriculture intensive ou fortement urbanisées » précise FNE. Le chacal est également charognard : il peut profiter des restes d’ongulés (chevreuils, sangliers…) laissés par des prédateurs plus grands que lui, voire fouiller dans les décharges pour se nourrir de déchets alimentaires.
Le chacal doré trouvera-t-il sa place parmi les loups, ours et autres lynx ? Par Allain Bougrain-Dubourg https://t.co/SWVkRDwoyP
— Charlie Hebdo (@Charlie_Hebdo_) February 1, 2022
Le chacal doré n’est pas une espèce exotique envahissante
FNE estime que l’arrivée du chacal doré est réjouissante : « Après les alertes récurrentes des scientifiques sur l’érosion toujours accélérée de la biodiversité, l’arrivée naturelle de cette nouvelle espèce sur le territoire français est une bonne nouvelle. Elle montre que les écosystèmes permettent à plusieurs prédateurs de s’installer. Il faudra cependant examiner la coexistence entre le chacal, le loup et le renard roux, ce dernier pouvant se trouver en concurrence avec le nouvel arrivé pour la nourriture et les habitats favorables. Cette arrivée est aussi une belle opportunité d’améliorer nos connaissances incomplètes sur la biologie et le comportement de cet animal ».
Concernant la position française vis-à-vis de ce nouveau venu, FNE explique : « Pour l’instant, l’espèce ne bénéficie d’aucun statut réglementaire en France. Il n’est ni chassable, ni protégé. Toutefois, l’espèce figure à l’annexe V de la directive européenne « Habitats Faune Flore sauvages », ce qui oblige la France à garantir le maintien de l’espèce dans un état de conservation favorable. Le chacal doré est protégé en Italie, en Allemagne et en Suisse. L’expansion de son aire de répartition se faisant de façon naturelle et au regard de sa proximité génétique avec le loup, le chacal doré n’est pas considéré comme une espèce exotique envahissante ».