Tuberculose bovine : l’abattage expérimental de la DDPP des Pyrénées-Atlantiques annonce-t-il un assouplissement acceptable ?
Dans les Pyrénées-Atlantiques, après des mois de concertation avec les services de l’État, Sophie et Philippe Sicre ont signé le 17 juillet 2024 un protocole alternatif pour tenter d’épargner leur troupeau bovin visé par un abattage total à cause de la tuberculose bovine.
Ce protocole expérimental « nous a semblé plus acceptable que l’abattage total initialement prévu », témoignent Sophie et Philippe Sicre, situés à d’Espès-Undurein dans les Pyrénées-Atlantiques. Les époux installés en Gaec élèvent cent vingt bovins de races blonde d’Aquitaine et gasconne des Pyrénées, en système transhumant.
Suite à la prophylaxie annuelle, une vache avait été identifiée, en janvier dernier, comme infectée par la tuberculose bovine, à cause des lésions évolutives constatées après l’abattage diagnostic et des résultats d’analyses en laboratoire.
Une décision « impossible à accepter »
Tout le troupeau faisait alors l’objet d’un arrêté préfectoral portant déclaration d’infection (APDI). L’abattage total était prévu dans les trois mois. « Nous n’étions pas opposés à l’abattage des vaches infectées, mais à un abattage total indifférencié » tiennent à préciser Sophie et Philippe Sicre. L’avenir de la ferme de Pierrette était en jeu. En effet, d’une part, l’abattage total aurait difficilement permis le repeuplement à un pedigree équivalent, en cette période de décapitalisation du cheptel national. Et d’autre part, aucune vache n’aurait pu transmettre le parcours de transhumance aux vaches de remplacement. « Ce n’est pas qu’une question financière, mais aussi de durabilité de notre ferme, sa capacité à surmonter cette épreuve » partagent-ils.
Considérant cet abattage total comme « impossible à accepter », avec l’aide de leur syndicat, des manifestations de leurs confrères, du député et de la sénatrice locaux, un dialogue s’est finalement ouvert avec les services de l’État, pour un changement de stratégie sanitaire.
Ni abattage total, ni sélectif
Il a été convenu avec les autorités d’abattre 35 animaux considérés à risques, dont 18 animaux qui partent pour être analysés post-mortem. S’ils sortent négatifs, le protocole pourra démarrer. 65 bovins seront ensuite testés dans le cadre d’une première série de tests comprenant une intradermotuberculination simple (IDS) et un interféron gamma (IFG).
Dans tous les cas, 17 devront encore être abattus, pour réduire le troupeau à un noyau dur de 48 têtes transhumantes, dont l’objectif est de permettre la reprise de l’activité d’estive dès la fin du protocole, si celui-ci aboutit favorablement. Ce noyau « transhumant » subira encore trois séries de tests (deux IDS + IFG et une intradermotuberculination comparative (IDC)), soit au total quatre séries de tests, toutes les huit semaines, contre trois séries pour un protocole sélectif. Les animaux réagissant seront abattus pour des analyses post-mortem plus poussées. Si deux bovins supplémentaires s’avèrent infectés ou un avec des lésions de tuberculose évolutives, alors l’abattage total du troupeau sera inévitable.
À ce protocole alternatif sont associées des mesures de biosécurité : double clôture, mise en défend des points d’eau stagnante, isolement des stocks de fourrage…
« Cette expérimentation alimentera les réflexions en cours au niveau national sur des évolutions des protocoles de gestion de la tuberculose, ouvertes dans le cadre de la feuille de route tuberculose 2024-2029 présentée aux partenaires et filières professionnels et validée en comité national d’orientation des politiques sanitaires animales et végétales (CNOPSAV) » a déclaré à ce propos le préfet départemental Julien Charles.