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Jean-Marc Onno, coprésident de l'association des méthaniseurs de France : « Pour une méthanisation professionnelle d'excellence »

Jean-Marc Onno, coprésident, de l'AAMF, l'Association des agriculteurs méthaniseurs de France, défend une méthanisation qui reste un atelier de diversification en cohérence avec le système de production alimentaire.

Jean-Marc Onno, coprésident de l'AAMF.  © C. Pruilh
Jean-Marc Onno, coprésident de l'AAMF.
© C. Pruilh

Quel modèle défend l'AAMF ?

Jean-Marc Onno - « Nous n'avons pas attendu les attaques pour professionnaliser la méthanisation agricole et militer pour des projets vertueux. La méthanisation agricole à la française a dès le départ cherché à valoriser les effluents d'élevage, des déchets, et par la suite des intercultures. Aujourd'hui encore, de beaux projets émergent, en cogénération ou en injection, en petite méthanisation comme en collectif d'agriculteurs. Ils réalisent un cycle de vie vertueux entre production d'énergie, vie du sol, conduite de l'élevage, et vie du territoire. Nous défendons le modèle agricole par rapport au modèle industriel, c'est-à-dire une méthanisation qui reste une diversification complémentaire de la vocation vivrière. Les projets doivent produire de l'énergie, mais aussi conduire à une réduction des émissions de gaz à effet de serre, de l'usage des engrais minéraux, et des rejets d'ammoniac. »

Comment répondez-vous aux attaques ?

J.-M. O. - « Le premier travail de l'association a été d'améliorer la maîtrise technique des sites de méthanisation, et la sécurité des personnes et de l'environnement, par rapport au risque d'explosion, de fuite de gaz, de débordement de fosse... En 2014, nous avons édité avec Groupama un guide des bonnes pratiques. Nos recommandations étaient deux fois plus exigeantes que les normes allemandes, en terme de capteurs, alarmes...

Par rapport aux attaques des associations, il faut que nous fassions preuve de transparence. Même si l'unité n'est soumise qu'à déclaration, il faut que l'agriculteur soit informé de ses droits et devoirs et qu'il y ait un contrôle de l'administration. Et il faut aller voir ses voisins en amont pour parler de son projet.

Pour éviter les déconvenues liées à une déficience du constructeur, nous avons participé à la mise en place du label Qualimétha, en cours de déploiement auprès des constructeurs.

Nous avons établi une charte AAMF, signée par les ministres de l'Agriculture et de l'Écologie. La charte reprend des points règlementaires et exige une formation continue, au moins une fois par an, des membres de l'AAMF. L'idée est de préparer aux contrôles de l'administration, de sécuriser les sites, et de veiller au caractère vertueux de la méthanisation. La charte stipule aussi que les sites doivent s'ouvrir au grand public au moins tous les deux ans. »

Combien d'unités sont chartées ?

J.-M. O. - « Cette charte a été discutée avec deux organismes certificateurs indépendants, qui auditent les unités de méthanisation membres de l'AAMF. L'association s'est donné les moyens d'avoir des agriculteurs référents charte, qui aident les autres agriculteurs à se mettre en conformité. Aujourd'hui, 85 sites ont été audités sur les 225 unités adhérentes en activité. Sur ces 85 sites, une quarantaine sont conformes à la charte. L'autre moitié travaille pour être chartée au second audit. Notre objectif est que tous les sites AAMF soient audités pour mi-2021, et que 100 % des sites soient chartés fin 2021. »

Êtes-vous inquiet de l'afflux des projets ?

J.-M. O. - « Depuis un an et demi, un grand nombre de nouveaux projets dépasse le raisonnable, avec des gens qui se lancent sans formation, en n'ayant fait que deux visites... Il y a des sites qui vont bientôt démarrer et qui sont déjà fragiles. Les coûts d'investissement n'ont pas pu être maîtrisés, car il y avait beaucoup de porteurs de projet pressés qui n'ont pas fait jouer la concurrence. Ils n'ont pas sécurisé leurs approvisionnements et risquent donc d'avoir des coûts de production trop élevés, de mal maîtriser leur ration et donc d'amputer leur recette de vente d'énergie. »
 
L'AAMF compte 320 adhérents, dont 225 sont des unités en fonctionnement et les autres sont en projet.

L'importance de la formation

L'AAMF organise beaucoup de formations (sécurité, maîtrise de la « digestion », valorisation du digestat, du bon usage des Cive...) et de transfert de compétences entre les agriculteurs qui ont de l'expérience et ceux en projet. En Bretagne, avec la chambre d'agriculture et l'association Aile, l'AAMF organise sept jours de formation théorique et de visites, et des demi-journées chez des pionniers pour bénéficier de leurs retours d'expérience.

 

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