Trouver un compromis entre vitesse de séchage et pertes de feuilles
Les essais menés en 2012 par Arvalis
Institut du végétal à la station de
la Jaillère (44) montrent que les retourneurs
d’andains à rotors hydrauliques offrent des
perspectives intéressantes pour améliorer
la récolte de la luzerne.
puis de s’orienter éventuellement
vers des outils plus adaptés au foin
de légumineuses, comme les
faucheuses conditionneuses
à rouleaux », estime Gilles Crocq,
d’Arvalis Institut du végétal.
Pour les producteurs de luzerne, la récolte est la phase la plus délicate de la conduite de la culture. Lors du séchage au sol, les pertes peuvent dépasser 30 % du volume initial. Et ce sont surtout les feuilles, deux à trois fois plus riches en azote que les tiges, qui sont perdues.
Toutes les étapes de la chaîne de récolte sont concernées mais les pertes deviennent vraiment significatives quand le fourrage atteint 60-65 % de matière sèche.
Des essais ont été réalisés en 2011 et 2012 sur la station Arvalis Institut du végétal de la Jaillère (44) dans le but d’améliorer la récolte de la luzerne en foin et notamment de limiter les pertes au champ tout en optimisant la vitesse de séchage. Différents matériels ont été comparés en 2012.
Fauchage : avec une faucheuse classique ou à rouleaux
Durant la première phase de séchage (de 15-20 % MS à 45-50 % MS), la perte d’eau est très rapide et se fait essentiellement parce que les stomates des feuilles sont encore ouverts. Pour optimiser le séchage, il est donc conseillé de faucher dès disparition de la rosée pour une exposition maximale aux rayons du soleil dès le premier jour. Mieux vaut utiliser une faucheuse rotative classique (6 à 9 000 € en 3m portée) qui fauche à plat et ne fragilise pas les feuilles, plutôt qu’une faucheuse conditionneuse à fléaux qui augmente les pertes et replace souvent le fourrage en andains.
Les plus adaptées pour la luzerne restent toutefois les faucheuses conditionneuses à rouleaux (15-20 000 € en 3 m traînée) qui, en écrasant les tiges, améliorent la vitesse de séchage et sont moins agressives qu’un conditionneur à fléaux.
Quelle que soit la faucheuse, le débit de chantier est de 2 à 2,5 ha/h sur des largeurs de fauche de 3 m à 3,5 m. Et avec un équipement de fauche frontale supplémentaire, le débit peut passer à plus de 6 ha/h.
Fanage : jamais en pleine chaleur
Le fanage est à raisonner en fonction de la quantité de fourrage fauché. Il est souvent inutile en 3e et 4e coupes, les rendements étant alors plus faibles. Faner juste après la fauche n’est en général nécessaire qu’après une conditionneuse pour ré-étaler les andains. Le fanage doit être de moins en moins agressif et de plus en plus matinal au fur et à mesure que le foin sèche et se fragilise. C’est en effet ce poste qui cause le plus de pertes (20 à 30 %) s’il n’est pas pratiqué sur un fourrage ré-humidifié c’est-à-dire le matin, avant disparition de la rosée. La plage d’intervention est donc limitée.
Le fanage avec une faneuse à toupies de 7 à 8m de large (4 à 7000 €) se fait à plus de 5 ha/h: la vitesse d’avancement doit être assez rapide tout en limitant la vitesse de rotation des toupies. L’agressivité du passage de l’outil est à modérer en fonction du taux de matière sèche du fourrage.
Andainage : andaineur à soleil ou à toupies
L’essentiel pour l’andainage comme pour le fanage est de privilégier un bon débit de chantier pour intervenir dans la fenêtre optimale. Andainer le matin dans la rosée tant que les feuilles sont encore ré-humidifiées et peu fragiles, toujours de manière peu agressive. Un andaineur à soleil permet un très bon débit de chantier: de 6 à 10 ha/h pour des modèles de 7 à 8m de largeur de travail et douze à quatorze soleils (10 à 14000 €). Lorsque les réglages de l’outil sont bien maîtrisés, il peut limiter la perte de feuilles. Et le risque de souillure du fourrage n’est pas plus élevé qu’avec un andaineur à toupies classique.