Sept indicateurs pour comprendre les anomalies nutritionnelles
L’outil de suivi automatisé des performances de l’élevage Creascan VL va être déployé cet automne par les clients de la firme services CCPA.
L’outil de suivi automatisé des performances de l’élevage Creascan VL va être déployé cet automne par les clients de la firme services CCPA.
Creascan VL est le seul outil de pilotage qui combine les données individuelles de performances et les teneurs en acides gras du lait de tank pour proposer des indicateurs, affirme Didier Andrieu, spécialiste ruminant CCPA. La remontée des données du contrôle laitier et des laboratoires interprofessionnels vers le serveur de CCPA se fait automatiquement. Le technicien et l’éleveur ont accès aux mêmes données en se connectant sur www.creascanvl.com (sur ordinateur, smartphone et tablette), dans un espace personnel et sécurisé. L’outil est réactif : « les indicateurs sont disponibles entre deux et huit jours après le passage du contrôle laitier ».
Des indicateurs en ligne entre deux et huit jours après le contrôle de performances
Le service est conçu en trois parties ; il comprend :
1- Des tableaux de bord lait, TB, TP, cellules sur les trois derniers contrôles. Ils permettent d’identifier les problèmes de sous-performances en comparant la valeur attendue à la valeur réalisée.
2- Des facteurs explicatifs techniques se traduisant par sept indicateurs :
- la note de production laitière : c’est le pourcentage de vaches ayant une production inférieure à la production attendue de chaque vache. Celle-ci prend en compte le stade de lactation, la parité, et le potentiel du troupeau. Une liste de vaches en alerte de production est éditée.
- la note acidose (note de 1 à 5) : elle est calculée sur le pourcentage de vaches ayant un TB bas, puis modulée en fonction des teneurs en acides gras du lait de tank. Une liste de vaches en alerte acidose est éditée.
- la note de déficit énergétique (note de 1 à 5) : elle est établie à partir du pourcentage de vaches à forte mobilisation énergétique (TB/TP supérieur à 1,4), du pourcentage de vaches à déficit sans mobilisation des réserves avec une modulation par le pourcentage d’acide oléique dans le lait de tank. La liste des vaches en alerte précise un effet ou non du déficit énergétique sur la production et les taux.
- la note d’activité ruminale (note de 1 à 5) : elle évalue l’activité de la flore du rumen à partir des acides gras du lait. « Ils apportent des informations sur les fermentations amilolytique ou cellulolytique et sur la mobilisation des réserves de graisses et le métabolisme lipidique. Une note faible signifie que le rumen tourne au ralenti : il peut y avoir un manque de glucides rapides, un problème de subacidose, ou un problème de qualité des fourrages. Dès qu’il y a un changement dans l’alimentation, on le voit : c’est un très bon facteur explicatif. »
- l’indicateur santé de la mamelle : il donne l’évolution sous forme de pictogrammes rouge/vert/orange du taux cellulaire du troupeau. Il indique la répartition des vaches à plus de 300 000 et 800 000 cellules en fonction du stade de lactation et de la parité. Une liste de vaches en alerte avec la contribution de chaque vache au lait de tank est éditée, ce qui permet de voir l’impact sur le taux cellulaire moyen si on les réforme.
- l’indicateur d’efficacité protéique : c’est le rapport entre la quantité moyenne de matières protéiques (en g/jour) produites par chacune des vaches traites et le taux d’urée dans le lait (en mg/l). "Toute baisse de l’indicateur de 5 % est signalée par un pictogramme rouge pour alerter sur les raisons de cette baisse."
- l’indicateur de changement de ration : il indique s’il y a eu ou pas changement de ration à partir du profil en acides gras polyinsaturés du lait. Un graphique montre leur évolution sur les trois derniers contrôles. Une variation peut révéler une différence de qualité des fourrages à base d’herbe (à la hausse ou à la baisse). "Cet indicateur est à prendre en compte pour interpréter une baisse du TB."
3- La proposition de solutions et l’identification des leviers d’amélioration.
Depuis sa présentation à l’automne dernier, Creascan a été testé dans une cinquantaine d’élevages. Cet outil sera déployé par plusieurs clients fabricants d’aliment de la firme services de CCPA à l’automne, comme le groupe Altitude (Massif central) ou Triskalia (Ouest). « L’intérêt pour l’éleveur est de disposer d’un tri des vaches quasi-instantané après le contrôle individuel, et dans un second temps d’un diagnostic approfondi, souligne Loïc Chamoux de Triskalia. L’étalonnage est fait par rapport à l’élevage, en fonction des objectifs de production. Le service sera commercialisé par Triskalia 280 €/an, un coût à relativiser si on le compare au coût d’une analyse acides gras (15€/mois soit 180 €/an). »
Annick Conté
Évoluer vers un outil de pilotage en temps réel
« Aujourd’hui Creascan est basé sur le contrôle de performances mensuel. Nous voulons le faire évoluer vers un outil en temps réel, avec des données issues des compteurs à lait, robots, mélangeuses… », affirme Emilien Dupuis, responsable ruminant CCPA. L’objectif est de disposer fin 2017 d’une base de données connectée : CCPA noue des partenariats pour créer un portail commun. Elle mène la réflexion au niveau international (50 % de son chiffre d’affaires est réalisé à l’international). « Les données n’ont de valeur que si elles sont partagées. Notre rôle n’est ni de collecter les données (nous n’allons pas vendre de capteurs), ni de les stocker, mais d’être en aval dans la valorisation des données. » L’étape suivante, en 2018, est de transférer les données de ce portail commun vers Creascan et de proposer des indicateurs en temps réel.