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Réforme de la Pac
Vers la spécialisation de bassins laitiers européens


La baisse du nombre d´éleveurs laitiers et de leur revenu est une prévision faite par tous les pays de l´Union européenne à 15. L´agrandissement, la concentration de la production dans les zones les plus favorables, sont des impacts souvent évoqués de la Pac.
Ces projections ont été présentées par des représentants de l´agriculture de plusieurs pays européens à une journée organisée en décembre dernier par l´Institut de l´élevage.
Pour la France, Jean-Claude Guesdon, de l´Institut de l´élevage, a rappelé que d´après les projections, il resterait, à l´horizon 2010-2015, entre 61 000 et 75 000 élevages, qui auront une référence moyenne de 372 000 kg.
Royaume-Uni : la production de lait pourrait chuter
« On rencontre deux points de vue au Royaume-Uni. Le premier considère que les éleveurs traiteront le paiement unique comme une aide couplée à la production. Les éleveurs s´agrandiront pour rester compétitifs. La production permettra de faire le quota, à moins que le prix du lait ne baisse davantage que le prix d´intervention. Le deuxième point de vue part du principe que les éleveurs traiteront le paiement unique comme une aide découplée. En fonction de la demande du marché et de la rentabilité de l´activité laitière, ils continueront ou non le lait. L´offre diminuera jusqu´à ce que le prix du lait permette d´apporter un revenu aux producteurs. Le prix du lait pourrait alors ne pas baisser autant que le prix d´intervention », détaille Tom Hind, de la Fédération des producteurs britanniques (NFU).
Selon lui, le découplage est un outil très puissant pour laisser agir le marché, et le risque que les éleveurs changent de production est important. « Pour stabiliser et garantir la production, essentielle dans un marché de produits frais (la moitié de la production est valorisée en lait de consommation), la contractualisation devrait se développer entre les producteurs, les transformateurs et la distribution. Le contrat deviendrait alors plus important pour l´éleveur que le quota. »
Enfin, Tom Hind pense que la commission européenne utilisera la clause de revoyure en 2008 pour lancer une nouvelle révision de la Pac. « L´avenir des quotas sera certainement débattu. Pour les éleveurs britanniques, le quota représente un coût et n´a pas sa place dans un régime où les décisions des producteurs sont prises en fonction du marché. »
Danemark : le porc détrônera-t-il le lait ?
On compte aujourd´hui 6400 exploitations laitières au Danemark. La prévision pour 2014 fait état de 3000 exploitations, avec une référence moyenne de 1450 tonnes/ferme (contre 700 aujourd´hui). L´activité laitière devrait se concentrer encore plus dans les grandes zones laitières.
« Les fermes laitières sont concentrées dans une région qui compte aussi beaucoup de grandes fermes porcines. Avec le découplage, si le prix du porc augmente, la chute du nombre des exploitations laitières s´accentuera. », décrit Susanne Clausen, de l´Institut de recherche au Danemark.
Un des messages de cette journée Institut de l´élevage : « Le risque de sous-réalisation du quota laitier sera d´autant plus important que la restructuration sera rapide. » ©F. Mechekour

Allemagne : la concurrence entre régions
« Avec le découplage, nous prévoyons une baisse des prix des quotas laitiers, décrit Helmut Hoffmann, de l´université de Munich. Nous avons choisi de soutenir davantage l´extensification et les systèmes herbagers, et de réduire les soutiens à la culture du maïs ensilage. »
La nouvelle Pac devrait se traduire par une baisse des résultats économiques, plus accentuée pour les exploitations fourragères que pour les herbagères. La production laitière risque de se concentrer encore plus au Nord et au Sud de l´Allemagne. On s´attend à une intensification des surfaces dans ces régions, et à une hausse des tarifs de location. Dans les régions en recul, l´extensification voire la cessation de l´élevage sont attendues.
Irlande : pas de souci d´occupation du territoire
« Les choix de l´Irlande ont l´avantage d´être simples. Nous avons opté pour le découplage à 100 % dans toutes les productions, pour une raison d´équité : aucun agriculteur ne sera forcé de produire à perte pour obtenir des aides. Et nous avons opté pour une référence individuelle historique, que nous trouvons plus juste qu´une moyenne régionale », explique Catherine Lascurettes, de la Fédération des producteurs d´Irlande.
L´Irlande prévoit que cette année le découplage entraîne plus de cessations d´activité, en raison de départs anticipés. Le prix des quotas devrait baisser assez sensiblement.
A court et moyen terme (2006-2008), la répartition géographique ne devrait pas se modifier ; la pression politique est importante pour conserver un ancrage du lait dans les différentes zones de collecte.
A long terme, parallèlement à la baisse du nombre de producteurs de lait, la référence moyenne par exploitation et le niveau de production des vaches augmenteront. Une baisse de la production serait donc peu probable. « Nos prévisions font état d´une baisse de revenu, de 20 à 40 % selon l´efficacité des exploitations. Une baisse liée à la baisse du prix des veaux mâles et du lait, et au coût de la conditionnalité et des contraintes environnementales, qui seront certainement croissantes », conclut Catherine Lascurettes.
Espagne : une filière laitière peu attractive
L´Espagne a opté pour une gestion des droits à paiement sur une base historique, mais n´a pas décidé quelle serait la période de référence historique. Fernando de Antonio, de la Fédération des coopératives, a exposé la situation actuelle espagnole. « Nos produits sont peu valorisés, et les exigences accrues en matière d´environnement et d´hygiène entraînent les uns à abandonner la production, les autres à ne pas s´installer. Pourtant, le pays est déficitaire en lait et la demande se maintient. Du coup, les prix n´ont pas baissé comme dans d´autres pays. »

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