Une mise bas qui aurait pu mal se finir
Vu par Claudine Fouquet, vétérinaire
Vu par Claudine Fouquet, vétérinaire
« Vite, vite, j’ai une vache qui vêle, le veau est coincé au cul, il faut venir tout de suite… » C'est l'appel qu'aurait pu me passer le propriétaire de la vache en photo ci-contre. Heureusement, dans ce cas, la vache était dans une case de vêlage en stabulation, l’éleveur surveillait le vêlage et n’a eu qu’à apporter une aide légère à la vache qui est restée debout. Elle a pu expulser un joli veau vivant, qui s’est vite levé pour téter son colostrum. Mais parmi les issues possibles de ce vêlage, la plus dramatique et malheureusement pas la plus rare, est la suivante : le vêlage date de la nuit, le veau est coincé, mort depuis plusieurs heures, la vache est par terre, épuisée, avec les nerfs écrasés par l’arrière train du veau, et elle n’arrivera jamais à se relever… Oui, les laitières, ça vêle tout seul… le plus souvent et en race pure, devrait-on ajouter ! Le vêlage reste un moment clé dans la carrière d’une vache, laitière ou allaitante.
Autre tableau catastrophe rencontré : « je viens d’arriver ce matin, j’ai une vache par terre qui n'arrive pas à faire le veau... »
Cette vache peut aussi bien avoir une torsion, un veau malpositionné ou des jumeaux emmêlés. À force d’efforts, elle fatigue et se couche, ce qui ne nous facilite pas la tâche. Pour peu que l’alimentation au cours du tarissement montre quelques lacunes, une fièvre de lait (avec une baisse du calcium sanguin parfois accompagné d’une baisse de phosphore et/ou magnésium) peut aussi expliquer le fait qu'elle soit à terre. Il est parfois complexe de savoir ce qui couche cette vache : veau coincé, fièvre de lait, chute (parfois suite à une faiblesse en début de fièvre de lait !)…
Le vêlage va être un peu plus long et plus fastidieux que la moyenne, l’intervention pas toujours dans des conditions d’hygiène irréprochable. La petite baisse de calcium par-dessus et voilà notre vache qui se délivre mal. De plus, cette vache pour qui le vêlage a été difficile, va sans doute rester couchée plus longtemps qu’une autre. Elle va faire des efforts pour se lever, souiller rapidement la paille sur laquelle elle est couchée. Et là, c’est la mammite colibacillaire qui la guette. La fièvre due à la mammite (éventuellement la non-délivrance aussi !), le fait de rester couchée, la douleur liée au vêlage, tout cela va pénaliser la capacité d’ingestion de la vache. Si elle mange moins, c’est l’acétonémie qui la guette maintenant.
Tout ça pour un simple manque de surveillance… Mais pas seulement.
Le fait de rester couchée, la douleur... et les problèmes s'enchaînent
L’alimentation joue également un rôle capital : une Baca (balance anion-cation alimentaire) bien gérée limite les problèmes du type non-délivrance, fièvre de lait, et assure un meilleur démarrage en lactation. La gestion de la Baca passe notamment par l’administration d’un minéral adapté aux vaches taries, en évitant les excès de sel (NaCl) et les légumineuses en quantités trop importantes. Les dernières semaines avant le vêlage doivent également être l’occasion de réintroduire une part de ration des laitières afin d’éviter un changement de régime brutal qui viendrait s’ajouter au stress de la mise bas, et ainsi de permettre une meilleure valorisation de la ration après vêlage. Dans les jours suivant le vêlage, toute perte d’appétit (ration peu appétente, vache couchée, infection…) peut causer une acétonémie, c’est-à-dire une carence énergétique l’obligeant à mobiliser ses réserves graisseuses et sollicitant le foie de manière importante. Une panse peu remplie, un « vide » abdominal suite à l’expulsion du veau, et la caillette peut rapidement se déplacer et parfois se tordre… La chirurgie n’est pas loin et les pertes économiques non plus !