Outils numériques : des projets prometteurs en santé animale à moyen terme
Développer les usages d’outils numériques au service de la santé animale permettrait de faciliter le travail, de mieux repérer certaines pathologies ou d'améliorer la prise en charge vétérinaire. Mais il y a encore peu d’usages concrets en élevage.
Développer les usages d’outils numériques au service de la santé animale permettrait de faciliter le travail, de mieux repérer certaines pathologies ou d'améliorer la prise en charge vétérinaire. Mais il y a encore peu d’usages concrets en élevage.
« Le suivi de la santé via des outils numériques est compliqué, car la décision à prendre ensuite est complexe », plante Clément Allain, chef de projet Élevage de précision à l’Institut de l’élevage. Les nombreux capteurs que l’on trouve désormais en élevage génèrent un très grand nombre de données, mais leur interprétation par « une machine » est difficile.
Une hausse de la température, une baisse de la rumination ou de l’ingestion ne sont pas spécifiques d’un trouble particulier. « Il y a un problème, mais qu’est ce qui se cache derrière ? Quel est le degré de gravité ? Les outils actuels ne permettent pas d’y répondre », explique-t-il.
Utiliser les données pour une intervention plus rapide du vétérinaire
La télésurveillance consiste en l’utilisation des données d’élevage pour surveiller la santé du troupeau. « L’objectif est d’offrir aux vétérinaires des données interprétables. Il y a un potentiel important d’échange et de montée en gamme dans la relation éleveur-vétérinaire », estime Thomas Huneau, responsable d’exploitation à Derval.
Les nouvelles technologies peuvent être un argument pour attirer de jeunes vétérinaires en rural. La télé-expertise, entre deux vétérinaires – l’un en exploitation, l’autre à distance –, pourrait permettre de lever un frein à certaines vocations en réassurant les jeunes vétérinaires diplômés quand ils arrivent sur le terrain. « C’est, pour eux, un frein pour faire de la rurale », témoigne Lucile Lefèvre, responsable du projet 5G4AGRI à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. La télé-expertise, qui permet de solliciter l’avis d’un confrère à distance est également testée en Île-de-France pour remédier au manque de vétérinaires compétents en élevage dans cette région.
Pas encore de cadre réglementaire pour la téléconsultation vétérinaire
La téléconsultation est la consultation à distance par le vétérinaire, l’agriculteur étant, lui, seul dans sa ferme. Malgré une expérimentation récente, elle n’est pour l’instant pas légale. L’école vétérinaire de Nantes a expérimenté, dans le cadre du projet 5G4AGRI, des lunettes connectées, pour savoir si elles permettent un bon diagnostic à distance. « Nous allons essayer avec un téléphone mobile, car il est plus réaliste de penser que ce sera l’outil dont disposeront les éleveurs », pose Lucile Lefèvre.
La détection des boiteries demande encore un peu de recherche
Une prise en charge plus rapide des boiteries, c'est de plus grandes chances de guérison, des coûts réduits et moins de travail. Les nouvelles technologies peuvent-elles permettre de les détecter ? C’est encore expérimental mais prometteur. « L’humain reste le standard pour évaluer les boiteries », concluait William Davy, vétérinaire pédicure en Belgique lors des rencontres Bov’idée 2024.
Il a étudié l’intérêt de la thermographie en partant du principe que des pattes avec des lésions présentent des températures plus élevées, mais les résultats sont très mitigés.
La piste du monitoring semble plus encourageante, mais pas encore tout à fait opérationnelle. Bolus ruminaux et caméras intelligentes enregistrent de nombreuses données d’activité et de rumination corrélées aux boiteries. Reste encore à établir un algorithme pour passer à la détection automatique. Côté colliers, « les résultats ne sont pas probants », explique le pareur. Il faudrait notamment qu’ils soient équipés de puissances plus importantes mais au détriment de la longévité de la batterie, ce qui ne les rend pas adaptés pour un usage quotidien en élevage.
Au Royaume-Uni, des analyses d’urines ont été effectuées sur marqueurs métaboliques. « La prédiction des boiteries atteint 80 % », se félicite William Davy. Si le prélèvement individuel d’urine n’est pas envisageable, les mêmes analyses sur le lait au travers de compteurs à lait pourraient apporter une solution pour une mise en application à la ferme.