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Organisation du travail
Moins radical que la monotraite, réduire l´intervalle entre deux traites fait perdre peu de lait

D´après des essais menés par l´Inra et l´Enita de Clermont-Ferrand, un écart de cinq heures entre les deux traites de la journée entraîne une baisse de la production de 5 à 10 % selon le stade de lactation.


La traite constitue la principale astreinte sur un élevage laitier. Son allègement n´est pas simple, puisqu´elle a classiquement lieu aux deux extrémités de la journée. La monotraite a déjà fait quelques adeptes, mais au prix d´une diminution de la production de 25 %. Sans aller aussi loin, le rapprochement de l´intervalle entre les deux traites quotidiennes apparaît aussi comme une solution possible pour assouplir son emploi du temps. D´après une série d´essais réalisés par l´Inra et l´Enita de Clermont-Ferrand, qui sera prochainement présentée aux journées 3R, cette pratique ne pénalise pas outre mesure le niveau de production laitière.
Trois essais ont été réalisés.

Les deux premiers ont été effectués après le pic de lactation, sur une durée de trois semaines. A chaque fois, quatre traitements ont été comparés : trois rythmes de traite biquotidiennes avec un écarts de 11 h, 7 h et 3 h pour le premier essai (et des écarts de 11 h, 5 h, et 2 h 30 pour le second essai), ainsi que la monotraite. Ces deux essais comportaient respectivement 20 et 28 vaches de race Prim´Holstein et Montbéliarde. « En phase descendante de lactation, si l´écart entre deux traites ne descend pas au-dessous de 5 h, la quantité journalière de lait produite diminue d´environ 5 %, avance Bernard Rémond de l´Enita de Clermont-Ferrand. En deçà, la baisse de production s´accentue. Elle s´élève à 28 % pour le lot en monotraite. » Ramené aux deux traites de la journée, le TB, le TP et les cellules ont peu varié entre les différents lots traits deux fois par jour. Toutefois, l´absence de variation du TB du lait de la journée masque de fortes variations entre les différentes traites. « Il est passé de 33 à 60 g/kg lorsque l´intervalle entre les traites est passé de 13 à 3 h. » Le TP du lait de traite, quant à lui, n´a pas beaucoup varié.
Rapprocher les deux traites de la journée peut donner plus de souplesse aux jeunes mères de famille, tenues par les horaires scolaires. ©S. Randé

On perd plus de lait avant le pic de lactation
Un troisième essai a été mené, mais cette fois dès la deuxième semaine de lactation. Il a duré plus longtemps (24 semaines) que les essais précédents et porté sur un nombre plus élevé d´animaux (35 vaches Prim´Holstein dont 11 primipares). Les vaches ont été réparties en trois lots semblables : un lot trait deux fois par jour avec un écart de 10 h (témoin), un lot trait deux fois par jour avec un écart de 5 h, et un lot trait une seule fois par jour. « Nous avons observé une diminution du lait produit par jour de l´ordre de 10 %, soit deux fois plus qu´en phase descendante de lactation, relève Dominique Pomiès, de l´Inra d´Orcival. Ces résultats concordent d´ailleurs avec ceux observés dans d´autres essais consacrés à la monotraite. En phase ascendante de la lactation, les pertes s´élèvent à 35-40 %, contre 20-30 % en phase descendante. »
Le rapprochement des écarts de traite a surtout modifié la teneur du lait journalier en matières grasses. Le TB est en effet passé de 37 à 40,7 g/kg pour le lot 5 h. L´impact sur le TP et les cellules par contre s´est révélé moindre. D´autre part, la réduction de l´intervalle entre les traites à moins de huit heures accentue la sensibilité du lait à la lipolyse. Dans l´essai, celle-ci est passée de 0,24 (lot 10 h) à 0,30 meq d´acides gras libres pour 100 g de matière grasse (soit une augmentation de 25 %) pour le lot 5 h, sans atteindre toutefois le seuil de pénalité (0,89 meq). Pas de différence en revanche entre ces deux lots sur les quantités ingérées et l´état corporel.
Le TB augmente, le TP est stable
Moins radicale que le passage à la monotraite, et moins onéreuse que le recours au robot, cette solution ne diminue pas le temps de traite, mais elle en réduit le caractère astreignant. Elle peut apporter plus de souplesse aux jeunes mères ou aux éleveurs qui travaillent seuls de façon à mieux concilier organisation du travail et vie de famille. Elle présente aussi un intérêt ponctuel en période de pointe pour laisser davantage le champ libre aux travaux de saison. De plus, cette pratique ne nécessite aucune modification du système d´élevage et rien n´empêche les éleveurs qui l´adoptent de revenir facilement en arrière. « Après retour à un écart entre traites de 10 h, nous n´avons observé aucune différence entre les lots traits deux fois par jour », concluent les auteurs des essais.

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