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Sept conseils pour élever les veaux au lait en poudre

La simplification des buvées avec un aliment d’allaitement engendre de bonnes performances de croissance des veaux. À condition de respecter quelques règles indispensables.

Depuis quinze ans, la ferme expérimentale des Trinottières a testé de multiples protocoles et plans de buvée pour alimenter les veaux. Avec comme fil conducteur : la volonté d’élever les veaux simplement, sans dégrader les performances et à moindre coût. Voici le tour des différents enseignements tirés sur les trois dernières années, avec une conduite à base d’aliment d’allaitement.

D’aussi bons résultats qu’avec le lait entier

Nourrir des veaux avec un aliment d’allaitement à base de 50 % de poudre de lait écrémé (22 % PB et 18 % MG) marche aussi bien qu’avec le lait entier. « En fait, toutes les solutions fonctionnent à condition d’en respecter le mode d’emploi, indique Julien Jurquet de l’Institut de l’élevage. Plus que le type de lait ou de concentrés employés, c’est vraiment le travail de l’éleveur et son savoir-faire, qui font que les résultats sont bons ou pas. »

Un sevrage à 8 semaines c’est possible

Avec ce plan, les veaux font plus de 80 kg au sevrage. Aux Trinottières, le sevrage intervient à 8 semaines. « Ce choix résulte de contraintes liées aux essais sur les veaux et au logement en cases individuelles. » Au-delà de 8 semaines, la réglementation bien-être précise que les veaux ne doivent plus être logés en cases individuelles.

D’après une enquête réalisée dans les élevages du Grand Ouest, le sevrage intervient plutôt en moyenne à 11 semaines. « C’est ce que nous avons fait entre 2000 et 2005, rappelle David Plouzin en charge des essais. Mais, nous avons progressivement réussi à abaisser cet âge de 11 à 8 semaines." Les veaux sont sevrés à 8 semaines depuis 2007. Cela ne pénalise pas leur croissance à partir du moment où ils consomment deux kilos de concentré. « En élevage, je conseille de viser un sevrage précoce à 9 semaines, avance Julien Jurquet. Il est toujours possible d’allonger un peu pour les veaux un peu plus légers à la naissance ou les veaux à diarrhées, mais il ne faut pas en faire une règle générale. »

Ça marche même avec un repas par jour

« Un repas par jour, on savait déjà que cela fonctionnait bien avec le lait entier, et on a pu constater que c’était également le cas avec un aliment d’allaitement", affirme David Plouzin. Même une simplification à six repas par semaine, avec suppression de la buvée du dimanche soir, s’avère possible sans compromettre les résultats.

Un seul aliment sur toute la phase lactée

Avec du lait entier, les éleveurs ont seulement un volume à gérer, selon l’âge du veau. Avec un aliment d’allaitement, il faut gérer à la fois un volume et une concentration de poudre. Ce qui complique la préparation et multiplie les risques d’erreur. « Nous préférons opter pour un protocole simple avec une concentration unique à 200 g par litre de buvée dès le départ, et adapter les volumes à chaque tranche d’âge. »

Distribuer une quantité suffisante de poudre

Il faut tabler sur 45 kg d’aliment d’allaitement par veau sur la durée de la phase lactée pour qu’il parvienne à doubler son poids de naissance. « Nous avons appris de nos erreurs, reconnaît David Plouzin. En 2016, nous avions tablé sur une quantité de poudre de 33 kg par veau, en pensant que les veaux compenseraient par une plus forte ingestion de concentrés. Mais nous avons été déçus par les poids au sevrage (75 kg). » Au niveau économique, la cible de 45 kg de poudre est cohérente avec l’objectif de 90 euros de coût d’allaitement à ne pas dépasser.

Pratiquer une préparation collective des buvées

Adopter une seule concentration de 200 g de poudre par litre de buvée a l’avantage de permettre une préparation unique de la buvée, quel que soit l’âge des veaux présents. « Nous préparons le volume de lait reconstitué dans un même récipient en nous référant à un abaque spécifiquement conçu pour une concentration de 200 g par litre de buvée. » (voir tableau). En fonction du nombre de veaux présents et de leur âge, on connaît le volume de buvée à préparer. L’abaque précise le volume d’eau nécessaire et la quantité de poudre à ajouter.

Ne pas oublier l’eau, en plus des buvées

Les veaux boivent de l’eau dès leur plus jeune âge, pas seulement à partir de deux mois ! « Nous avons été surpris des consommations d’eau de boisson pendant la phase lactée. En moyenne sur deux ans, les veaux ont bu 58 litres d’eau en huit semaines, soit plus de deux litres par jour par veau ! Ils commencent à boire dès la deuxième semaine (0,5 l/j). »

Renouveler les concentrés tous les jours

Une fois sevré, le veau doit puiser dans le concentré et le fourrage la même quantité de protéine et d’énergie qu’il buvait dans le lait. Si tel n’est pas le cas, le sevrage marque un coup d’arrêt à sa croissance, et ouvre la porte à des problèmes qui risquent de se greffer à ce déficit de croissance. « Quel que soit le concentré, il doit être distribué à volonté et renouvelé tous les jours pour rester bien appétent. » En plan simplifié à six repas par semaine, il faut en distribuer davantage le dimanche. « Le repère des deux kilos de concentrés ingérés par veau au sevrage est plus important que l’âge ou le poids. »

De la rigueur dans la préparation

La préparation de la buvée collective peut se faire dans une poubelle de 50 litres. Reportez-vous à un abaque adapté pour déterminer exactement le volume d’eau chaude nécessaire. Celui-ci doit être revu à la hausse pour avoir la quantité juste de lait au final car un kilo de poudre ne correspond pas à un litre. « Par exemple, pour préparer un volume de buvée de dix litres, il faut deux kilos de poudre et 8,7 litres d’eau, soit un volume total supérieur à dix litres. » L’idéal est d’avoir un tableau de consignes à jour pour toute la semaine.

Attention à la température de dilution et de buvée. « Lors de la préparation, il faut créer un choc thermique avec une eau à 60 °C pour bien dissoudre la matière grasse de la poudre. Pour la buvée, visez 45°C plutôt que 40°C. »

Un peson (30 euros) n’est pas du luxe pour mesurer avec précision les volumes d’eau et de poudre. C’est plus adapté qu’une boîte dont le poids risque de varier selon si la poudre provient du haut ou du fond du sac. Un pichet doseur permet de distribuer le juste volume.

Petite astuce pour un malaxage efficace : plutôt que le fouet, utilisez un malaxeur à peinture monté sur perceuse et brassez pendant deux minutes. Un brassage pas assez long ou pas assez rapide ne permet pas un choc mécanique suffisant pour bien dissoudre la matière grasse. Ne vous fiez pas au fait qu’il n’y ait plus de grumeaux.

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