Aller au contenu principal

« Trouver les bons indicateurs et piloter vers l’avant »

À la tête de la ferme des 1 000 vaches dans la Somme, Michel Welter insiste sur la nécessité, pour un manager, de suivre ses propres tableaux de bord.

Michel Welter. « Tout bon manager doit savoir se remettre en cause. Le jour où je pense détenir la solution, c’est qu’il est temps d’en changer ! »
© E. Bignon

La SCL Lait Pis Carde compte aujourd’hui un troupeau de 880 vaches traites trois fois par jour avec une moyenne économique à plus de 10 000 litres p, à 41 de TB, 34 de TP et 205 000 cellules/l. L’intervalle vêlage-vêlage moyen est de 375 jours et l’âge au vêlage de 30 mois. Issue du regroupement de XX troupeaux, la structure — qui a démarré sa production en septembre 2014 avec 130 vaches — a stabilisé ses effectifs et son fonctionnement.

« La première chose que je fais le matin, c’est d’analyser le tableau de bord de la veille. En deux minutes chrono, je dois être capable de voir si quelque chose cloche ou non sur l’élevage, expose Michel Welter, PDG de la ferme des 1 000 vaches. Pour y parvenir, il a fallu trier, parmi la masse de données dont on dispose, quels sont les indicateurs qui se révèlent les plus pertinents et qui permettent d’agir. » Michel Welter distingue les critères qui reflètent la qualité du travail réalisé au quotidien par les salariés et qui méritent donc un suivi au jour le jour, de ceux qui traduisent une stratégie à plus long terme. « Par exemple, je regarde le taux cellulaire du tank tous les jours car les trayeurs ont un impact direct dessus. Par contre, analyser quotidiennement le taux de matière grasse du tank ne sert à rien, même s’il peut fortement varier. Au contraire, cela peut conduire à des modifications contre-productives. » Des seuils d’alertes ont été créés pour faciliter un repérage rapide en cas de décrochage de l’un des critères. Le tableau de bord de l’exploitation comprend une soixantaine d’indicateurs quotidiens. Litrage produit, taux cellulaire du tank, quantité de refus pesés à l’auge, nombre de vaches traites à l’heure, nombre d’animaux à l’infirmerie… ne sont que quelques exemples. « Ce qui compte, c’est que chacun définisse et s’approprie ses propres indicateurs, considère Michel Welter qui préfère rester discret quant aux critères qu’il a retenus. Je suis convaincu qu’un critère parlant pour un exploitant ne le sera pas forcément pour un autre. Et, que l’on peut très bien atteindre un même résultat en raisonnant avec des critères différents. » Il insiste aussi sur la nécessité de partager ses indicateurs avec l’ensemble de l’équipe et d’en tester régulièrement de nouveaux.

Une comptabilité mensuelle incluant les charges de structure

L’une des particularités de l’exploitation est de sortir, tous les 20 du mois, le résultat net mensuel du mois précédent. L’une des raisons est que la main-d’œuvre, rémunérée mensuellement, constitue la première charge de l’exploitation. Mais c’est aussi le moyen de se montrer réactif dans la gestion de l’entreprise. « Comment être en mesure de corriger rapidement le tir si on dispose des résultats comptables qui datent de dix-huit mois ? Trop souvent, on confond la conduite en regardant dans le rétroviseur et la conduite en regardant la route devant. Or, on a besoin d’indicateurs pour piloter vers l’avant et non a posteriori. » Michel Welter prend l’exemple du coût alimentaire. Ce qui compte, c’est de le calculer pour l’année en cours. Il calcule un prévisionnel (en €/1 000 l) en prenant trois hypothèses : la quantité d’aliments achetés, leur prix, et la production permise par la ration. Ensuite, tous les mois, il vérifie si ce qui est réalisé colle bien à ce qui était prévu. Et si ce n’est pas le cas, il identifie d’où provient l’écart (prix, quantités, réponse des vaches) et met en place les corrections nécessaires.

« Tenir une comptabilité mensuelle incluant les charges de structure donne aussi une autre vision. On mesure mieux par exemple l’impact d’une hausse du prix du tourteau, comparé au poids que représentent certaines charges fixes. Les meilleures sources d’économies ne sont pas toujours celles qui nous paraissent les plus évidentes ! », conclut-il.

« Il faut un seul chef »

Quel que soit le statut des personnes qui travaillent sur l’exploitation, il a été décidé qu’un directeur général dispose des pleins pouvoirs pour décider. « Je suis le seul à fixer le cap. Chacun est ensuite responsable, dans son domaine, de la bonne tenue de ce cap », décrit Michel Welter. La SCEL comporte 23 salariés : 18 opérateurs (traite, distribution de l’alimentation, veaux), 1 technicien de maintenance, 3 cadres responsables sanitaires, 2 encadrants majeurs (Michel et Pauline, son bras droit). « Nous avons écrit le mode d’emploi de la ferme de A à Z. » Des protocoles stricts sont établis et chaque poste a une mission clairement définie. Les équipes changent tous les jours. Il y a toujours une personne en charge de contrôler que le boulot a été bien fait. Tout ce qui est fait est écrit et enregistré. « Nous sommes obligés de bien structurer les choses, un peu comme dans un service hospitalier, pour assurer le transfert des infos. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Nathalie et Michel Daguer, éleveurs en Mayenne avec leurs vaches</em>
Pâturage hivernal : « Nous ne voyons que des bénéfices dans notre élevage en bio et en monotraite en Mayenne »

Le Gaec du Ballon en Mayenne, en bio et en monotraite, profite de conditions pédoclimatiques privilégiées pour pâturer en…

%agr
« Nous économisons 2 500 euros en quinze mois en récupérant les eaux de toiture dans notre élevage laitier »

Élodie et Mathieu Regazzoni, associés en Gaec à Scey-Maisières dans le Doubs, traitent au chlore les eaux de récupération de…

Carte de la zone régulée FCO 3 au 21 novembre 2024.
FCO 3 : 269 foyers détectés en plus mais pas de nouveau département touché

A date de jeudi 21 novembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 7 935 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

<em class="placeholder">Brice Minot, Vincent Colas et Cyrille Minot, trois des quatre associés du Gaec des forges, en Côte-d&#039;Or</em>
Élevage laitier : « Nous cherchons de la productivité et de l’autonomie pour rentabiliser nos installations en Côte-d’Or »

Au Gaec des forges, en Côte-d’Or, les associés ont robotisé pour mieux organiser le travail. La recherche d’un bon prix du…

<em class="placeholder">« L’herbe pâturée est la plus économique car, plus il y a de stock, plus les charges de mécanisation augmentent », soulignent Sébastien Le Goff et Julie Sylvestre.</em>
Diagnostic de système fourrager : « Nous avons prouvé la résilience de notre élevage face aux aléas climatiques dans le sud du Morbihan »

Au Gaec de Coët Cado, dans le Morbihan, pour s’assurer de la résilience de leur système fourrager aux aléas, les associés ont…

<em class="placeholder">Graphique sur l&#039;évolution des prix des vaches de réforme notée O, dans 4 pays de l&#039;UE : France, Allemagne, Irlande et Pologne. </em>
Viande bovine : les prix des vaches laitières et des jeunes bovins lait se stabilisent début novembre

En France, après une baisse continue depuis fin août, les cours des réformes laitières O s’étaient stabilisés début novembre.…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière