Jumeaux laitiers... pas forcément rentables !
Si deux jumeaux mâles posent problème pour des raisons économiques, deux jumeaux mâle et femelle n'est pas non plus, chez les bovins, un cas idéal. La femelle est infertile dans 90 % des cas. En cause, le phénomène de freemartinisme.
Si deux jumeaux mâles posent problème pour des raisons économiques, deux jumeaux mâle et femelle n'est pas non plus, chez les bovins, un cas idéal. La femelle est infertile dans 90 % des cas. En cause, le phénomène de freemartinisme.
« Bonjour, il faut venir vite pour un vêlage, j’ai trois pattes de devant et je ne sais pas sur quoi tirer. » Sage décision ! Trois antérieurs, sauf erreur ou malformation, ce sont des jumeaux. Cela représente seulement 3 % environ des vêlages (un peu plus si des hormones ont été utilisées pour faire venir la vache en chaleur), mais le risque de vêlage anormal par malposition est beaucoup plus élevé que sur un vêlage classique. Une fois repérées la paire de pattes et la tête qui vont ensemble, la mise bas pose rarement problème car le gabarit des veaux est souvent inférieur à celui d’un veau unique. Le fait que les deux veaux ne soient pas exactement du même gabarit ou que l’un d’eux soit encore dans sa poche peut aider à faire le bon choix ! Ne restera ensuite plus qu’à surveiller que la vache se délivre bien, ce qui n’est pas toujours le cas lors d'une gestation gémellaire.
Celle-ci est due soit à un œuf qui se divise (vrais jumeaux), soit à une double ovulation (faux jumeaux), ce qui est le cas le plus fréquent sur les bovins. Ces faux jumeaux peuvent aussi bien être deux mâles, deux femelles, ou un mâle et une femelle.
Si le premier cas pose problème pour des raisons économiques (deux veaux mâles noirs de petit gabarit ayant du mal à être valorisés), le dernier cas n’est pas idéal. On risque en effet d’assister au phénomène de freemartinisme, c’est-à-dire la masculinisation de l'appareil génital de la femelle, pouvant la rendre infertile. C’est le cas pour 90 à 95 % des femelles jumelles d’un mâle.
Cela se manifeste de différentes manières :
- signes visibles extérieurement. Ils ne sont pas toujours présents, mais assez significatifs : clitoris péniforme (taille augmentée, forme anormale), vulve plus poilue que la normale ou mal placée (plus basse, parfois même vers le bas des cuisses, à mi-chemin entre l’emplacement d’une vulve normale et celui du prépuce) ;
- signes parfois palpables à l’examen transrectal : absence d’ovaires, absence de corps utérin/vagin borgne ;
- autres éléments mesurables : longueur du vagin raccourcie ;
- signes tardifs : absence de venue en chaleurs, infertilité, comportement de mâle.
À noter que le mâle peut également avoir des performances de reproduction médiocre (ce n’est pas du 100 %) et n’est donc pas à sélectionner pour la reproduction.
Réforme ou non ?
Comment savoir si la génisse fait partie des 5 à 10 % d’animaux fertiles ? Tout dépend de l’empressement de l’éleveur. Il est possible d’attendre que la génisse soit suffisamment développée pour être fouillée et/ou venir en chaleurs. Attention : toutes les anomalies ne sont pas palpables à la fouille, on trouvera ou non les ovaires, l’utérus, le vagin, mais une malformation des trompes ne pourra pas être diagnostiquée. La mesure de la profondeur du vagin est rarement mise en œuvre. Pour une réponse rapide et fiable, la prise de sang est à privilégier. Elle permettra de déterminer si des cellules à caryotype XY (typique d’un mâle) sont présentes dans la génisse, ce qui signerait son infertilité. Cette technique est à utiliser sur les animaux à fort potentiel génétique. Pour les autres, la réforme est l’issue la plus classique…
À retenir
Femelle jumelle de mâle, critères pour la réforme :
À quoi est due l'infertilité ?
Le phénomène de freemartinisme est dû au fait que les gonades (glandes sexuelles sécrétant des hormones) mâles commencent à se développer quelques jours plus tôt que celles des femelles. Comme les sangs des fœtus se mélangent, la femelle se retrouve imprégnée d’hormones mâles et son développement est modifié. Les cas où il n’y a pas d’impact sur le développement des femelles sont ceux où le mélange des sangs des fœtus ne se produit pas, ou tardivement par rapport au développement des gonades. C’est ce qui se passe chez les caprins.