« Les coproduits sont une chance à ne pas laisser filer, pour nous éleveurs »
Gros consommateur de coproduits pour ses 150 hautes productrices, le Gaec Urban dans le Bas-Rhin mise sur un approvisionnement régulier pour se garantir l'accès à ces matières premières ainsi qu'un tarif préférentiel.
Gros consommateur de coproduits pour ses 150 hautes productrices, le Gaec Urban dans le Bas-Rhin mise sur un approvisionnement régulier pour se garantir l'accès à ces matières premières ainsi qu'un tarif préférentiel.
« Les coproduits sont parfois considérés comme des produits bas de gamme, voire des déchets, alors qu’au contraire ils constituent une réelle opportunité », considère Denis Urban, associé dans un Gaec produisant 1,6 millions de litres avec 150 laitières à 11 500 kg, dans le Bas-Rhin. Les coproduits représentent 40 % de ce que consomment les vaches, conduites en zéro pâturage avec la même ration toute l’année. Entre les pulpes surpressées de betteraves et le mélange de coproduits humides(1) réalisé par Pollen, le Gaec recourt à 1 000 tonnes de coproduits par an.
« Depuis une dizaine d’années, nous préférons rationnaliser et simplifier le système d’alimentation avec des coproduits plutôt que miser sur l’herbe qui amène trop d’incertitudes et de fluctuations en quantité et en qualité, considère Denis. Cela me paraît la solution plus simple et la plus cohérente chez nous. » D’autant que toutes les usines -sucrerie, amidonnerie, usine de trituration, brasserie- se situent à moins de 40 km de l’exploitation. « Ces ressources locales sont une chance. Nous aurions tort de nous en priver alors que leur intérêt nutritionnel est démontré et donne de bonnes performances. » C’est d’ailleurs la complémentarité des pulpes avec le maïs ensilage, pilier de la ration, qui pousse le Gaec à maintenir la betterave dans l’assolement, en dépit de fortes contraintes de culture. « Sans quoi, leur approvisionnement ne serait pas certain. »
Former un groupement d’achat indépendant
L’intérêt économique des coproduits plaide aussi en leur faveur mais « nous sommes face à un marché qui devient spéculatif. La disponibilité et le prix deviennent de véritables enjeux, regrette Denis. C’est frustrant en tant qu’acheteur de longue date de voir les prix augmenter avec une demande croissante des unités de méthanisation. » C’est pourquoi, le Gaec s’est engagé au sein d’un collectif d’éleveurs, réunis au sein du GIE des éleveurs de l’Est, pour continuer à accéder en direct aux drêches de brasserie et être en mesure de négocier auprès des industriels à un tarif préférentiel. « En jouant la carte du collectif et en contractualisant des volumes, nous réussissons à faire entendre notre voix et sécuriser nos approvisionnements. »