Les éleveurs frontaliers changeront-ils de laiterie ?
Les démarchages de Hollandais et de Belges vont bon train depuis plusieurs mois dans les régions frontalières françaises.
Les démarchages de Hollandais et de Belges vont bon train depuis plusieurs mois dans les régions frontalières françaises.
« Ils prospectent même jusqu’en Normandie et en Île de France », indiquent des éleveurs contactés du Grand Est et des Hauts de France. Nos voisins hollandais et belges cherchent soit des contrats de lait, soit à reprendre en direct des producteurs de lait.
Malgré le rebond de la collecte depuis cet été, les laiteries belges et néerlandaises manquent de lait. Aux Pays-Bas, avec les pressions environnementales, le cheptel a baissé depuis 2019 et la collecte depuis 2021. Ce n’est pas près de s’arranger, vu le projet du gouvernement de réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment via une réduction du cheptel bovin. « Les industriels hollandais prospectent en Belgique. Et les Belges à leur tour prospectent plus au sud, en France, développent trois éleveurs contactés en Belgique et dans les Hauts de France. C’est une concurrence très positive pour les éleveurs. »
Des prix du lait alléchants, mais…
Cela ouvre la possibilité de changer de laiterie. Ces éleveurs nous confient qu’aujourd’hui, quand Danone France paye 405 €/1 000 l de prix de base, c’est plutôt 550 € de l’autre côté de la frontière. Et quand Lactalis peine à monter le prix en France, son prix belge est au niveau de celui d’Arla. Voilà qui permet aux Belges de courtiser les Français. Mais combien se lanceront dans l’aventure ? Les prix de nos voisins nordiques sont plus volatils. Or, les Français ont jusqu’à présent préféré les formules de prix stables quand on leur laissait le choix (c'était le cas en 2016 pour les éleveurs travaillant avec Danone). Autre argument : les laiteries belges laissent produire ce qu’ils veulent à leurs adhérents, sans prix différenciés. L’histoire dira si beaucoup d’éleveurs français franchiront le pas.