Nuisibles : « dans les élevages et dans les stockages, il y a un peu le feu à la maison »
La chambre syndicale 3D regroupe les entreprises du secteur de la désinsectisation, dératisation et désinfection. Ce 16 juin, elle a organisé une visio-conférence pour réclamer une meilleure reconnaissance de la part des pouvoirs publics et une meilleure prise en compte de leurs besoins face à l’évolution des nuisibles et des moyens de lutte.
La chambre syndicale 3D regroupe les entreprises du secteur de la désinsectisation, dératisation et désinfection. Ce 16 juin, elle a organisé une visio-conférence pour réclamer une meilleure reconnaissance de la part des pouvoirs publics et une meilleure prise en compte de leurs besoins face à l’évolution des nuisibles et des moyens de lutte.
La CS3D, la chambre syndicale référente pour l’ensemble des métiers de la désinsectisation, dératisation et désinfection. A l'occasion de la Journée mondiale contre les nuisibles, elle a organisé ce 16 juin une conférence de presse en visioconférence. Cette prise de parole avait pour objectif de rappeler les grands enjeux des métiers des 3D. La chambre syndicale, qui va fêter ses 75 ans cette année, regroupe « les principaux acteurs de l’hygiène en France », dit en préambule Patrick Gravey, président de la chambre syndicale. Elle rassemble aujourd’hui 1200 entreprises qui représentent 80 % du marché avec près de 12 000 salariés.
Expertises diverses
Les domaines d’intervention sont très vastes, dans les lieux recevant du public (restauration, éducation, culture…), dans les maisons et copropriétés… « C’est un métier très large, avec des expertises diverses », observe le président. L’agriculture et l’agroalimentaire sont aussi concernés par les services des 3D. Il y a par exemple des spécialistes dans l’éloignement des volatiles, des spécialistes dans le traitement des denrées.
Dans le domaine agricole, « on est soumis à des pressions différentes », indique Stéphane Bras, porte-parole de la CS3D. Il y a notamment une « vraie prolifération de campagnols », en particulier sur les jachères. Une « forte inquiétude » pour la chambre syndicale. Dans les terrains infestés, il y a des cas d’équidés ou de bovins qui se cassent les jambes. Autre souci important évoqué : la lutte contre les insectes des produits stockés (IPS) et la protection des lieux de stockage des denrées alimentaires. « On doit piloter en trouvant des solutions au cas par cas », indique le porte-parole.
Participer à l’élaboration des réglementations
« Dans les élevages et dans les stockages, il y a un peu le feu à la maison », lance le porte-parole, « mais quand on parle nuisibles, on est rarement mis dans la boucle ». Les professionnels estiment pourtant avoir une vraie qualité de conseil. Ils demandent donc une meilleure reconnaissance des instances gouvernementales et se disent « prêts à s’investir avec les pouvoirs publics ». La chambre syndicale souhaiterait être « plus consultée dans l’élaboration des réglementations ». Le futur décret concernant les désinfectants est un des sujets sur lesquels elle souhaite pouvoir s’exprimer. Elle demande que tous les désinfectants soient reconnus comme biocides.
« On est le parent pauvre dans la chaîne sanitaire ».
Moins de biocides nécessite plus de contrôles et plus de prévention
Un autre sujet de préoccupation de la CS3D est la réduction des biocides disponibles. « Les traitements qui ont été pratiqués pendant longtemps étaient efficaces mais représentaient un certain nombre de dangers pour la santé publique », reconnaît le Dr vétérinaire Jean-Michel Michaux, fondateur de l’Istav (Institut scientifique et technique de l’animal en ville). Le nombre de produits disponibles est de plus en plus limité. Pour s’adapter à cette évolution, la chambre syndicale réclame plus de contrôles sous forme d’audits dans les locaux et plus de prévention. Face à la punaise de lit, face au moustique tigre, face aux rats des villes et à la progression d’autres nuisibles, la solution c’est l’anticipation. « Il y a des méthodes simples, on a des solutions, mais nos compétences ne sont pas reconnues », déplore le porte-parole. « On est le parent pauvre dans la chaîne sanitaire ».
Besoin important de main d’œuvre et de formation
Face à l’augmentation des nuisibles et des nuisants, la profession est en déficit de main d’œuvre. Elle offre une large palette de métiers, de l’opérateur au biologiste en passant par le technico-commercial, mais est confrontée à une crise des vocations et une difficulté de recruter. Pour autant, la chambre syndicale assure qu’elle peut offrir aux personnes motivées « un bon maintien dans l’emploi et des possibilités d’évolution ».
Patrick Gravey souligne aussi le déficit actuel de formation. La profession a besoin de certification et de qualification professionnelle « pour valoriser les gens qui rentrent dans le métier ». Il assure que la filière est prête à augmenter le niveau de ses collaborateurs mais actuellement « on est un peu bridés parce que c’est un statut qui n’est pas reconnu » affirme le président.
De grands défis à relever
La chambre syndicale observe des demandes d’intervention en augmentation. Le réchauffement climatique est une des raisons qui explique ce phénomène. « On le constate d’une manière empirique », commente Patrick Gravey. « De nouveaux nuisibles qui se sont habitués à nos latitudes s’installent ». Et la baisse des populations de nuisibles en période hivernale est « moindre qu’il y a 10 ans », constate le président. « C’est particulièrement vrai pour le moustique tigre, » précise Jean-Michel Michaux.
« On a des grands défis à relever », assure Stéphane Bras. Aujourd’hui, les grands enjeux des métiers des 3D ne relèvent plus de l’élimination mais de la gestion du risque. D’où cette mise au point en forme d’alerte de la CS3D.
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