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Une GTE pour piloter l’efficacité technico-économique de son élevage

Depuis janvier, Eilyps, le contrôle de performances d’Ille-et-Vilaine, propose à ses adhérents de nouveaux indicateurs d’efficacité et de rentabilité pour un suivi plus réactif des résultats techniques et économiques de leur troupeau.

Dimitri Viel, à gauche, éleveur à Saint Didier (35).  " On se fixe des objectifs et avec la GTE on voit bien si on est dans la course pour les atteindre. " © C. Julien
Dimitri Viel, à gauche, éleveur à Saint Didier (35). " On se fixe des objectifs et avec la GTE on voit bien si on est dans la course pour les atteindre. "
© C. Julien

La gestion technico-économique (GTE) est un outil de pilotage utilisé depuis très longtemps par les éleveurs de porcs. Eilyps, l’organisme de contrôle de performances d’Ille-et-Vilaine, en propose une version adaptée aux troupeaux laitiers. « Avec la fin des quotas et les prix qui, depuis, sont beaucoup plus fluctuants, les éleveurs ont besoin de nouveaux outils pour travailler sur l’efficacité de leur atelier et réagir plus rapidement », souligne Arnaud Frin, l’un des concepteurs de cet outil.

Opérationnelle depuis janvier 2019, cette GTE croise les données techniques et économiques mois par mois pour en tirer des indicateurs d’efficacité et calculer la rémunération permise par l’atelier lait. Elle est intégrée au service conseil Eilyps, sans facturation en plus. « Jusqu’à présent, cette analyse se faisait après la remise de l’exercice comptable. Il y avait donc un grand décalage dans le temps, rappelle Arnaud Frin. La GTE permet plus de réactivité, notamment sur le pilotage alimentaire. »

Rectifier rapidement en cas de dérapage

En juin 2019, cette GTE a été utilisée par 1 800 éleveurs d’Ille-et-Vilaine, qui ont des appuis techniques réguliers et qui transmettent leurs données comptables. « Comme j’ai aussi un atelier porc, suivre les résultats du troupeau laitier avec la GTE, ça me semblait évident, souligne Dimitri, jeune éleveur à Saint Didier, en Ille-et-Vilaine. D’autant plus qu’installé en 2016, je n’ai connu que des cours en yoyo. On se fixe des objectifs et avec la GTE on voit bien si on est dans la course pour les atteindre. Si un indicateur dérape, on peut rectifier les choses rapidement. »

Le calcul des indicateurs de la GTE est entièrement basé sur les chiffres de l’exploitation. Sont calculés tous les produits de l’atelier lait : lait vendu, veaux, vaches de réforme, le prorata d’aides PAC pour la SFP… En comparant ces produits aux coûts de production et aux charges fixes, en découle la rémunération permise par l’atelier lait, c’est-à-dire ce qu’il reste pour rémunérer les associés et les salariés, charges sociales comprises. Comme les coûts fixes intègrent les charges de mécanisation, la GTE est adaptée à tous les types de systèmes de production.

Suivre la marge sur coût alimentaire

La marge sur coût alimentaire est le critère central car elle reflète l’efficience des performances techniques du troupeau mais aussi la capacité à payer les charges d’exploitation, à financer les investissements et à rémunérer le travail. Le calcul peut être ramené à la vache ou aux 1 000 litres. « Nous le présentons en termes de rémunération permise par vache, explique Arnaud Frin. Souvent, l’effectif est contraint par la structure de l’exploitation (places en bâtiment, saturation du robot), l’amélioration de la rentabilité passe par une optimisation du revenu à la vache. L’éleveur peut se fixer des objectifs chiffrés, chaque vache doit rapporter tant par jour. » 

« À mon installation après des tiers, j’ai repris du lait sans foncier. Mon système est assez intensif. La vache est un centre de mon système, confirme Dimitri Viel. Il faut que chaque vache soit intéressante économiquement et que tous les litres soient pleinement rentables. »

Mesurer l'impact d'une décision

La GTE permet de mesurer rapidement l’effet d’une prise de décision. « On voit rapidement les effets techniques et économiques des choix pris, par exemple sur un changement de ration, apprécie Dimitri Viel. Cela permet de se rassurer dans ses choix ou de les modifier avant qu’il n’y ait trop de conséquences négatives. Quand c’était à la remise du bilan comptable, on ne se souvenait plus de tout, sur un an les effets sont lissés ». Par exemple, le suivi de la marge sur coût alimentaire permet de mieux adapter le niveau de complémentation selon le prix du lait. « En système extensif, en cas de sécheresse et de manque de fourrages, on voit rapidement si on a intérêt à faire du lait à tout prix, quitte à acheter des concentrés », souligne Arnaud Frin. « De même en hiver, complète Claire Mainsard, la conseillère de Dimitri Viel. Selon la qualité du maïs et la façon dont les vaches répondent, on voit si c'est intéressant ou non d'ajouter des compléments. »

La GTE est un outil supplémentaire pour travailler sur la cohérence de son système de production, ses choix d’investissement et ses attentes en termes de revenu.

 

Définitions retenues pour la GTE

° Vaches UL = vaches unité laitière (vaches contrôlées + vaches taries du mois)
° Vaches totales = vaches laitières + taries + réformes
° Marge sur coût alimentaire = produits lait - coût alimentaire(1), exprimé par vache et par jour
° Coût de production de l'atelier lait = coût alimentaire VL + autres charges de l'atelier lait (dont l'alimentation des génisses) + charges de structure (dont amortissement) affectées à l'atelier lait
° Rémunération permise de l'atelier lait = produits totaux de l'atelier lait (lait + viande + DPB lissés) - coût de production
(1) fourrages estimés à partir des charges opérationnelles - GTE Eilyps
 
 

Se situer par rapport au groupe

À chaque passage du technicien est prévu un échange autour de chiffres de la GTE et une comparaison avec les moyennes du groupe. « Cela permet de se situer, d’affiner ses marges de progrès », explique Claire Mainsard. Des moyennes des indicateurs sont calculés par race et par système d’exploitation (bio, grand troupeau, robot). « Dimitri peut comparer ses résultats avec la moyenne de 748 autres éleveurs », note la conseillère. Par exemple, en race Prim’Holstein, sur le 4e trimestre 2018, la marge sur coût alimentaire est, en moyenne, de 5,29 € par vache et par jour. En Holstein également, mais dans les élevages équipés d’un robot, elle descend à 5,10 € car le coût de production est plus élevé du fait d’investissements récents.

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