Quel équipement numérique pour mon exploitation laitière ?
Gagner du temps avec les outils numériques, c’est possible. Mais avant de se lancer, il faut bien cerner son besoin et trouver la technologie qui pourra y répondre.
Gagner du temps avec les outils numériques, c’est possible. Mais avant de se lancer, il faut bien cerner son besoin et trouver la technologie qui pourra y répondre.
Le numérique est déjà bien implanté en élevage laitier. 92 % des éleveurs laitiers sont équipés au moins d’un outil connecté, selon un récent sondage(1) d’Idele. « Le best-seller qui fonctionne très bien et est utilisé en routine dans les fermes laitières avec peu de problèmes, c’est le monitoring embarqué sur l’animal », témoigne Clément Allain, chef de projet Élevage de précision à l’Institut de l’élevage. Près de la moitié des exploitations laitières seraient équipées, et un quart envisagent de s’équiper à court ou moyen terme.
Pourquoi un tel engouement ? Ils répondent à deux objectifs : améliorer les performances de l’élevage et réduire le temps du travail. Pour ne pas être gadget, un outil numérique doit répondre à au moins l’une ou l’autre de ces promesses.
Ne pas demander la lune
« Avant de se lancer, il faut déjà se poser la question de ses besoins au sein de son système et en face, de ce qu’est capable de réaliser tel ou tel outil, abonde Corentin Leroux, expert agri-tech indépendant, fondateur d’Aspexit. Ce qui va fonctionner dans un cas ne marchera pas forcément sur une autre ferme. »
« L’écart de temps de travail observé est très différent pour une même technologie entre les exploitations », confirme Alice Berchoux, d’Idele.
Si l’intérêt du bmonitoring est aujourd’hui avéré, vérifier à chaque alerte qu’il a bien raison, ne fera pas gagner du temps. « Nous avons des contre-exemples en détection des chaleurs, où les éleveurs ne font pas pleinement confiance aux capteurs et finalement font deux fois le boulot. Il y a des cas aussi où la mise en route d’un robot de traite est chaotique », témoigne la conseillère qui coordonne le réseau thématique Systèmes laitiers high-tech/fermes connectées d’Inosys.
Au sein de ce réseau, « les retours d’expérience des outils numériques sont positifs. C’est parfois compliqué d’objectiver le gain de temps mais tous en ont gagné ».
Un site pour trouver l’outil de ses rêves
Le site Wiki Agri Tech ambitionne de recenser l’ensemble des outils numériques disponibles pour les agriculteurs. Collaborative et didactique, la plateforme permet de trouver l’outil qui correspond à son besoin et de noter les outils que l’on a déjà adoptés sur sa ferme. L’objectif des deux créateurs, Corentin Leroux et Alexandre Touraine, est d’« aider les agriculteurs à tirer profit des outils numériques à leur disposition ». « On veut centraliser l’existant, partager la connaissance et diffuser l’information au plus grand nombre. »
Cher et difficile d’utilisation
Prix, complexité d’utilisation et manque de confiance freinent l’adoption des outils numériques en élevage. « Il faut encore que les éleveurs s’approprient l’intérêt des nouvelles technologies pour créer une demande qui vient du terrain et une réponse adaptée », estime Julieta Contreras, consultante en agriculture numérique.
« Il y a beaucoup de craintes et d’incompréhension, admet Corentin Leroux, expert agri-tech indépendant. Mais il est aussi tout à fait possible de faire le choix éclairé et logique de ne pas les adopter. »
Xavier Boivin, éthologiste à Inrae
« Y a-t-il un risque de perte d’autonomie ? »
« Par rapport aux promesses que font les outils de monitoring, il paraît opportun que tout exploitant qui souhaite s’équiper fasse la correspondance avec ses attentes, qu’il en analyse les potentiels bénéfices et risques, la question de l’attractivité du métier étant essentielle.
Si on part du principe que le monitoring est un moyen de réduire le temps d’astreinte, alors comment je le mets à profit, qu’est-ce que je priorise ? Se pose également la question des compétences : si l’éleveur veut rester autonome, il doit être à l’aise avec l’informatique. En collectif, il faut également veiller à ce que l’ensemble des associés et salariés possèdent un socle commun minimum de compétences pour faire fonctionner le système. Il y a toute une logique organisationnelle à considérer, associant compétences et réalisation du travail.
Autre point à ne pas négliger, les systèmes d’alerte et la charge mentale supplémentaire générée. Ce n’est pas le nombre d’alertes qui compte mais la perception qu’on en a. »