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Réduire encore ses émissions de gaz à effet de serre même en système laitier bio tout herbe

En bio et système tout herbe, le Gaec du Tilleul s’est fixé comme objectif de réduire encore son empreinte carbone en faisant vieillir les vaches et en abaissant l’âge au vêlage.

Emmanuel et Félicia Pavis veulent encore réduire leur empreinte carbone et améliorer leurs résultats économiques.
Emmanuel et Félicia Pavis veulent encore réduire leur empreinte carbone et améliorer leurs résultats économiques.
© V. Bargain

En mars 2021, le Gaec du Tilleul, à Désertines en Mayenne, a réalisé un diagnostic Cap’2ER dans le cadre de France Carbon Agri. « Nous voulions encore nous améliorer au niveau économique et empreinte carbone, et notamment ne plus devoir acheter de foin ou de maïs bouchon comme nous le faisions pour l’hiver », soulignent Emmanuel et Félicia Pavis.

Le diagnostic a révélé une faible empreinte carbone, de 0,44 kg éq. CO2/l de lait corrigé, avec des émissions de gaz à effet de serre de 0,79 kg éq. CO2/l de lait corrigé et un stockage carbone de 0,35 kg éq. CO2/l de lait corrigé.

« Nous compensions donc 45 % de nos émissions, soulignent les éleveurs. Les marges de progrès sont limitées, mais nous pouvons encore nous améliorer. Nous avons choisi comme leviers d’abaisser le taux de renouvellement de 38 % à 20 %, et l’âge au vêlage de 28-30 mois à 26-28 mois. » L’objectif est de faire passer les émissions de 6 234 kg éq. CO2/ha à 5 200 kg éq. CO2/ha, soit de 0,79 kg éq. CO2/l lait corrigé à 0,71 kg éq. CO2/l.

Faire vieillir les vaches grâce à la monotraite

Une évolution importante a été le passage à la monotraite. « La monotraite a un impact appréciable sur le temps de travail, souligne Emmanuel. C’est aussi plus facile de trouver quelqu’un pour nous remplacer. Nous espérons que les vaches gardent plus d’état, soient plus fertiles et vieillissent mieux. » Huit mois après le début de la monotraite, la production est en baisse de 30 %, les vaches produisant en moyenne 5 000 l/VL. Mais les taux sont passés de 44 de TB et 35 de TP en novembre 2021 à 48,9 de TB et 36,9 de TP en novembre 2022.

« Il est trop tôt pour faire un bilan. Les vaches mangent 10 % de moins. Nous verrons sur le long terme les effets sur la reproduction et la longévité des vaches. »

Baisser l’âge au premier vêlage

 

 
Pour abaisser l’âge au vêlage, les éleveurs sont très attentifs à la croissance de 0 à 6 mois.
Pour abaisser l’âge au vêlage, les éleveurs sont très attentifs à la croissance de 0 à 6 mois. © V. Bargain

 

Pour abaisser l’âge au vêlage, les éleveurs sont très attentifs à la croissance de 0 à 6 mois. Les veaux sont élevés par des vaches nourrices, avec deux ou trois veaux par vache selon ses capacités, sur des prairies de qualité. « Les veaux ont une bonne immunité et la croissance est bonne. »

Les génisses sont ensuite élevées à part, toujours à l’herbe ou au foin en hiver, puis avec les vaches taries. La décision de mettre une génisse à la reproduction se fait essentiellement selon son âge, dès 15-16 mois sur les génisses les plus typées jersiaises.

Inséminer au meilleur moment

Un point important a aussi été que les éleveurs font désormais les inséminations eux-mêmes. « Emmanuel s’est formé à l’insémination et moi aux échographies, explique Félicia. Cela permet d’être plus réactif et évite l’entrée de pathogènes. Au moment des chaleurs, nous allons voir les génisses au pré deux ou trois fois par jour. Nous posons aussi des étiquettes collantes pour surveiller les chevauchements. » Les inséminations se font ainsi plus rapidement après la détection des chaleurs, avec moins de stress pour l’animal.

