On peut faire carrière dans l’AOP saint-nectaire !
La filière saint-nectaire manque de bras aussi bien dans les exploitations qu’en entreprises. Depuis deux ans, elle se mobilise pour répondre aux besoins de salariés et renouveler les générations de producteurs.
La filière saint-nectaire manque de bras aussi bien dans les exploitations qu’en entreprises. Depuis deux ans, elle se mobilise pour répondre aux besoins de salariés et renouveler les générations de producteurs.
La courbe est un véritable défi pour la filière saint-nectaire. Depuis 2010, elle a perdu 45 % des exploitations qui livrent du lait pour l’AOP. À tel point que la pénurie guette. Au 1er janvier dernier, elle ne comptait plus que 284 livreurs pour un volume de 62 millions de litres (contre 524 livreurs et 87 millions de litres en 2010). En face, le marché du saint-nectaire tend à croître de 1 à 1,5 % par an. Surtout, avec quelque 60 millions de litres transformés en saint-nectaire laitier, le marché absorbe aujourd’hui la quasi-totalité du lait livré. À côté de la filière laitière, il y a 200 producteurs de saint-nectaire fermier qui, eux, maintiennent effectif et production. Une étude des chambres d’agriculture a montré que, dans 37 % des fermes laitières, le chef d’exploitation ou le plus jeune des associés a plus de 55 ans et que la moitié d’entre elles n’ont pas de successeur connu. D’ici à 2025, ce serait 9 millions de litres supplémentaires qui disparaîtraient. Les entreprises ne pourraient plus tenir leurs marchés. Dans son récent plan stratégique, la filière a donc inscrit parmi les priorités la pérennisation voire l’augmentation des volumes de lait destinés à la transformation par les entreprises (objectif de 68 millions de litres). Pour cela, il faudrait installer d’ici à 2025 quelque 50 à 55 nouveaux producteurs (8 à 10 par an) avec un volume moyen de 280 000 litres.
Un prix du lait rémunérateur à 400-420 €/1000 litres
L’heure est donc au recrutement de nouveaux producteurs mais aussi de salariés. Quelque 40 postes de salariés sont à pourvoir dans les exploitations et les entreprises. L’interprofession du saint-nectaire (ISN) a déployé une campagne de communication d’envergure et originale en direction des établissements d’enseignement agricoles et des réseaux sociaux ciblant de jeunes publics. « L’idée est de commencer par un stage pour les immerger dans le milieu et leur montrer les perspectives d’emploi, puis, dans un second temps, de leur donner la possibilité de devenir salarié et, dans une troisième étape, de s’installer », explique François Peyroux, conseiller de développement à l’ISN. Bref, montrer qu’on peut faire carrière dans l’appellation saint-nectaire. L’AOP ne manque pas d’argument dans ce sens : un marché robuste et en croissance, un prix du lait rémunérateur et peu volatil (400 - 420 €/1000 l), un plan stratégique à 10 ans avec de nombreuses actions structurantes, un mode de production en phase avec les attentes sociétales…
Les acteurs de la filière ont accueilli des candidats lors du dernier salon de l’agriculture à Paris. Quatre jeunes ont ensuite été invités à venir découvrir des exploitations laitières de la zone saint-nectaire et à échanger avec de futurs cédants ou des producteurs en recherche d’associés. Si rien n’est encore concrétisé, des études sont en cours avec les chambres d’agriculture pour évaluer la viabilité des projets. Au dernier Sommet de l’élevage, l’ISN a organisé un job dating (pré-entretien d’embauche) pour recruter les 40 salariés (25 en exploitations, 15 en entreprises). Une quinzaine de candidats véritablement intéressés ont été reçus. Des actions de formation sont menées aussi avec Pôle Emploi. Cette mobilisation va se poursuivre en espérant que candidats à une carrière dans l’élevage laitier et futurs cédants soient persuadés qu’il y a de l’avenir dans la filière saint-nectaire.
Différer la reprise du foncier
Le foncier peut être un frein à la reprise d’exploitations laitières. L’idée est de différer l’achat en incitant les cédants à préférer dans un premier temps la location du foncier tout en sécurisant le paiement des loyers. L’interprofession envisage aussi la création d’un fonds d’investissement à l’échelle de l’appellation abondé par des entreprises de la filière ou hors filière et des banques pour financer le foncier.