L'avenir du glyphosate continue à diviser en Bretagne
La région Bretagne propose d’expérimenter la sortie du glyphosate. La FRSEA est opposée à cette idée de « zéro-glyphosate ». Pour le syndicat d’agriculteurs bretons, il n’y a pas à l’heure actuelle d’alternative au désherbant et il faut plutôt aller vers une réduction des doses. En Bretagne, le glyphosate est un des sujets clivants du dossier agriculture.
La région Bretagne propose d’expérimenter la sortie du glyphosate. La FRSEA est opposée à cette idée de « zéro-glyphosate ». Pour le syndicat d’agriculteurs bretons, il n’y a pas à l’heure actuelle d’alternative au désherbant et il faut plutôt aller vers une réduction des doses. En Bretagne, le glyphosate est un des sujets clivants du dossier agriculture.
Aucune majorité qualifiée entre les Etats membres de l’UE sur le renouvellement pour 10 ans de l’autorisation du glyphosate ne s’est dégagée lors du vote organisé le 13 octobre. En absence de majorité entre les Vingt-sept, un nouveau vote est prévu en novembre. Dans ce vote, la France a opté pour l’abstention. Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a exprimé son incompréhension face à la décision de la France de s’abstenir. Pour lui, cette position est « l’art de ne pas passer des discours aux actes ».
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La Bretagne engagée dans la sortie des pesticides
En Bretagne, l’agriculture est au cœur des débats d’actualité et l’utilisation du glyphosate est un des sujets clivants. Le 12 octobre, à la veille du vote, le président de région Loïg Chesnais-Girard, dans un courrier adressé au gouvernement et à la Commission européenne, il rappelle que « La Bretagne s’engage fermement dans la voie de la sortie des pesticides ». Il souhaite relever ce défi « défi » et en a exposé les raisons. « En matière de santé publique, la nocivité est établie par des institutions scientifiques internationales. En matière d’échanges commerciaux, l’établissement de clauses miroirs sera nécessaire pour protéger les consommateurs et nos agriculteurs. Il s’agit aussi de préserver l’agriculture européenne de concurrence déloyale avec des pays tiers. »
La Région Bretagne se tient disponible pour mettre en place des expérimentations à une échelle régionale.
La Région #Bretagne s’engage résolument vers la sortie des pesticides, réaffirme son opposition au projet de renouvellement pour 10 ans de l’autorisation européenne du glyphosate. Les clauses miroirs protègent les citoyens et les agriculteurs. Courrier vers l’Etat, l’Europe. pic.twitter.com/hJasuIxN4x
— Delphine ALEXANDRE (@DAlexandreBzh) October 13, 2023
C’est pourquoi « la Région Bretagne se tient disponible pour mettre en place des expérimentations à une échelle régionale », assure-t-il. Elle « réaffirme son opposition au projet de renouvellement pour 10 ans de l’autorisation européenne du glyphosate », confirme Loïg Chesnais-Girard qui soutient qu’un « travail scientifique doit permettre des alternatives ». Pour lui, « il est possible d’expérimenter en Bretagne sur la sortie du glyphosate en particulier, en collaboration entre la Région, l’agence de l’eau et les collectivités volontaires ».
La FRSEA en opposition avec le président de région
La réaction de la FRSEA et des JA Bretagne ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué diffusé le 18 octobre, les membres du syndicat régional d’exploitants agricoles se disent « totalement opposés à cette proposition ». « Non pas par dogmatisme, mais par pure logique agronomique », précisent-ils. Et d’expliquer que « malgré la recherche, y compris appliquée, et les expérimentations grandeur nature comme celle réalisée par le Conseil Régional de Normandie, aucune alternative satisfaisante au glyphosate n’a encore été trouvée ».
Aucune alternative satisfaisante au glyphosate n'a encore été trouvée.
Dans cette région, le climat humide « ne nous permet pas de nous passer de glyphosate », affirment-ils. Les agriculteurs doivent « produire en quantité et qualité suffisantes, pour des coûts raisonnables en respectant le climat ». La Région Bretagne demande aux agriculteurs de réaliser des « diagnostics carbone pour accéder aux aides aux investissements », observe la FRSEA. « Or, une possible utilisation raisonnée du glyphosate est une solution pour réduire l’impact climatique des travaux des champs », assure le syndicat.
Pas d'interdiction sans solutions
Les revendications sont claires : les agriculteurs de la FRSEA refusent les « interdictions sans solutions » et demandent « de la cohérence ». Pour cela, ils proposent depuis des années à la Région Bretagne « d’utiliser les fonds qu’elle envisage de consacrer à l’expérimentation zéro-glyphosate pour l’accompagnement des agriculteurs dans la diminution de leur utilisation de produits phytosanitaires, et notamment via les aides aux investissements dans du matériel de précision permettant d’utiliser la bonne dose au bon endroit ». Une démarche qui permettrait de « rétablir l’équité entre les agriculteurs bretons et leurs voisins ».
La Région et les agriculteurs s’accordent sur la volonté d’installer de nouveaux agriculteurs en Bretagne. Mais pour la FRSEA, cette ambition ne pourra être atteinte qu’en donnant « les moyens de produire aux agriculteurs ». Il faut « enrayer la chute de production et la décapitalisation des cheptels » estiment les agriculteurs bretons. Et pour cela, il faut arrêter « d’empiler les contraintes, parfois contradictoires, qui sont autant de distorsions de concurrence qui empêchent les agriculteurs bretons d’être compétitifs ».
Réduire le glyphosate, oui. En revanche, en priver totalement les agriculteurs bretons mettrait en péril beaucoup d'exploitations ainsi que notre sécurité alimentaire !https://t.co/tV5bcQF7v0
— Gilles Lebreton (@Gilles_Lebreton) October 16, 2023
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