Vous avez annoncé du lait frais et maintenant du camembert en blockchain : comment ça marche ?
Séverine Fontaine, Carrefour - Le consommateur scanne le QR Code présent sur l’étiquette avec son smartphone. Il accède ainsi à une interface regroupant de nombreuses informations sur le parcours du produit, depuis le lieu de production jusqu’à la mise en rayon. Pour l’instant notre QR Code est statique pour le lait et le camembert ; le consommateur doit renseigner le numéro de lot sur l’interface. D’autres blockchains ont un QR code dynamique par lot.
Quel intérêt pour Carrefour et pour ses partenaires ?
S. F. - Cela nous permet de nous différencier, avec des preuves de ce que nous alléguons sur l’étiquette. Pour le lait frais et le camembert, les élevages sont bien normands, ils répondent à un cahier des charges strict "nourris sans OGM", etc. Nous comptons sur un gain de confiance des consommateurs. Demain, la blockchain pourra aussi permettre de traiter les alertes et les retraits de façon plus ciblée.
Pour les éleveurs et leur laiterie, cela leur donne une vitrine pour communiquer vers le consommateur. Ils peuvent s’en servir comme d’une étiquette agrandie, avec des photos, une carte de localisation des élevages, la synthèse d’un cahier des charges, un schéma et des photos pour expliquer les rations des vaches selon la saison ou le traitement du lait…
Pour nous et nos partenaires, c’est une façon de rapprocher les consommateurs des producteurs.
Quel est l’objectif de Carrefour ?
. F. - Au 15 octobre, il y a onze blockchain en France et autant dans d’autres pays d’Europe, Chine… Il existe trois blockchains pour des produits laitiers : pour le lait frais microfiltré fabriqué par la fromagerie normande Gillot, pour le rocamadour élaboré par la société fromagère du Livradois, et pour le camembert de Normandie fabriqué par la fromagerie Graindorge. D’autres projets sont en préparation, dont un pour le chavignol et un pour le lait UHT.
L’objectif de Carrefour est qu’en 2022 tous ses produits en Filière qualité Carrefour (FQC) soient en blockchain. À cette date, nous avons un peu plus de 100 FQC, mais de nouvelles filières seront développées.
Jusqu’à quel niveau d’information va la blockchain ?
S. F. - Nous nous adaptons à nos partenaires : nous décidons ensemble de ce qui a de la valeur à communiquer pour le consommateur. Nos partenaires n’ont pas besoin d’être digitalisés pour démarrer. Mais évidemment, cela va les motiver à se digitaliser, car l’objectif est d’éviter une double saisie des informations. Plus nous collecterons des données digitalisées qui correspondent à des attentes consommateurs et permettent d’auto-auditer la filière, plus nous renforcerons nos blockchains.
Par exemple, pour le lait, une des attentes consommateurs concerne le temps en pâturage. Carrefour et ses partenaires s’intéressent aux outils qui permettent de géolocaliser les vaches et de compter leur temps de pâturage. Quand les vaches seront équipées, les données de pâturage pourront intégrer automatiquement la blockchain.
Autre exemple : la traçabilité du soja, qui garantit un non impact sur la déforestation, ou la digitalisation des indicateurs d’utilisation des antibiotiques en élevage.