« Je fais ensuite des échographies à partir de 35 jours, ce qui permet là encore d’être plus réactif si la génisse n’est pas pleine. » Le taux de réussite est en moyenne de 70 % à la première IA sur les vaches, 20 % à la deuxième. « Je peux sans doute m’améliorer pour atteindre 80 % de réussite en première IA », estime Emmanuel.

Les éleveurs choisissent aussi plus soigneusement leur renouvellement en utilisant de la semence sexée sur le lot de printemps, le plus important, et sur le lot d’automne. Les autres vaches sont inséminées en croisement viande. « Notre objectif est de ne plus élever que douze à quatorze génisses par an, pour réduire le nombre d’animaux improductifs et ne plus devoir acheter de foin », précisent les éleveurs.

En 2022, Emmanuel et Félicia Pavis ont aussi fait installer des panneaux photovoltaïques sur la stabulation, qui produisent 8 000 à 9 000 kW par an, dont 50 % environ sont autoconsommés. Ils réfléchissent à utiliser en litière le bois déchiqueté issu de leurs haies pour remplacer les 15 tonnes par an de paille qu’ils achètent.

Fiche élevage

280 000 litres de lait produit

55 vaches croisées prim’Holstein, normande, jersiaise, montbéliarde et depuis peu kiwi (croisement Holstein x jersiaise).

Quasi exclusivement des prairies permanentes, 8 km de haies, 6 ha de bois

51 ha de prairies accessibles de la stabulation

Augmenter le temps de pâturage

Le pâturage est déjà très développé au Gaec du Tilleul. À son installation, la priorité pour Emmanuel Pavis a été de refaire 800 mètres de chemins, d’installer des clôtures et d’amener l’eau sur toutes les parcelles. Le choix du pâturage a aussi dicté les choix génétiques. « Nous recherchons des vaches robustes, ayant une grande capacité d’ingestion, des taux, de bonnes pattes et un petit gabarit pour ne pas abîmer les parcelles. »

Les 51 hectares de prairies sont divisés en paddock de 0,5 hectare et les animaux en quatre lots : vaches en lactation, vaches taries et génisses, génisses moyennes, vaches nourrices et veaux.

Chaque semaine, Félicia Pavis mesure la hauteur de l’herbe sur chaque paddock. « Nous faisons pâturer un paddock à partir de 3 t MS/ha, explique-t-elle. Les animaux restent 24 heures par paddock, avec un temps de retour de 18 jours à 70-80 jours selon la saison. » Chaque paddock a une entrée et une sortie et est équipé d’un abreuvoir pour deux paddocks.

Les éleveurs sont aussi attentifs aux rotations pour limiter le parasitisme. Le déprimage de printemps est assuré par les vaches, les génisses ne pâturent pas après les vaches nourrices et veaux, très excréteurs…

« Le facteur limitant ici est l’excès de pluie, car les sols sont argileux et humides, précise Emmanuel. Il y a par contre toujours de l’herbe, même en été. Nous avons aussi beaucoup de haies et de bois, qui font de l’ombre en été et peuvent abriter les vaches en hiver. »

Les éleveurs préfèrent aussi faire des stocks sur pieds plutôt que de récolter l’herbe pour la distribuer ensuite en foin. « En général, nous ne fauchons plus à partir d’août pour pâturer le plus tard possible. Cet été, nous avons fait pâturer 3 ou 4 hectares qui étaient destinés à la fauche, ce qui a permis de passer l’été. Puis, à l’automne, les vaches ont pu profiter de la pousse de l’herbe. Nous avons ainsi pu rester avec deux tiers d’herbe pâturée jusqu’en janvier. »

Le saviez-vous ?

Le Gaec du Tilleul, à Désertines, en Mayenne, est une des 38 fermes bio de la Coopérative d’Entrammes qui transforme une partie de son lait en fromage. Comme le prévoit le cahier des charges de la coopérative, le Gaec est en système tout herbe, avec le maximum de pâturage.

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